Cette comédie d’Alexis Michalik, jouée à guichets fermés à Paris depuis 2016 et récipiendaire de 5 Molières en 2017, sera présentée dès le 26 juillet 2018 sur la scène du Théâtre du Nouveau Monde. François-Xavier Dufour, dans le rôle-titre, sera entouré entre autres d’Émilie Bibeau, Normand Lévesque, Catherine Proulx-Lemay et Mathieu Quesnel.
Edmond Rostand, jeune auteur de 30 ans, n’a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand acteur Coquelin aîné une nouvelle pièce, une comédie épique en vers. Or, la pièce n’est pas encore écrite. Il n’a qu’un titre : Cyrano de Bergerac.
Texte Alexis Michalik
Mise en scène Serge Denoncourt
Avec François-Xavier Dufour, d’Émilie Bibeau, Normand Lévesque, Catherine Proulx-Lemay et Mathieu Quesnel (autres comédiens à déterminer)
Crédits supplémentaires et autres informations
Costumes Pierre-Guy Lapointe et Serge Denoncourt
Gagnant de 5 Molières
Production Juste pour rire
Quatre ans après avoir présenté sa lecture du chef-d’œuvre Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, le metteur en scène Serge Denoncourt se réapproprie l’univers de l’auteur pour honorer le processus de création (quelque peu romancé) de la célèbre pièce en vers. Signé par Alexis Michalik, le texte Edmond a de quoi raviver l’engouement pour le théâtre en cette période où le goût du spectaculaire fait remplir les salles de cinéma au détriment de cet art plus ancien. Mêlant drame et comédie, fiction et réalité, il est impossible de ne pas souligner la profonde humanité qui se dégage des dialogues proposés. Alors que le public est mort de rire presque aussitôt le rideau levé, c’est une équipe de comédiens bien en vie qui foule les planches du TNM assez bondé. Jouant une soixantaine de personnages tous remarquablement dissociables à douze, la troupe mérite déjà une sincère reconnaissance pour cette belle prouesse. Malgré tout, un tel projet reste un travail d’équipe dont il est fascinant d’admirer la rigueur avec laquelle Denoncourt l’a mené.
Comptant quelques projections d’images statiques en noir et blanc réalisées par l’association d’Isabelle Painchaud et Julia-Maria Daigneault avec Silent Partner Studio, il est facile de faire le parallèle entre les faits historiques et ce que Michalik a inventé de toutes pièces. Aucun besoin d’en savoir beaucoup sur l’époque de Rostand pour comprendre la convention ici. Les costumes colorés imaginés par Pierre-Guy Lapointe donnent une si pétillante allure aux personnages que le public ne peut que constater le côté plus vivant et spontané du théâtre vis-à-vis le septième art qui, pourtant, à l’époque comme aujourd’hui, commençait déjà à exercer une certaine domination sur les autres formes d’art. Lorsque c’est projeté sur un grand écran, impossible de l’éviter ! Les décors facilement interchangeables dessinés par Patrick Perrin sont tout simplement fascinants à regarder s’ouvrir et se refermer. Ceux-ci permettent un transfert de lieu rapide, efficace et, même, à certaines occasions, un peu cocasse. Voilà une magnifique preuve de l’excellence de la mise en scène qui paraît s’enchaîner sans qu’aucun mouvement ne soit effectué par hasard. Chaque geste futile a droit à son petit rire au grand plaisir de l’auditoire.
Même si François-Xavier Dufour livre un Edmond dont l’angoisse et le caractère parfois enfantin provoquent le rire, le comédien réussit à toucher droit au cœur lorsqu’en bon mari et père de famille, il se doit d’écrire un succès. Appuyant subtilement le jeu de l’acteur, la musique de Colin Gagné vient aussi ralentir le rythme de l’action pendant les scènes plus dramatiques. Un effet qui s’avère grandement apprécié considérant qu’un jeu vaudevillesque pendant plus de deux heures sans entracte peut s’avérer, peut-être, un peu étourdissant pour certains au bout d’un moment. Néanmoins, le talent de Normand Lévesque ne peut être nié alors qu’il incarne un Constant Coquelin drôle et aimant. S’appropriant plusieurs rôles tout en restant méconnaissables, Mathieu Quesnel, Jean-Moïse Martin et Catherine Proulx-Lemay offrent des performances qui leur valent un certain mérite au salut tout comme Mathieu Richard qui, en Jean Coquelin, s’attire bien des rires dans la salle grâce à sa voix haut perchée. Le reste de la distribution brille tout autant en apportant un support non négligeable à leurs collègues aux répliques plus divertissantes.
À la tombée du rideau, juste après le triomphe de Cyrano de Bergerac à Paris, tandis que les personnages célèbrent leur réussite, les spectateurs ne peuvent qu’espérer que la dernière réplique s’achève pour se lever et applaudir un impressionnant travail d’équipe à la hauteur du texte de Rostand. Présentement au TNM jusqu’au 28 août 2018, Edmond est un bijou façonné avec soin autant pour le public amateur que pour les fins connaisseurs.
31-07-2018