Texte de Paul Zindel
Traduction de Michel Tremblay
Mise en scène de René Richard Cyr
Avec Sylvie Drapeau, Émilie Bibeau, Catherine de Léan et deux autres comédiens
« Rendue plus québécoise que nature par les soins d’un Tremblay plus créateur qu’adaptateur, dans son coin d’épicerie en ruine, Béatrice, cette grande folle minable hallucinante, n’a eu qu’une moitié de vie. […] Ici le ratage, l’émotion, l’épilepsie, le langage, la peine, le gâtisme, la laideur, la crasse ne sont pas nobles, ils sont poignants. On n’en fait pas un drame. Ils sont le drame, drôle, humble, singulier et singulièrement nôtre. »
– ALAIN PONTAUT, DRAMATURGE ET POÈTE
Assistance à la mise en scène : Marie-Hélène Dufort
Décor : Pierre-Étienne Locas
Costumes : Cynthia St-Gelais
Éclairages : Lou Arteau
Musique : Alain Dauphinais
par Cynthia Beauchemin
L’effet des rayons gamma sur les vieux garçons, c’est avant tout l’histoire d’une famille. Une famille totalement dysfonctionnelle composée d’une mère monoparentale névrosée et de ses deux filles. Elles vivent complètement isolées dans un ancien magasin de légumes dont les fenêtres sont placardées, ne laissant entrer aucune lumière. L’endroit sert également de pension pour des vieillards séniles afin d’arrondir les fins de mois de la famille.
Vivant dans l’ombre de sa mère et de sa sœur plus âgée, Mathilde (Catherine de Léan), petit génie, se réfugie dans les sciences afin de rendre son existence plus supportable. Elle s’intéresse particulièrement aux effets du Cobalt 60 sur les graines d’une variété d’œillets, les « vieux garçons », projet qu’elle présente au concours de science de l’école. Bien entendu, cette volonté de sortir du cocon familial ne plaît pas à sa mère (Sylvie Drapeau), qui a toujours été considérée comme une vieille folle excentrique par les gens « de l’extérieur ». Heureusement, Mathilde peut compter sur sa sœur (Émilie Bibeau), fière d’elle et surtout heureuse que les gens à l’école ne se moquent plus d’elle…
Le texte en soi, de Paul Zindel, est magnifique. C’est un texte qui nous parle d’espoir et de persévérance, une belle leçon de courage. L’auteur semble avoir mis beaucoup de lui-même et de sa propre enfance, difficile, dans cette pièce. L’adaptation de Michel Tremblay rend bien justice à la version originale ; on sent bien toute la détresse et l’exaltation des personnages dans les mots qu’ils se lancent. Le décor de Pierre-Étienne Locas est fabuleux : une petite boîte de légumes dans laquelle les personnages sont enfermés. Du côté du jeu, malheureusement, toute notre attention est plutôt tournée vers les mimiques et l’aspect clownesque de Béatrice, la mère. Ne nous méprenons pas, Sylvie Drapeau est impeccable dans ce rôle d’exaltée, mais c’est souvent gros, ou même trop comique. On rit des grimaces et de ses différentes intonations, mais on oublie d’écouter la détresse de ce personnage. Heureusement, il y a Émilie Bibeau et Catherine de Léan qui viennent rétablir l’équilibre, nous montrant toute l’étendue de leur talent.
Tous les éléments étaient réunis pour faire un succès de cette pièce, mise en scène par René Richard Cyr. Malheureusement,il manque un petit quelque chose, ce qui nous laisse sur notre appétit…