Attentat est un assemblage de poèmes québécois mis en scène, en bouche, en paysages, un étrange objet de bûches de bois et de sacs d’épicerie, de fausse neige et de vrais baisers, où la parole est hissée haut, comme un matériau dangereux, bouillant, dévorant. Une fête féroce autour de qui nous sommes, de ce qui nous manque, de ce que nous contenons de possibles et d’urgences.
Créé au Quat’Sous en décembre 2014, cet opus poétique chaudement accueilli par le public et la critique est repris en parallèle de la tournée de La fête sauvage, dans le cadre de la résidence d’artiste de Véronique Côté.
Textes Hubert Aquin, Marjolaine Beauchamp, Maxime Catellier, Véronique Côté, Jean-Paul Daoust, Carole David, Evelyne de la Chenelière, Jean-Marc Desgent, Louise Desjardins, Stéphane Despatie, Geneviève Desrosiers, Catherine Dorion, Alexandre Dostie, Simon Dumas, Alexandre Faustino, Steve Gagnon, Roland Giguère, Gérald Godin, François Guerrette, Benoît Jutras, Natasha Kanapé Fontaine, Sylvie Laliberté, Catherine Lalonde, René Lapierre, Jean-Sébastien Larouche, Nicolas Lauzon, Daniel Leblanc-Poirier, Geneviève Letarte, Mariève Maréchal, Gaston Miron, Jocelyn Pelletier et Jean-Philippe Tremblay
Musique Mykalle Bielinski
Lumière Martin Sirois
Costumes et accessoires Maude Audet
Direction de production et direction administrative Marc-Antoine Malo
les vendredis - 5@7 Vendredi c'est Grilled-cheese !
Avant la première 25$
En prévente jusqu’au soir de la première représentation de chacun des spectacles.
À compter de la première 36$
2 pour 1 - 36$
Les samedis et dimanches, selon les disponibilités, le soir même au guichet.
Groupe (10 et +) 21$
* Ajoutez 3$ pour les achats au téléphone et en ligne
Une production du Théâtre [mo] en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous
Dates antérieures (entre autres)
Du 2 au 17 décembre 2014
critique publiée en 2014
« L’heure est à la révolte du cœur. »
Avant le congé des Fêtes, un arrêt s’impose au Théâtre de Quat’Sous pour le happening poétique Attentat. Sous la direction de Véronique Côté (comédienne, mais aussi auteure de Tout ce qui tombe, notamment) et de sa sœur Gabrielle Côté (comédienne fraîchement diplômée de l’École Nationale de Théâtre), c’est une poignée de jeunes artistes qui s’approprient la poésie québécoise pour mieux la transmettre.
C’est, en effet, une cinquantaine de poèmes qui sont mis en scène ou en musique, ou simplement projetés sur la petite scène du théâtre. Il faut préciser que le choix des poèmes révèle à lui seul une prise de position : des poètes contemporains comme Marjolaine Beauchamp, Catherine Dorion, Jean-Sébastien Larouche ou Geneviève Desrosiers ont une place majeure dans le spectacle. Aucune place pour la nostalgie des génies d’hier, bien que Miron, Godin ou Roland Giguère aient eux aussi leurs « mots à dire » dans le spectacle. Les comédiens ajoutent aussi leur touche personnelle : Véronique Côté et Steve Gagnon, signent chacun un texte, probablement les plus percutants de l’ensemble.
La mise en scène se veut simple et inventive, et y parvient la majeure partie du temps. Chaque poème a sa propre proposition scénique afin de mettre en valeur le texte. En seconde moitié du spectacle, les liens entre la mise en scène et les poèmes semblent moins solides, mais l’ensemble sait tout de même garder une bonne cohérence. La musique de Mykalle Bielinski, habituellement si bien utilisée dans d’autres spectacles vus plus tôt cette année ou même la saison dernière, rate un peu sa cible cette fois, se collant mal aux textes qui lui ont été attribués.
Malgré ce manque de maîtrise de l’aspect multidisciplinaire visiblement recherché et quelques maladresses de mise en scène, il est impossible de rater un seul moment du spectacle. L’ensemble prouve à quel point notre poésie a sa place sur nos scènes et que notre jeunesse n’a rien à envier à personne. Elle compte bien revendiquer sa place dans l’espace public, elle croit en la beauté et voit un avenir au bout de ce tunnel parfois si sombre.
Les jeunes comédiens deviennent ainsi le porte-voix de ces poètes, mais ils le font aussi – et surtout – au nom de toute une génération qui n’a pas l’intention de rester passive face à son implication citoyenne. C’est là toute la force de la proposition ; ce spectacle est un réel manifeste. C’est un appel à user de notre intelligence, de nos passions et de prendre notre place. Visiblement héritiers du Printemps étudiant, cette jeune compagnie porte le désir réel qu’on ne s’arrête pas maintenant. C’est une génération qui croit aux révoltes et à l’amour.
Attentat est certainement l’un des meilleurs événements théâtraux de cette première mi-saison. Revigorant, rafraîchissant et émouvant comme peu de spectacles y parviennent, c’est un hommage à notre jeune poésie, c’est un cri d’espoir d’une génération qui cherche et revendique sa place. C’est un hymne à la beauté, à la révolte et à l’amour.