Gaëtan cet homme en morceaux, énigmatique et coloré gardien de nuit au Musée National, vivra dans le silence de ses nuits en compagnie de Chet Baker, Hermann Hesse, Auguste Renoir, Louis-Cristobal Gauthier et Soeur Yvette Saint-Sauveur, des éblouissements de Beauté, qui lui révéleront de lumineux et incroyables secrets.
GAËTAN (pièces à assembler à la maison) proposera une incursion dans le monde unique de Marcel Pomerlo. Bercée par la musique, l'oeuvre explore l'art et la littérature en traitant de l'abandon, du rejet, de la beauté, et de l'ardent désir de découvrir ses origines. Cette deuxième création solo de Marcel Pomerlo poursuit le travail amorcé en 2002 par L'INOUBLIÉ ou Marcel Pomme-dans-l'eau : un récit-fleuve, qui a connu un immense succès.
Section vidéo
deux vidéos disponibles
Assistance à la mise en scène et régie Martin Boisjoly
Oeil extérieur Dominique Leduc
Scénographie Cédric Lord et Marcel Pomerlo (d'après les tableaux de Marc Tremblay)
Costumes Marcel Pomerlo
Musique Éric Forget (avec la complicité de Marcel Pomerlo)
Images vidéo Vincent Rouleau
Accessoires et assistance aux costumes Audrey Gaudet
Éclairages Marc Parent
Direction de production Lucie Mineau
Direction technique Geoffrey Levine
Muse Geneviève Robitaille
Une coproduction du Théâtre Momentum et du Théâtre français du Centre national des Arts en codiffusion avec le Théâtre de Quat‘Sous
par Olivier Dumas
L’infiniment doué Marcel Pomerlo s’illustre sur scène depuis plusieurs années dans de brillants solos. Après un remarqué L'inoublié ou Marcel Pomme-dans-l'eau: un récit fleuve, il y a une décennie et un très ensorcelant Ange noir présenté en 2011 à la plus récente édition du OFFTA, il propose encore une fois de magnifiques moments au Théâtre de Quat’sous avec Gaëtan (pièces à assembler à la maison), une coproduction de la compagnie Momentum et du Centre national des arts.
Pendant près de deux heures, l’acteur, qui a également écrit le texte et signé la mise en scène, incarne Gaëtan, un homme abandonné par sa mère à l’âge de 15 ans dans les années 60. L’histoire évoque par fragments morcelés différents moments d’une existence solitaire et insignifiante en apparence, mais vibrante par le pouvoir du protagoniste à s’émerveiller devant la vie. Le personnage-titre raconte au public sa santé fragile, son rapport fraternel avec une dévouée religieuse, ses tentatives infructueuses pour revoir sa mère et surtout sa quête vers un idéal de beauté qu’il atteint par son embauche comme gardien de nuit dans un musée. C’est en fait un hommage à l’art dans toute sa noblesse, sa grandeur d’âme et ses vibrations rédemptrices qui transcendent les épreuves du destin.
Dans son périple intimiste, Marcel Pomerlo inclut plusieurs références à des artistes marquants pour lui. Notre âme et nos oreilles se régalent d’un air a capella de Chet Baker en introduction du spectacle, de deux extraits de pièces pour piano de Claude Debussy, de la magnifique voix de la soprano Élisabeth Swarkopf ou encore des citations de l’écrivain allemand Herman Hesse. Au musée où il déniche son gagne-pain quotidien, Gaëtantombera sous le charme de Mlle Jeanne Samary, un portrait d’Auguste Renoir. Heureusement, jamais la somme de toutes ces influences musicales, littéraires ou picturales ne confère à l’étalage d’une culture imposante ou à des prétentions intellectuelles assommantes. À ces créateurs ayant réellement existé, s'ajoute un peintre inventé par Pomelo, Louis-Cristobal Gauthier, mais dont les tableaux présents sur le plateau sont la signature de Marc Tremblay.
Quelques longueurs et flottements alourdissent parfois la trame de l'histoire. Mais par son vocabulaire riche, oscillant entre des phrases dites ici en français plus populaire et là avec grande éloquence, Marcel Pomerlo atteint sa cible. Certaines scènes deviennent même des bijoux de sensibilité. Entre autres, lorsque le personnage évoque les derniers instants de la vie de sa grande amie religieuse représentée par une robe blanche, l’effet se traduit par un magnifique équilibre entre l’émotion et le recueillement. Malgré une récurrente tristesse dans le ton, l’humour s’immisce lors d'une rencontre entre le gardien du musée un peu gauche et le peintre Louis-Cristobal Gauthier dont il admire le travail. La mise en scène se révèle pleine de trouvailles ingénieuses, par le mariage entre la parole, les séquences musicales et les projections de peinture.
Lorsque la pièce se termine avec la lecture d’une lettre écrite par sa mère, le Gaëtan de Marcel Pomerlo vient recueillir les applaudissements nourris et bien mérités avec beaucoup de tendresse, de fébrilité et d’humanisme. Une allégorie frémissante sur la création dans nos vies et sur la place de beauté qu’il faut chérir comme un diamant brut dans une société trop souvent engloutie dans le conservatisme, la rectitude et la trivialité.