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Du 8 février au 12 mars 2011
In Extremis
Texte de William Mastrosimone
Traduction Louison Danis avec la collaboration de Roc Lafortune
Mise en scène de Jean-Guy Legault
Avec Karine Vanasse, Sébastien Gauthier, Julie Perreault, Geneviève Bélisle

Seule à la maison, Marjolaine reçoit la visite inattendue de Raoul. À leur retour, les deux colocataires de Marjolaine trouvent l’homme ligoté et blessé. Raoul s’avère un manipulateur qui tente de semer la zizanie entre les trois amies qu’il a espionnées avant de s’introduire chez elles. Une des filles fait confiance à la justice et serait d’avis qu’il faut appeler la police, mais Marjolaine s’entête à garder Raoul prisonnier. L’agression demeure le point le plus douloureux de ce qui peut se passer entre un homme et une femme et les trois amies en ont été victimes à des degrés différents. Arriveront-elles à surmonter les conflits émotifs qui surgissent entre elles? In extremis parle de la violence entre les hommes et les femmes; c’est aussi une pièce sur les effets dévastateurs de la manipulation, sujet aujourd’hui encore plus percutant qu’au moment de sa création.

Traduite par Louison Danis avec la collaboration de Roc Lafortune, Extremities a été écrite par William Mastrosimone. Créée en 1982 off Broadway au Westside Theatre de New York, Susan Sarandon y interprétait Marjolaine, rôle repris ensuite par Farah Fawcett, sur scène et au cinéma. In extremis se situe dans la mouvance d’un théâtre américain dont les œuvres comportent des situations tendues exploitées à un rythme rapide. On y met en relief une certaine rudesse et un humour grinçant. La direction artistique du Théâtre du Rideau Vert désirait offrir à Karine Vanasse un rôle à la mesure de son talent. In extremis nous la révèlera en scène, dans la peau d’un personnage qui tranche avec les rôles qu’elle a interprétés au grand et au petit écran, qu’il s’agisse de l’épouse soumise de Séraphin, de l’aristocratique Marie-Antoinette ou de la jeune universitaire du bouleversant Polytechnique. Elle sera entourée de Sébastien Gauthier, Julie Perreault et Geneviève Bélisle. Pour ce drame psychologique prenant, les comédiens seront dirigés par Jean-Guy Legault, qui a mis en scène Ma femme c’est moi présentée en 2008-2009. Pièce à résonance sociale, In extremis soulève des questions qui ne cesseront jamais d’être pertinentes.

Assistance mise en scène : Mariflore Verronneau

Mardi au vendredi 20h
Samedi 16h et 20h30

Une production du Théâtre du Rideau Vert

Rideau Vert
4664, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-844-1793
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 Critique
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par Daphné Bathalon

La torture et l’indifférence


Crédit photos : Jean-François Hamelin

Marjolaine profite tranquillement d’une belle journée ensoleillée lorsqu’un homme surgit dans son salon et tente d’abuser d’elle. Il l’a espionnée auparavant, il sait tout d’elle et de ses colocs qu’il veut également violer… Mais un revirement de situation permet à la jeune femme d’avoir le dessus sur son agresseur et d’en faire son prisonnier.

Jusqu’à quel point l’être humain menacé peut-il passer de victime à bourreau? Où est la limite entre la légitime défense et la vengeance? Les extrêmes dont on parle dans In extremis sont celles vers lesquelles peut nous pousser la nature humaine. Bien que maintes fois exploré tant au théâtre qu’au cinéma, le thème de la pièce est intéressant et offre d’explorer la psychologie du bourreau. Mais le texte de William Mastrosimone, traduit par Louison Danis, tombe parfois dans la facilité, soulignant des conclusions ou des réflexions que l’on aurait préféré avoir soi-même en observant les réactions des personnages.

La mise en scène de Jean-Guy Legault souffre également de nombreux problèmes qui l’empêchent d’émouvoir, troubler ou même ébranler les spectateurs. Alors qu’on assiste à des scènes de torture et d’agressions, on demeure froidement assis dans son siège sans ressentir une once de compassion envers la tortionnaire ou le supplicié. La réalité brute et sans dentelles évoquée par le metteur en scène dans le programme ne s’impose pas à nous.

Il y a aussi ce souci de rythme, tant dans les actions des personnages que dans les répliques parfois lancées trop rapidement : Karine Vanasse a ainsi involontairement coupé le sifflet aux autres comédiens à quelques reprises au soir de la première. Et, dès la première scène, alors que l’intrus incarné par Sébastien Gauthier referme le piège autour de sa victime – faisant monter la tension – on met abruptement fin à cette montée dramatique en tombant dans la bagarre pure et simple, une chorégraphie pas encore bien précisée. La tension dans le jeu des acteurs, on ne la retrouve qu’à la toute fin du spectacle quand l’agresseur passe enfin aux aveux. À aucun autre moment, on ne sent les personnages véritablement menacés ou traqués. Leurs souffrances ne nous affectent pas, malgré les continuels gémissements du prisonnier torturé. La musique de Philippe Brault, quant à elle, tente vainement de nous imposer un rythme et une montée dramatique qu’on est bien loin de ressentir. Les répliques tombent à plat dans cette absence d’atmosphère, tandis que les trois comédiennes semblent chercher où se placer sur la scène, quoi faire de leur peau.

 

Questionnable, aussi, le choix du réalisme pour le décor qui s’ouvre telle une maison de poupée, tous les accessoires sont pensés dans les moindres détails. Était-ce vraiment nécessaire? Plutôt que de faire naître l’effroi ou la tension, ce côté réaliste de petit après-midi tranquille rassure le public, le conforte dans sa position de spectateur. Alors, il se perd dans les détails, se questionne sur la temporalité de la pièce, sur la possibilité de manquer d’air dans un réfrigérateur, sur l’étrange positionnement de la cheminée et la raison pour laquelle le décor pivote inutilement, brisant le huis clos à peine esquissé.

Dommage que le retour en scène de Karine Vanasse, huit ans après Irma la douce,se fasse dans une mise en scène qui manque à ce point de tonus.

14-02-2011
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