Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 28 novembre au 8 décembre 2012
HarlequinProjet Harlequin
Direction artistique et idée originale Nancy Leduc
Chorégraphies Evelyne de la Chenelière, Alain Desrochers, Robert Favreau et Michel Lam
Avec Guillaume Chouinard, Dany Desjardins, Annik Hamel, Nancy Leduc, Benoît Leduc, Mathilde Monnard et David Pressault

À l’aube de l’adolescence, la danseuse Nancy Leduc fait la découverte de l’univers du roman Harlequin. Encouragée par sa mère qui lui refile ses plus beaux romans d’amour, elle passe plusieurs étés au bord de l’eau à lire et rêver de personnages au regard sardonique, à la démarche féline et au corps sculpté dans l’acajou.

Objet fétiche d’un passé révolu, le roman Harlequin a survécu à tout effort d’intellectualisation. Plaisir coupable, mythologie populaire, le roman Harlequin, leader du roman sentimental moderne, bien que souvent décrié et qualifié de littérature dégradante, connaît une popularité hors du commun (250 millions de copies vendues, traduit en 24 langues); ici réside un paradoxe à explorer. 

Nancy Leduc a ainsi  invité trois cinéastes et  une femme de théâtre  à créer, à tour de rôle, une œuvre chorégraphique de courte durée inspirée d’un livre de la Collection Harlequin. Ici, le risque est à l’honneur, le récit par le geste et la parole également. De cet affrontement des grands sentiments naîtra un spectacle d’amour, de passion et de perdition.


Section vidéo
une vidéo disponible


Conseillère artistique et direction des répétitions Sophie Michaud
Direction musicale et conception sonore Michel F. Côté
Costumes Camille Thibault-Bédard
Lumières Lucie Bazzo
«Spécialiste Harlequine» Maryse Locat

Une production de Danse-Cité
en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous
et en collaboration avec les Productions Rackamlarouge


Quat'Sous
100, ave. des Pins Est
Billetterie : 514-845-7277

Youtube Facebook Twitter
 
______________________________________
 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : Nicolas Ruel

Nancy Leduc a passé une partie de son adolescence à lire les célèbres romans à l'eau de rose de la collection Harlequin et fait aujourd'hui de la danse contemporaine. Un lien est-il possible? Peut-on aller au-delà de la hiérarchisation de l'art et utiliser ces oeuvres souvent considérées artistiquement pauvres comme matériau pour un spectacle entier? Avec l'aide de complices précieux provenant du milieu théâtral (Évelyne de la Chenelière) et du cinéma (les réalisateurs Mario Calvé, Alain DesRochers et Michel Lam), Nancy Leduc nous offre Projet Harlequin, quatre courtes chorégraphies basées chacune sur un roman de la collection, où la passion est certainement au rendez-vous.

Les chorégraphies explorent différemment chaque roman et l'ensemble nous offre un portrait plus sensible et nuancé sur le milieu des romans Harlequin. Si le solo qu'Évelyne de la Chenelière chorégraphie est davantage axé sur la symbolique et des éléments qui meublent l'atmosphère (musique d'Elvis Presley, couleurs aux souvenirs de vacances, les figurants jeunes et bien habillés, etc.) et sur les drames intérieurs et déchirements que vivent les protagonistes de ces romans, les propositions de Mario Calvé et Alain DesRochers se tournent davantage vers le mouvement et l'exploit chorégraphique, parfois à la limite de l'acrobatie, voire s’apparentant de loin aux techniques circassiennes, et abordent la relation homme-femme et le pouvoir de la séduction.

Le dernier tableau de Michel Lam est un objet bien curieux. Rappelant les droits du lecteur de Pennac dans son livre Comme un roman, les danseurs expriment haut et fort leur droit à lire et apprécier la littérature de la collection Harlequin. Réel manifeste étourdissant où se mêlent les personnages et une lectrice (rappelant que ces livres ont été créés par des femmes, pour des femmes), ce quatrième numéro est beaucoup plus grandiose que les précédents, clôturant très bien le spectacle. Dany Desjardins offre d'ailleurs une performance impressionnante dans le personnage du « méchant » Ivanov ; un coup de coeur de cette soirée. Certaines projections, provenant de quelques films des années 20, dont « La passion de Jeanne d’Arc » de Dreyer, viennent compléter visuellement, en fond de scène, la chorégraphie.

La collection Harlequin s'avère à être un matériau de création fort riche et inspirant. L'ensemble du spectacle Projet Harlequin est cohérent, fluide, accessible et ô combien amusant : tout y est, tout concorde, que ce soit les musiques, les couleurs ou même les costumes (!). Nancy Leduc y est tout simplement aussi remarquable que polyvalente. La présence des extraits de livres nous fait sourire et les chorégraphies rendent ces personnages, habituellement trop extravagants pour être vrais, plus accessibles, plus près de nous. À la fois, on ne perd rien du côté incroyablement kitch et sensuel qui a gagné autant de lectrices à travers le monde. Projet Harlequin est certainement un péché coupable auquel il fait plaisir de succomber!

01-12-2012