Du 28 octobre au 8 novembre 2008
Retour à l'accueil Imprimer cette page Archives Accueil Facebook del.icio.us

Avaler la mer et les poissons

Texte de Sylvie Drapeau et Isabelle Vincent
Mise en scène de Martine Beaulne
Avec Denis Bernard., Sylvie Drapeau, Daniel Gadouas, Isabelle Vincent

Ariel et Kiki sont les meilleures amies du monde, des « soeurs choisies » comme elles disent. L’une est artiste et vit à travers sa peinture, l’autre, impliquée politiquement, rêve de changer le monde. Le jour où Kiki tombera en amour, leur amitié prendra un chemin difficile.

À travers cette histoire d’amitié, avec sensibilité, tendresse et humour, la pièce parle des deuils que la vie impose. Morts, ruptures ou renoncements, chacun nous force à la vérité et à faire les choix avec lesquels nous continuerons à avancer dans la vie en tant qu’êtres libres et résolus à Avaler la mer et les poissons ! Ayant suscité l’engouement à La Licorne en 2005 et en 2007 ainsi qu’en tournée, rendez-vous cette année au Théâtre du Rideau Vert.

Assitance à mise en scène : Allain Roy
Décor : Richard Lacroix
Éclairages : André Rioux
Costumes : Mérédith Caron
Musique originale : Larsen Lupin
Accessoires : Éliane Fayad
Maquillages : Suzanne Trépanier

Une production du Théâtre de La Manufacture en codiffusion avec le Théâtre du Rideau Vert

Rideau Vert
4664, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-844-1793

__________________________

Dates antérieures

Du 8 au 19 mai 2007
Théâtre Périscope
2 Crémazie Est

4 février 2007, Salle Jean-Grimaldi, 1111, rue Lapierre, porte #4 (coin boul. De La Vérendrye)

Du 27 février au 24 mars 2007
La Licorne

3 avril 2007
Théâtre Outremont
1248, avenue Bernard Ouest

Du 18 octobre au 26 novembre 2005
Supplémentaires les samedis 29 octobre et les 5-12-19-26 novembre à 15h

Deux critiques disponibles

par Magali Paquin

En toile de fond, un atelier d’artiste. Dans cet oasis urbain, deux femmes que tout pourrait opposer partagent pourtant une grande amitié. Kiki (Sylvie Drapeau), la solitaire, crée ses oeuvres aux tons bleutés de l’eau, égayée par les visites de l’impétueuse Ariel (Isabelle Vincent), « dernière utopiste férocement active en politique ». Cette dernière use de l’atelier pour y rencontrer clandestinement ses amants, sans que ne s’en doute son mari (Daniel Gadouas). La rencontre entre Kiki et Georges (Denis Bernard), un amant d’Ariel éconduit, brisera cependant le lien unissant les deux femmes. Une peine d’amitié est parfois plus lourde qu’une peine d’amour… mais demeure toujours l’espoir de voir se renouer la relation perdue. Fruit du travail d’écriture de Sylvie Drapeau et d’Isabelle Vincent, « Avaler la mer et les poissons » est une pièce superbe où s’entremêlent les thèmes de l’amitié, de l’engagement et du deuil, dans un texte remarquable par sa sensibilité et sa profondeur.

Quatre grandes toiles transparentes coulissent d’un bout à l’autre de la scène, permettant d’imaginer les œuvres océanes sur lesquelles travaille Kiki. Entrouvertes, elles laissent voir le capharnaüm de l’atelier, avec ses multiples pots de peinture et ses pinceaux. Closes, elles suggèrent de nouveaux lieux où se rencontrent les personnages, tandis que les éclairages tamisent ou intensifient l’atmosphère. Dans ce décor, les deux auteures et comédiennes ont en quelque sorte transposé chez leurs personnages l’amitié qui les unit dans la vie, tout en rendant ce sentiment si universel qu’il est aisé de s’y identifier. Bien que soit principalement dessinée la forte amitié unissant deux femmes, le portrait que l’on trace des hommes, loin d’être caricatural, est particulièrement sensible. Denis Bernard et Daniel Gadouas tiennent les rôles d’amoureux tendres et investis dans leurs relations tout comme dans le monde qui les entoure.

