Texte de Pierre-Michel Tremblay
Mise en scène de Denis Bernard
Avec Ludovic Bonnier, Félix Beaulieu-Duchesneau, Benoît Gouin, Louise Laparé, Steve Laplante, Philippe Racine et Marie-Hélène Thibault
Chroniqueur d’humeur cynique et désabusé, Daniel Martin se relève difficilement de l’échec de sa vie amoureuse et familiale. Et puis un accident le plonge dans un coma profond. Dans cet univers aux allures de cabaret de la dernière chance, il fera des rencontres aussi étonnantes qu’inusitées. Entre ses rôles d’homme, de père, d’amant et d’amoureux, il recouvre soudainement une certaine liberté où il peut réaffirmer son identité, réinventer sa vie et même retrouver le goût de décrocher la lune…
Pierre-Michel Tremblay, auteur à l’imaginaire débridé, s’est fait connaître du public avec des pièces telles Le Rire de la mer et Mille feuilles, créées par Les Éternels pigistes. À la mise en scène et pour notre plus grand bonheur, Denis Bernard a transposé ce portrait masculin bien de notre époque en cabaret joyeusement déjanté : « But first : stand up for your life ! »
Présentée à guichets fermés lors de sa création en janvier 2007, Coma Unplugged récoltait la même année le Masque Production - Montréal et le Masque de la Musique ainsi que le Prix de la critique – Production montréalaise remis par l’Association québécoise des critiques de théâtre.
En tournée à compter du 19 septembre : Pointe-aux-Trembles, Saint-Jean-sur-Richelieu, Laval, Joliette, Le Bic, Trois-Rivières, Montréal-Nord, Sainte-Geneviève, Shawinigan, Rouyn-Noranda, Sudbury, Caraquet, Moncton, Drummondville, Sherbrooke, Sainte-Thérèse, Baie-Comeau, Sept-Îles, Jonquière, Alma, Dolbeau, Saint-Laurent, Lachine, Vancouver
À Québec, au Théâtre Périscope du 17 au 28 novembre 2009
Assistance à la mise en scène Marie-Hélène Dufort
Décor Olivier Landreville
Costumes Mérédith Caron
Musique originale Ludovic Bonnier
éclairages André Rioux
Accessoires Patricia Ruel
Maquillages Suzanne Trépanier
Une production du Théâtre de La Manufacture
en codiffusion avec le Théâtre du Rideau Vert
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Dates antérieures
Du 9 janvier au 17 février 2007, La Licorne (notre page)
par David Lefebvre
Diplômé en psychologie, Daniel Martin, de par son sens de l'humour cynique et punché, devient chroniqueur d'humour pour le Journal. Il accepte très difficilement son récent divorce, sinon pas du tout, et s'ennuie de sa fille de 8 ans, Béatrice. Désillusionné, morose, blasé, Daniel est victime d'un accident, qui aurait pu lui coûter la vie et qui le plonge dans un coma profond. Maître d'un nouvel environnement, Daniel confronte alors Marjorie, son ex-femme, Bertrand, un vieil ami d'enfance et défenseur du "mâle" qui sommeille en nous, retrouve sa mère et rencontre quelques personnages étonnants (dont une idole de jeunesse et son guerrier intérieur). Il se questionne enfin, librement, ressasse quelques moments de sa vie et cherche son identité et sa raison de vivre.
Pierre-Michel Tremblay, auteur des magnifiques Quelques humains, Le rire de la mer et Mille-feuilles, dépeint avec humour, sensibilité et virtuosité le portrait d'une société terriblement actuelle : la place des hommes-maris-pères, les différents modèles, la performance absolue, l'accomplissement personnel, le contrôle sur notre vie et sur ce qui nous entoure, la désillusion, les pressions sociales et individuelles, la dépression et l'incompréhension mutuelle par la difficulté de communiquer réellement nos sentiments et nos pensées. Denis Bernard a donc eu la brillante idée de mettre en scène ce Daniel dans un format "cabaret", musiciens, microphones, gestuelles et numéros comiques inclus. Il y a même quelques petites tables rondes dans la première partie de la salle. Lui qui rêvait de fouler les planches, summum de sa réussite professionnel et fantasme inavoué, peut enfin y goûter : Coma Unplugged! Accueillons Daniel Martin!
Crédit photo : Marlène Gélineau Payette
Tout d'abord, la scénographie d'Olivier Landreville propose une chambre d'hôpital, à l'effet de profondeur très réussi, où repose le personnage principal. Puis, le décor recule littéralement pour offrir un minimum de place, à l'avant-scène, pour ainsi créer cet espace stand-up aux boules miroir et éclairages typiques (projecteur, couleurs rouge et orangée) admirablement bien conçus par André Rioux. Félix Beaulieu-Duchesneau (méconnaissable) et Ludovic Bonnier jouent les musiciens-accompagnateurs ; c'est d'ailleurs Bonnier qui signe la musique, parfois d'une étrange beauté, sinon toujours intéressante.
Louise Laparé, qui fait une courte apparition, interprète la mère du personnage principal. Attachante, volubile, elle vient répondre à certains questionnements sur le passé de Daniel et sur sa propre vie de divorcée. Le divorce est un des thèmes récurrents, sinon le sujet le plus abordé de la pièce : une des seules choses que Daniel n'a jamais voulu ni choisi dans sa vie ; un échec. C'est Marie-Hélène Thibault qui joue le rôle de Marjorie. À la fois la muse et l'une des sources de conflit, elle réussit à faire balancer son personnage entre la Marjorie-fictive, qui entre dans le concept cabaret d'humour, et Marjorie-réelle, émotive et véritable. Philippe Racine interprète ce soldat intérieur, Ishouad, qui nous parle d'ancêtres, de poésie, de la relation que nous avons avec la société de consommation et la luxure versus la misère et la pauvreté. Benoît Gouin incarne Bertrand, l'Homme, celui qui aime le baseball, qui crée son propre Father for justice (appelé Testostérone Power) et se bat contre les femmes "en général". Même si le personnage est caricatural et nous fait souvent rire, son côté accapareur, ses réflexions et ses actions représentent une certaine partie de la population (et une part de nous tous). C'est l'excellent comédien Steve Laplante qui détient le rôle principal. Son Daniel est aussi désabusé que possible, cynique, lucide, dépressif, indifférent. Mais l'on arrive à deviner ce qui se cache derrière cette carapace de chroniqueur : une tendresse perdue, une certaine poésie, des rêves inachevés.
Crédit photo : Marlène Gélineau Payette
Par ses multiples rencontres et remises en question, au-delà du rire et du spectacle, Daniel devra pourtant décider s'il se bat ou non pour rester en vie. Comprendre finalement où il en est, avec ses proches et sa propre existence. Il est si facile de rater sa vie, selon les normes occidentales. S'accomplir réellement et totalement, est-ce une tâche impossible de nos jours? Qui ou que nous reste-t-il pour nous empêcher de partir, quand on a tout perdu?