C'est l'histoire d'un morceau de maison déposé sur une scène de théâtre. Des fragments de vies, de rêves et de fantasmes l'habitent. Sept personnages, sept histoires s'y déploient, se répondent, s'entrecroisent et s'interpellent.
Emovere, c'est l'acte de mettre en mouvement, de faire naître, d'émouvoir.
Emovere, c'est surtout la liberté de création, le vertige d'inventer à partir du vide…
Emovere explore les thèmes de l'identité, du legs, de l’enfance et de la mort. Ce spectacle théâtral, tissé de poésie, teinté de musique et de danse, est le résultat d’une démarche de création unique à Eric Jean. Il a ainsi convié les acteurs dans une luxueuse chambre d’hôtel du centre-ville, où ils se sont livrés devant la caméra. Dans une séance d’improvisation à mi-chemin entre le témoignage et l’invention pure, ils ont répondu à quelques questions : Qu'avez-vous reçu de ceux qui vous ont précédés ? Que souhaitez-vous laisser, à votre tour, comme héritage?
Ensuite, artistes et concepteurs se sont retrouvés pour improviser à partir de thèmes choisis et de bribes de récits, afin que jaillisse le spectacle. Lorsque ce processus exploratoire fut complété, Eric Jean et Pascal Chevarie ont orchestré la dramaturgie de l’œuvre, en développant sept trames narratives qui ont pris vie dans une mystérieuse maison.
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Scénographie Pierre-Etienne Locas
Costumes Cynthia St-Gelais
Éclairages Martin Sirois
Musique Vincent Letellier
Une production du Théâtre de Quat'Sous
par l'équipe de MonTheatre
Le cycle de « l’écriture vivante » se poursuit chez Éric Jean, directeur du Quat’sous, où la pièce Emovere est montée, après Hippocampe et Chambre(s). Le metteur en scène en a même fait une méthode de création, basée sur l’improvisation et la déconstruction narrative, ayant un lieu déterminé pour trame principale. Dans Emovere, c’est Pompéi qui est nommée comme image de fond, alors que l’on retrouve sept personnages dans une demeure à moitié démolie.
Toujours dans le principe de l’« écriture vivante », Éric Jean a proposé les thèmes de l’identité, du legs de l’enfance et de la mort pour tisser une première trame, aux côtés du dramaturge Pascal Chevarie, ce sur quoi le jeu à pris forme, bien enraciné dans la recherche en amont, par le biais de l’impro.
La multidisciplinarité s’ajoute à ces contraintes, censées libérer la structure et le contenu de la pièce. Se côtoient la danse, le chant, le théâtre et la poésie. Pour assurer une telle polyvalence, des interprètes diversifiés : par exemple, Jasmine Bee Jee, comédienne, chanteuse et musicienne qui possède une voix à faire trembler son spectateur. S’embrassent au creux de sa voix dense, le néo-soul, le jazz et la pop. C’est ce qu’on peut appeler une confrontation harmonieuse et troublante, entre la poésie et le théâtre.
Les passages de danse fonctionnent moins bien, la forme manquant de désinvolture par rapport à la suggestion de départ de la pièce. La danseuse Aude Rioland, nouvellement comédienne (2010) s’investit, mais manque d’aplomb lorsque le théâtre refait surface. La pièce se voulant impressionniste, les couches d’interprétation inégales brisent l’harmonie suggérée.
Néanmoins, la proposition est inspirante et le décor est bien mis en valeur par la lumière et exploité à sa juste valeur par les acteurs.
Le mélange de réalité/fiction, une autre consigne du metteur en scène pour libérer l’écriture, donne une présence vibrante, certains interprètes s’engageant avec force et fragilité dans le récit. À noter, la prestation enlevante de Marie-Hélène Thibault qui maîtrise la dérision et les émotions plus denses avec la même rigueur, dénotant d’une belle sensibilité.
Emovere est une plongée dans les souvenirs de l’autre qui se rapproche de l’ivresse, d’où naît une mosaïque pleine d’humanité.