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Du 14 mars au 1er avril 2017, jeudi 20h, vendredi 19h et samedi 16h
Les manchots
Texte et mise en scène Olivier Kemeid
Avec Paul Ahmarani, Larissa Corriveau, Kevin McCoy, Sasha Samar

Quatre Québécois se réfugient dans une chambre d’hôtel anonyme, dévastés par une rupture amoureuse. Chacun d’entre eux se retrouve, seul, à Kiev, Alexandrie, Oslo et Montréal. Ces villes tissent une partie de leur origine. Tous ont un lien intime avec elles, ils y ont vécu, les ont fuies ou les ont fantasmées. Dehors, il y a des révoltes, des printemps, des guerres: c’est l’Histoire en marche, mais eux ne s’en soucient guère, car leurs amours sont mortes.

Dans cette partition à quatre voix, les histoires des villes et des personnages se rejoignent, se confondent dans l’espace et le temps, faisant surgir ça et là des réminiscences du passé, des trajectoires parallèles et des points de rencontre.

Parcourant cet exil inventé, l’auteur Olivier Kemeid évoque le choc provoqué par le retour au pays natal et la violence de la réalité. Il voyage entre nations qui s’éveillent et pays endormis. Les époques s’y succèdent avec leurs cauchemars et leurs espoirs, comme autant d’escales troublées.


Assistance à la mise en scène et régie Stéphanie Capistran Lalonde
Décor Romain Fabre
Costumes Cynthia St-Gelais
Lumière Éric Champoux
Musique et conception sonore Philippe Brault

les vendredis - 5@7 Vendredi c'est Grilled-cheese !

Avant la première 25$
En prévente jusqu’au soir de la première représentation de chacun des spectacles.
À compter de la première 36$
2 pour 1 - 36$
Les samedis et dimanches, selon les disponibilités, le soir même au guichet.
Groupe (10 et +) 21$
* Ajoutez 3$ pour les achats au téléphone et en ligne

Une production des Trois Tristes Tigres en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous


Section vidéo


Quat'Sous
100, ave. des Pins Est
Billetterie : 514-845-7277

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Critique

Un thème parmi les plus riches à explorer, un auteur et metteur en scène de talent et une distribution d’expérience, Les manchots promettait beaucoup. Entre ruptures de ton et traitement en surface de son sujet, le fait est que la nouvelle production de Trois Tristes Tigres déçoit.




Crédit photos : David Ospina

Dans un hôtel anonyme sur une place et dans un pays jamais nommé, mais qui pourrait tout aussi bien être la Turquie que l’Égypte ou la Syrie, trois hommes sont réfugiés chacun dans leur chambre à double vitrage, d’où ils observent les troubles en contrebas. L’un cherche désespérément à joindre son fils, l’autre souhaite se venger de la vie, le troisième, journaliste étranger, est en quête de la bonne histoire pour faire les nouvelles. Aucun ne s’aventure hors de sa chambre, préférant demeurer à l’abri du monde extérieur… mais une infirmière déterminée à faire une différence dans ce conflit met à mal leur cocon.

Avec Les manchots, le metteur en scène et auteur Olivier Kemeidveut mettre en question notre rapport aux conflits et aux points chauds dans le monde, ceux qu’on ne connaît que par le biais des médias et desquels on finit par se distancier, comme ces naufragés enfermés dans leur chambre d’hôtel se détachent totalement des troubles qui se déroulent sous leurs fenêtres. Les manchots s’attarde aussi, mais avec moins de succès, au sentiment d’impuissance ressenti face à un conflit dont on ne fait pas partie. Bien en sécurité loin des guerres, doit-on aider? Comment aider sans risquer sa peau, sans s’impliquer dans le conflit? La pièce, en ne nommant jamais l’endroit ni d’éléments concrets référant à des événements réels, réussit néanmoins plutôt bien à rendre le caractère anonyme de la guerre et le détachement inévitable qui en découle.

Malgré quelques scènes plus émotives et réflexions tout à fait pertinentes, la proposition pèche par manque de conviction. Sur la scène à trois niveaux (une scénographique simple, mais efficace pour cette pièce d’abord chorale), les comédiens font ce qu’ils peuvent avec la partition qui leur est donnée. Toutefois, chaque personnage s’exprimant dans un registre différent, on a souvent l’impression qu’ils ne jouent pas dans le même spectacle. Le tireur embusqué incarné par Paul Ahmarani s’exprime en termes plus lyriques tandis que la langue employée par le journaliste de Kevin McCoy et le père aimant, mais démuni, interprété par Sasha Samar, se rapproche d’un style plus réaliste. L’infirmière incarnée par Larissa Corriveau navigue quant à elle entre deux eaux. Ces ruptures de ton nuisent considérablement à notre plongée dans le récit et à la portée du texte. On s’intéresse en fin de compte beaucoup plus à la réflexion sur le traitement médiatique des conflits et la recherche perpétuelle de la bonne histoire (en travestissant parfois un peu la vérité pour la rendre plus payante). C’est d’ailleurs le personnage du journaliste qui parvient le mieux à faire parler les autres et à les mettre en lumière, davantage que le personnage de l’infirmière, plutôt ténu, dont Kemeid semble pourtant avoir voulu faire un pivot.

La proposition de Trois Tristes Tigres n’a malheureusement pas le souffle porteur des précédentes productions (comme l’inoubliable Moi, dans les ruines rouges du siècle). Les manchots demeure en surface d’un sujet complexe et plus pertinent que jamais en cette ère post-vérité, et le manque de cohésion de l’ensemble laisse tristement le spectateur sur sa faim.
19-03-2017