À l’origine, une jeune admiratrice passionnée se fait frapper mortellement par une voiture, à quelques mètres de son idole, la comédienne de théâtre Myrtle Gordon.
Myrtle souffre. Elle craint la mort, elle craint le vieillissement, elle craint la banalité. À travers la création d’une pièce écrite par une auteure féminine en qui elle voit une rivale et un oracle exacerbé, nous assistons à la descente aux enfers – à la descente en soi-même – d’une actrice en mal d’amour. Terrassée par la solitude, elle tente de reprendre le contrôle de sa vie et ainsi retrouver sa part de lumière.
Réflexion multiple sur la création, le vieillissement et l’identité, le film culte de Cassavetes, audacieusement revisité par la dramaturge Fanny Britt, se révèle un portrait authentique où acteurs, régisseur et metteur en scène s’activent dans les coulisses de leur propre existence.
ENTREVUE
Élucider le vrai et le faux de Myrtle: entrevue avec Sylvie Drapeau
« Il n’y a pas de bons acteurs. Ce qui existe en revanche, c’est une continuation de la vie », dévoile le cinéaste John Cassavetes à propos de son œuvre de 1970, Husbands, dans un livre publié par Les Cahiers du cinéma. Une telle philosophie artistique imprègne une Sylvie Drapeau fébrile, à quelques jours de la première d’Opening Night. Éric Jean orchestre la transposition théâtrale du film de Cassavetes au Théâtre de Quat’sous.
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Assistance à la mise en scène et régie Jean Gaudreau
Décor Pierre-Étienne Locas
Costumes Cynthia St-Gelais
Lumière Martin Sirois
Musique Uberko
Coiffures et maquillages Angelo Barsetti
Les Noctambules
Discussion animée par la journaliste Marie-Louise Arsenault, l’activité est un moment d’échange et de complicité entre les artistes, les spectateurs et certains invités spéciaux, sur les différents thèmes abordés dans le spectacle
11 septembre
L'heure du conte
Pour une sixième année, le Quat’Sous contribue à la vie culturelle des familles! Le dimanche après-midi, pendant que parents ou grands-parents sont à la représentation dans la grande salle, les enfants de 5 à 9 ans assistent à un spectacle de contes, donné par des artistes professionnels, dans la salle de répétition.
Activité gratuite pour les enfants des spectateurs
Réservation requise: 514 845-7277
14 septembre -
Histoires en caravane avec les comédiennes Isabelle Lamontagne et Myriam Houle
Une production du Théâtre de Quat’Sous
par Daphné Bathalon
Avec Opening Night, on passe de l'écran à la scène, sous la direction d'Éric Jean qui adapte ce film marquant de John Cassavetes. Le texte, qui n'a pas pris une ride depuis sa sortie en 1977, se penche sur le passage du temps, et plus précisément sur le refus d'une actrice d'être définie par son âge, de se conformer à l'image que la société lui renvoie : celle d'une femme dont la gloire est maintenant derrière elle. Opening Night accorde aussi une large place au thème de l'authenticité envers soi-même et du deuil de sa jeunesse.
Myrtle Gordon, actrice aimée et reconnue, est en plein processus de création d'un nouveau personnage pour la pièce La seconde femme. La mort d'une jeune admiratrice, fauchée à sa sortie du théâtre, vient bouleverser les répétitions et plonge l'actrice vieillissante dans une crise existentielle qui modifie complètement son rapport à la pièce, au personnage qu'elle doit incarner, au discours de l'auteure et, pour finir, à elle-même. Peut-on triompher dans un rôle sans devenir irrémédiablement aux yeux du public le personnage qu'on incarne? Peut-on interpréter un personnage auquel on refuse de s'identifier ou d'être identifié?
Là où le film de Cassavetes fait entrer le spectateur dans les tourments intérieurs de l'actrice, son adaptation scénique ne parvient pas à traduire la lente chute de Myrtle. Entre scènes de conflits et épanchements alcoolisés, la mise en scène d'Éric Jean et sa direction d'acteurs misent beaucoup sur l'agitation des personnages pour illustrer le refus de l'actrice de faire face à son propre vieillissement. On connaît Sylvie Drapeau pour toute l'intensité et la flamme qu'elle insuffle à ses personnages. Ici, peut-être parce que l'actrice qu'elle incarne elle-même refuse catégoriquement de jouer le rôle qu'on veut la voir tenir, son interprétation ne nous convainc pas pendant une bonne partie de la pièce. Tourmentée, sa Myrtle verse par moments dans l'hystérie, des moments de rage auxquels les autres membres de la distribution fictive de La seconde femme répondent par autant de cris. Il faut attendre les derniers tableaux pour que les comédiens trouvent le ton juste et que Sylvie Drapeau livre un monologue saisissant comme elle en a le secret ; brillant et parfaitement maîtrisé. Le niveau de jeu du reste de la distribution varie beaucoup, mais c'est Sasha Samar qui s'en tire le mieux. Malgré quelques moments plus faibles, il joue à merveille l'exaspération de celui qui déteste sa partenaire de jeu.
Les comédiens doivent aussi déplacer à de multiples reprises quatre grands panneaux qui servent tant à symboliser la mise en abyme du théâtre dans le théâtre que les différents lieux où s'enferment les personnages, tour à tour scène, salle de répétition, appartement du metteur en scène, loges et coulisses. Mais le procédé scénique répétitif est plus souvent encombrant que véritablement significatif.
Opening Night échoue à transmettre l'angoisse de l'actrice vieillissante, la mise en scène dégageant davantage l'agitation que les véritables émotions.