En découdreavec les idées reçues. Confronter ses propres démons. Bousculer les conventions, sortir de la mêlée pour capter la lumière, avoir le droit au bonheur. En découdre est le combat épique de celui qui est différent, mais qui lutte avec courage et vaillance.
Après leur collaboration fructueuse qui a donné naissance à S’embrasent (Théâtre Bluff), spectacle pour public adolescent qui a connu un immense succès à sa création en 2009, Eric Jean et l’auteur français Luc Tartar se retrouvent à nouveau, cette fois-ci sur la scène du Quat’Sous.
Scénographie Pierre-Étienne Locas
Costumes Cynthia St-Gelais
Éclairages Martin Sirois
Musique originale Vincent Letellier
Assistance à la musique Olivier Gaudet-Savard
Coiffures et maquillages Angelo Barsetti
Assistance à la mise en scène Annie Beaudoin
Régie Annie Beaudoin et Olivier Gaudet-Savard
Stagiaire à la mise en scène Germain Pitre
Musique - extraits de
Bird Gherl de Anthony and the Johnson
Solar System de Daft Punk
No surprises de Radiohead
Young and Tragic de Dead man’s Bones
Concerning the UFO de Sufjan Stevens
The Boy in the Bubble de Peter Gabriel
10:10 (The beloved one) de Eyvind Kang
Venez célébrer le printemps tout en appuyant la Fondation du Dr Julien, le vendredi 6 mai entre 17 h et 19 h au Théâtre de Quat'Sous.
L'occasion de rencontrer de Dr Gilles Julien et les membres de son équipe, tout en savourant un grilled-cheese concocté par Rosalie Julien, comédienne et fille de Gilles Julien. Au menu, carré blanc, fromage Caprini 100 % chèvre, poivrons rouges grillés, tapenade d'olives noires, roquette, ciboulette et basilic. Le tout accompagné d'olives Kalamata.
Tous les profits de la vente des grilled-cheese seront versés à la fondation. De plus, des enfants du quartier Côte-des-Neiges offriront un court atelier théâtral sous la direction de Marika Lhoumeau. Le tout sera suivi par la représentation de la pièce EN DÉCOUDRE, qui débutera à 19h.
Faites vite ! Il ne reste que quelques billets.
Merci à Première Moisson et à la Fromagerie Atwater pour leurs généreuses contributions.
Réservations : 514-845-7277
Une production du Théâtre de Quat'Sous
par Daphné Bathalon
Pour ces dernières créations Chambre(s) et S’embrasent, Éric Jean nous avait conviés à un véritable feu d’artifices visuels. En découdre en offre à son tour un bouquet impressionnant. Métissage de théâtre, danse, jeu choral, poésie et art visuel, le spectacle, qui clôt la saison 2010-2011 du Quat’sous, exige une attention soutenue du spectateur. Pendant une heure intense, celui-ci est stimulé tant par le texte, un brin abscons, que par la musique et la lumière.
À l’intérieur d’une boîte faite de tuiles noires, une silhouette prostrée : la jeune fille vient d’apprendre qu’elle est atteinte de schizophrénie. À partir de ce moment, son identité se déconstruit, elle perd jusqu’à son nom, et bien qu’on tente de l’aider, personne autour d’elle ne peut le lui redonner. Une fin du monde très personnelle, intime. La boîte noire, une scénographie de Pierre-Étienne Locas, confine le regard du spectateur et l’invite à demeurer là pour vivre cet instant charnière où la femme partage avec nous ses réactions à l’annonce de sa maladie.
Le texte de Luc Tartar, une commande d’Éric Jean pour parler de la schizophrénie, est empreint de poésie. Chaque réplique est une image, une pensée, bien plus qu’une tentative de dialogue. Le personnage central, cette jeune fille blessée au coeur de son être, transforme ses émotions en mots et nous les transmet comme autant de fleurs. Cette écriture particulière, dont le metteur en scène dit qu’elle permet d’entrer à l’intérieur du personnage, laisse le spectateur tisser des liens entre les idées et les images évoquées, plutôt que d’en imposer une interprétation. C’est à la fois une force et une faiblesse, car on peine à tout retenir : on butine d’une réflexion percutante à une image accrocheuse, et nos sens sont rapidement saturés. Ainsi, la trame décousue ne nous amène vers aucune émotion particulière.
Récemment diplômée de l’École nationale de théâtre, Catherine Audet met pourtant toute sa candeur au service de son personnage fragile. Toutefois, l’absence de dialogue crée une dynamique singulière à laquelle il est difficile de demeurer accroché. À ses côtés, trois archétypes : la mère, le père et le témoin parlent en chœur, ils sont les voix dans l’esprit de la fille sans nom et les 12 377 habitants qui l’observent sans pouvoir l’aider. Eux non plus ne parviennent pas à nous ébranler, à nous faire croire au combat intérieur auquel on assiste.
Beaucoup plus efficace est le dédoublement de personnages par des danseurs. Il crée enfin l’impact attendu. Simon-Xavier Lefebvre et Aude Rioland dansent sur scène : ils dansent le trouble de la jeune fille sans nom et dansent un tourbillon d’émotions que le ton plus monocorde des comédiens ne transmet pas. Il y a là une force de frappe plus grande, dans cette séparation entre paroles neutres et gestes désordonnés, tantôt doux, tantôt brutaux.
À la mise en scène, tout comme il l’avait fait pour Chambre(s), Éric Jean a créé une bande sonore immersive. C’est sans doute là la plus grande réussite du spectacle. Servie par une régie impeccable, l’ambiance sonore signée Vincent Letellier, enveloppe le public. On y plonge sans retenue, se laissant bercer par les belles mélodies. Soulignons d’ailleurs la qualité de son exceptionnelle du spectacle. Bien peu souvent avons-nous droit au théâtre à une acoustique aussi bonne.
Malgré sa grande et grave beauté, En découdre échoue à nous transmettre tout le drame vécu par la jeune femme sans nom. On y admire la poésie, les effets visuels et sonores, on se sent invités à prendre part à cette exploration intérieure, mais on est vite étourdis par l’abondance d’images et de musique.