L’éloquence et l’intensité de la pièce tiennent d’ailleurs fortement à l’interprétation mature des quatre acteurs, qui s’investissent avec authenticité dans leurs personnages. Que ces derniers soient emplis de fougue ou qu’ils recherchent la solitude, tous ont une soif de l’engagement évidente et palpable. Cet engagement, qu’il soit politique, artistique ou amoureux, prend corps dans des individus d’une grande véracité et s’affirme par un propos à la fois juste et soutenu. La mise en scène de Martine Beaulne rend justice au texte et au talent des comédiens en relevant, de façon grave, légère ou onirique, les sentiments vécus par les protagonistes. En évoquant plutôt qu’en étalant crûment les subtilités de la pièce, sa force n’en est que renforcée. La vie n’est-elle pas faite de nuances et de non-dits ?

Les personnages de « Avaler la mer et les poissons » ont soif d’absolu et faim de la vie. L’existence sur laquelle ils naviguent est faite de hautes vagues et de bas-fonds, que l’on réussit à rendre de façon pleine et authentique. Comme il est rassurant de voir que l’on peut encore croire en l’être humain!…

09-05-2007
Crédit photo : Yanick Macdonald

par David Lefebvre (oct. 2005)

Avaler la mer et les poissons... voilà une jolie surprise en cet automne pluvieux et froid. Premier texte à quatre mains des comédiennes Sylvie Drapeau et Isabelle Vincent, c'est un pari réussi, et ce, haut la main. Elles qui ont tant voulu travailler ensemble depuis plusieurs d'années, l'attente fut récompensée.

Tranche de vie de deux femmes contraires mais complémentaires : Ariel (Isabelle Vincent), femme impliquée, au caractère arrêté mais aux multiples questionnements, a tout : un mari (Daniel Gadouas), des enfants, une future carrière politique, même un amant au nom de Georges (Denis Bernard) qu'elle décide de quitter. Kiki (Sylvie Drapeau), artiste dans l'âme jusqu'aux bouts des doigts, la meilleure amie d'Ariel, peint, surtout de l'eau. Elle travaille le bleu, explore la réalité autrement qu'Ariel. Bourse en poche, elle est sur le point de partir pour le Danemark, mais Georges met le pied dans l'atelier et fait éclater son coeur. La vie des deux amies-presque-soeurs s'emballe, divague, s'échoue.

Comment espérer une plus belle distribution? Ces quatre comédiens, au talent fou et indéniable, incarnent des personnages qui ont de la chair, un vécu, des êtres intéressants et pourtant si près de notre quotidien. Il est si bon de les voir jouer, et entre eux la chimie est parfaite. Le texte du duo Drapeau-Vincent est «cocasse», aux multiples situations ; il pourrait verser dans le cliché mais esquive facilement le piège. C'est rafraîchissant, drôle, vrai. On y parle de religion, de sexe, de mort, d'art, d'amitié, d'amour mais surtout de passion. La passion dans les deux sens du terme : celui romantique, aux émotions puissantes qui dominent la raison, d'un être qui va vers ce qu'il désire et celui de la douleur, de la souffrance. Les deux femmes auront des choix difficiles à faire, à assumer. Leur amitié tanguera, leur monde frémira. Mais la vie est si courte, il faut la vivre, non? Le texte, pourtant simple, est ponctué de petits moments jouissifs que les comédiennes (surtout) interprètent à merveille. Les hommes ne sont pas en reste avec de beaux personnages. C'est charnel, sensuel, sensible; le non-dit est ici presque plus puissant que les mots.

La mer
crédit: Yanick Macdonald

Martine Beaulne a fait un travail splendide à la mise en scène, en amalgamant des scènes d'un grand naturel aux scènes plus oniriques, dans lesquelles on accède aux pensées, aux désirs, aux réflexions des deux femmes. Le décor, de Richard Lacroix, consiste en un plancher grillagé (qui fait peut-être un peu de bruit lors des déplacements, mais rien de grave), une grande table avec mille pots de peinture bleue et quelques grands panneaux, semi transparents, qui glissent et se déplacent au gré des scènes, masquant ici, montrant là. Les jeux de lumière d'André Rioux sont travaillés avec minutie, malgré la petitesse de l'espace de jeu.

Bref, Avaler la mer et les poissons est à voir absolument.

..
Retour à l'accueil