Du 25 mars au 19 avril 2008
Construction
Texte de Pier-Luc Lasalle
Mise en scène de Daniel Roussel
Avec Hélène Bourgeois Leclerc,
Vincent-Guilaume Otis,
Danièle Panneton,
Roger La Rue, Jean-Moïse Martin
Philip et Lucie viennent d'acheter leur toute première maison. C’est là, sous l’œil intéressé de leurs proches, qu’ils entendent bâtir leur avenir. Du choix d’une sonnette d’entrée à l’installation d’une piscine creusée, de la sangria à la composition des repas, c’est leur vie qu’ils s’affairent, soigneusement, à construire.
Comment être sûr de réussir?
Assistance mise en scène :
Manon Claveau
Concepteurs :
François Barbeau, Claude Accolas, Josée Bergeron Proulx, Guy Alexandre Morand
Une production du Théâtre du Rideau Vert
Théâtre du Rideau Vert
4664, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-844-1793
par Aurélie Olivier
Mais qu’est-il passé par la tête du metteur en scène Daniel Roussel? Voici la question que l’on se pose quand, assis dans un fauteuil du Rideau vert, on découvre avec une stupéfaction mêlée d’incrédulité les abominables projections de Dominic Carmichael représentant l’intérieur d’une maison de banlieue flambant neuve. On se croirait dans un jeu de console Atari du début des années 1980, celle dont on se souvient avec nostalgie, mais que l’on n’utiliserait plus pour rien au monde. Et quand les personnages se mettent à interagir avec la projection, tendant leur verre vers une énorme carafe de sangria qui est apparue, volant au milieu du salon, on a l’impression d’assister à une émission pour enfant, le genre où l’animateur converse avec un personnage virtuel réalisé à bas prix par des étudiants débutant en animation 3-D. On a même droit aux bugs qui font apparaître la fenêtre de l’écran d’ordinateur sur le mur!
Entre chaque scène, une petite musique, comme dans les livres-disques pour enfants, où le son de cloche indique qu’il faut tourner la page. Et quand c’est Noël et qu’un affreux sapin est apparu sur l’écran, des chants de Noël retentissent dans la salle. La cerise sur le sundae. À moins que la cerise soit la séance complète de karaoké? Ou les personnages qui font semblant de discuter en arrière-plan tandis que d’autres parlent vraiment sur le devant de la scène? À vrai dire, il y a dans ce spectacle tellement de « cerises sur le sundae » que l’on peine à identifier ce qui est le plus décevant.
Construction, de Pier-Luc Lasalle, c’est l’histoire d’une famille apparemment sans histoire. Philip (Vincent Guillaume Otis) et Lucie (Hélène Bourgeois Leclerc) viennent d’acheter une maison qu’ils font découvrir avec fierté aux parents de Philip (Danièle Panneton et Roger La Rue), à son frère, Thomas (Jean-Moïse Martin) et à la nouvelle blonde de ce dernier, Anaïs (Caroline Bouchard). L’été, on y admire le gazon parfaitement tondu, à Noël on s’y retrouve pour chanter du karaoké devant la nouvelle télévision à écran plat, l’été suivant, on s’extasie devant la piscine creusée.
Selon son auteur, la pièce est « à première vue une comédie sur le couple et la famille [mais] c’est aussi une pièce à propos des surprises que nous réserve la vie ». La vie réserve peut-être des surprises, mais la pièce point. Tous les sujets qui y sont abordés sont une somme de lieux communs sur les femmes et leurs menstruations, la vie de couple, les psys, le sexe… On se sent comme dans une réunion de famille où ne s’échangent que des banalités et où l’on regarde sa montre. Ici pas d’action : du blabla. Les comédiens se tiennent sur scène, un verre à la main, complètement désœuvrés, allant et venant sans but et nous offrant des interprétations plus ou moins caricaturales. En la matière, Hélène Bourgeois Leclerc et Danièle Panneton détiennent la palme. La première, qui semble avoir de la difficulté à se départir des mimiques et postures adoptées dans Annie et ses hommes (rôle de Josée) ne quitte jamais la scène sans faire de bizarres mouvements de bras, tels une réminiscence de cours de baladi, sensés traduire… quoi donc? son côté précieux? À chacun d’en juger.
À défaut d’être surprenant ou de nous faire réfléchir, le spectacle est-il drôle? Quand on n’a pas ri soi-même, il nous reste les réactions du public pour en juger, car, en la matière, le consensus est rare. Alors disons que oui, il est possible de trouver cela drôle puisque l’on entend des rires dans la salle. Mais une chose est certaine, c’est que les « gags » sont affreusement prévisibles et qu’il faut être sacrément bon public pour les apprécier.