Du 5 février au 1er mars 2008
Supplémentaires
2 mars 16h, 7 mars 20h et 8 mars 16h
Les grandes occasions
Texte de Bernard Slade
Traduction de Michel Tremblay
Mise en scène de Frédéric Blanchette
Avec Louise Marleau, Gilbert Sicotte
Cette oeuvre présente la dérive d’un couple,
interprété par deux comédiens chevronnés, qui ont marqué tant le monde du théâtre que celui du
cinéma et de la télévision, Louise Marleau et Gilbert Sicotte. De grandes occasions en grandes occasions, ces deux personnages
n’en finissent pas de se perdre et de se retrouver. Leurs enfants, qu’on ne voit jamais, sont le fil conducteur,
un lien essentiel les attachant l’un à l’autre. Pour le spectateur, ils sont une porte d’entrée sur cette vie de couple pas
si atypique qu’il n’y paraît. Personne ne restera indifférent devant les échanges parfois vifs et mordants, tendres ou nostalgiques,
drôles ou cyniques entre deux êtres meurtris, à la recherche d’eux-mêmes et du bonheur. Au fil de la pièce,
les années passent, les personnages évoluent et le lien qui les unit se transforme sous nos yeux.
L’observation de Slade sur la vie conjugale est juste, remplie de finesse et d’humour. L’auteur de La Soeur
volante et de Same time next year possède le sens du punch et du timing. La traduction de Michel Tremblay a donné
aux dialogues une actualité et un élan, tout en respectant les références culturelles et la couleur originale du texte. La
pièce se déroule dans un milieu aisé américain et jette un regard cru sur les effets du matérialisme et de la routine sur
l’amour et la vie de couple.
Assistance mise en scène :
Geneviève Lessard
Concepteurs :
Olivier Landreville,
Michel Robidas,
Yves Morin,
André Rioux
Une production du Théâtre du Rideau Vert
Théâtre du Rideau Vert
4664, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-844-1793
par Geneviève Germain
Louise et Michel sont mariés depuis vingt ans, ils viennent d’ailleurs tout juste de participer à une fête soulignant leur union de deux décennies. Personne ne se doute que leur idée était déjà fixée : ils se séparent dès la fin de cette soirée et entament des procédures de divorce. La pièce Les grandes occasions du Canadien Bernard Slade s’éloigne sans aucun doute de l’image tortueuse et déchirante du divorce. Au fil de dix années où divers évènement touchant à leurs enfants ou leur famille les obligent à se recroiser, on découvre que les deux protagonistes s’en sortent dans un semblant de bonne entente et conservent une certaine tendresse l’un envers l’autre.
Quoique la complaisance soit au rendez-vous, car on se doute bien que la grande majorité des divorces ne se déroulent pas aussi facilement, le texte de Bernard Slade, ici traduit par Michel Tremblay, s’avère mordant et fait place à plusieurs répliques cyniques à souhait. Il faut voir Louise annoncer sans aucune retenue à Michel qu’elle a toujours détesté leur chanson de mariage ou encore lui rappeler nonchalamment lors des funérailles de sa mère que de toute façon, il ne l’a jamais aimée. Dans la gestuelle aussi Louise repousse d’abord Michel et garde ses distances en amplifiant bien clairement son agacement. Le tout repose toutefois sur fond de tendresse, témoignant de ces vingt années de vie partagée, laquelle refait largement surface sous forme de petits mots doux échappés ou de jeux de regards. D’ailleurs, Michel en fait part directement à Louise que malgré les jeunettes qu’il fréquente, il se sent toujours seul, car il n’a plus cette complicité avec cette grande amie et confidente.
L’astucieux décor d’Olivier Landreville illustre bien l’état des choses avec une scène pivotante surmontée de trois escaliers qui bien se rencontrant à la base, partent par la suite dans toutes les directions. Louise Marleau et Gilbert Sicotte dans les rôles de Louise et Michel s’approprient et dégagent bien cette ancienne complicité qui perdure malgré les tentatives d’éloignement. Visiblement nerveux dès le début de la pièce, résultant en une certaine rigidité et quelques bafouillages, ces deux acteurs chevronnés se rattrapent vers la mi-spectacle et nous laissent entrevoir qu’après quelques représentations supplémentaires, la pièce sera sans doute plus lisse et maîtrisée.
La mise en scène de Frédéric Blanchette reflète également l’ambiguïté constante des personnages, lesquels demeurent dans un divorce qui n’en est plus véritablement un, alors qu’au gré de la vie qu’ils ont eux-mêmes engendrée ils se perdent pour mieux se retrouver. Bien que Les grandes occasions tient son titre de ces rencontres importantes, il est facile de deviner que c’est surtout la relation trouble de Louise et Michel qui nous préoccupe, et que ces occasions ne deviennent que prétexte pour un sentiment bien plus grand : celui d’un attachement qui a grandi, parfois malgré lui, durant ces longues années.
Il en résulte un récit parfois touchant, souvent drôle, encore un peu malhabile, à la trame et au dénouement un peu facile, mais qui saura sûrement enchanter les futurs spectateurs lorsque les acteurs auront raffiné leur jeu suite à de plus nombreuses représentations.
17-02-2008