Elles sont mères, amantes, sœurs. Elles ont aussi soif de conquêtes, brûlent d’ambition et de désir. Elles sont Souveraines et réclament la place qui leur est due dans la marche du monde. De Néfertiti à Hillary Clinton, en passant par Marie-Antoinette, le visage du pouvoir féminin se réinvente, mais la volonté demeure la même : gouverner.
Naviguant en eaux troubles entre fiction et réalité, entre théâtre et projection d’archives vidéo, une comédienne en quête de sens s’engage dans un combat épique avec sa troupe pour mener à bien son projet : une pièce de théâtre sur la royauté féminine. Mais dans la vie comme sur la scène, les luttes sont féroces, et s’affranchir des conventions demeure un combat de tous les instants. D’autant qu’il se veut ancré dans un Québec lui-même incertain, où Pauline Marois tente de régner.
La Banquette arrière occupe une place unique dans notre paysage théâtral : après dix-huit ans de vie commune, non seulement ses membres se parlent encore, mais en plus ils continuent de créer des spectacles ! Et non des moindres : que ce soit avec Les mutants, Le timide à la cour ou La Fête sauvage, ils offrent au public un regard sans complaisance sur leur époque, teinté de préoccupations sociales.
Texte Rose-Maïté Erkoneka
Mise en scène Marie-Josée Bastien
Avec Amélie Bonenfant, Sébastien Dodge, Rose-Maïté Erkoreka, Anne-Marie Levasseur, Lise Martin, Éric Paulhus et Simon Rousseau
Crédits supplémentaires et autres informations
Costumes Marc Senécal
Décor Romain Fabre
Lumière André Rioux
Musique Laurier Rajotte
Vidéo David B. Ricard
Direction de production Marie-Hélène Dufort
Les mardis et vendredi 19h, mercredis, jeudis, 20h, samedis 16h
Avant la première 26$
En prévente jusqu’au soir de la première représentation de chacun des spectacles. Prix au guichet. 3$ supplémentaire par téléphone ou sur le web.À compter de la première 36$
Prix au guichet. 3$ supplémentaire par téléphone ou sur le web.
2 pour 1 : 36$
Les samedis à 16h, selon les disponibilités. Pour en bénéficier, présentez-vous au guichet à partir de 15h.Plusieurs tarifs spéciaux et pour les groupes disponibles
Les tarifs peuvent varier pour les spectacles en accueil, les supplémentaires, les événements spéciaux et les productions en extra à la saison
TARIFS SPÉCIAUX
Abonnement complice : 3 spectacles ou + : 26$/spectacle
Perdre le nord - 18$ (Prix au guichet. 3$ supplémentaire par téléphone ou sur le web.) // 3 lectures 45$
Notre bibliothèque - À vos livres10$ (Prix au guichet. 3$ supplémentaire par téléphone ou sur le web.)
ACTIVITÉS PARALLÈLES
Les discussions
Curieux, passionnés ou timides, vous êtes attendus juste après la représentation pour converser avec Olivier Kemeid et les artistes de la pièce à laquelle vous venez d’assister. Découvrez les anecdotes, mystères et réflexions qui ont jalonné le parcours créatif du spectacle.
Mardi 27 novembre 2018, après la représentation
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Les 5 à 7 du vendredi
Dans l’ambiance d’un 5 à 7 bien décontracté, célébrez la fin de la semaine et échangez avec artistes, amis et collègues à la bonne franquette. Et si l’esprit est vif et aiguisé, mais que le ventre est vide, l’équipe du Quat’Sous vous propose quelques petites gourmandises à grignoter.
Tous les vendredis, les soirs de représentations
Une production du Théâtre de la Banquette arrière, en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous
Entre une adaptation théâtrale des Rois maudits, de Maurice Druon, et la création féministe Les Reines, écrite par l'une des leurs, balance le coeur des membres d'une compagnie de théâtre semi-professionnelle. La parole féminine réussira-t-elle à se faire entendre?
Avec Souveraines, son premier texte dramatique, Rose-Maïté Erkoreka déclare son amour et son admiration pour les femmes qui osent rêver, qui osent prendre la place à laquelle elles ont droit ou qui osent occuper des positions de pouvoir. L'auteure et comédienne se glisse dans la peau de sa contrepartie dans la pièce, Maïa, dont le texte est rejeté par le directeur de la compagnie après un vote le déclarant pourtant gagnant.
La mise en abyme imaginée par Erkoreka permet de s'interroger sur la valeur des rôles féminins au théâtre et d'aborder tout à la fois les obstacles et périls auxquels s'exposaient (et s'exposent encore) les femmes aspirant au pouvoir. Des vidéos d'archives montrant des discours ou entrevues de telles femmes au fil des années – de Margaret Thatcher à Marine Le Pen en passant par Pauline Marois, Theresa May, Benazir Bhutto et Hillary Clinton –, viennent soutenir le propos de la pièce, efficacement mise en scène par Josée Bastien. Le combat mené par Maïa contre un directeur de plus en plus dictatorial fait écho aux luttes politiques menées par ces femmes au fil des années pour occuper leur position et la défendre, et à celles des personnages de reines dans le théâtre classique et à travers l'histoire, qui ont été écartées du jeu politique en raison de leur sexe.
Si les parallèles manquent parfois de force et si le directeur, figure de domination masculine, finit en caricature risible, le texte de Souveraines a le mérite de contextualiser la lutte féministe à plus petite échelle et de présenter une situation où hommes et femmes deviennent alliés pour rêver et construire ensemble.
Les comédiens du Théâtre de la Banquette arrière donnent pleinement voix au texte d'Erkoreka. Dans le rôle de Phil, le directeur qui sombre de plus en plus dans son égocentrisme, Sébastien Dodge fait évidemment beaucoup sourire et sert quelques-unes des répliques les plus savoureuses de la pièce, malgré son manque de nuance. C'est toutefois le personnage révolté, incarné par l'auteure, qui brille le plus. En femme imparfaite, elle se tient ferme et droite pour défendre ses principes d'égalité. Seules ses réflexions, formulées en aparté et soulignées à grand renfort de lumière et de musique, minent la portée des propos. À trop insister, on perd en finesse. Les extraits d'archives nourrissent pourtant la réflexion de manière beaucoup plus percutante. Le discours féministe nourrit le personnage de Maïa, qui ose se révolter, et entraîne avec elle ses camarades.
Une finesse qu'on retrouve heureusement en fin de spectacle, avec cette très belle lecture du Chant d'un patriote, de Félix Leclerc, dont les paroles semblent soudain parler de l'aspiration de ces femmes à rêver, elles aussi, malgré la pression sociale et la propension du Québec à vouloir éviter tout conflit.
25-11-2018