Au sommet de sa carrière, après avoir écrit de grands textes comme L’École des femmes, Le Misanthrope et Tartuffe, voici que Molière décide de revenir aux traditions à la source de son art : la farce et la comédie italienne. Et il s’y donne à coeur joie : coups du sort, coups de bâton et coups de théâtre ! Carl Béchard, maître-ès-comédie, avait mis en scène un ébouriffant Malade imaginaire. Il s’empare cette fois-ci du plus drôle des Molière pour en faire un spectacle qui rit plus vite que son ombre avec l’inestimable complicité de Benoît Brière en Géronte et d’André Robitaille qui fait – enfin ! – un retour au TNM pour incarner le plus scapinesque des Scapin !
À Naples, où se passe l’action, il y a deux spécialités : la pizza et les mauvais garçons. Octave et Léandre, deux fils de famille un rien empotés, se sont mis les pieds dans les plats avec des histoires d’amour pendant que leurs pères étaient en voyage d’affaires. Or – panique ! – les papas sont de retour. Heureusement, Léandre a comme valet un repris de justice merveilleusement débrouillard nommé Scapin, qui passe à l’action : mensonges, escroquerie, intimidation, violence, rien n’est à son épreuve. Tout ce mal, évidemment, mènera au bien général, au triomphe de l’amour et à la prospérité des familles !
Texte Molière
Mise en scène Carl Béchard
Avec Simon Beaulé-Bulman, Marie-Eve Beaulieu, Carol Bergeron, Benoît Brière, Patrice Coquereau, Lyndz Dantiste, David-Alexandre Després, Marcelle Hudon, Sébastien René, André Robitaille, Catherine Sénart, Tatiana Zinga Botao
Crédits supplémentaires et autres informations
Conception Geneviève Lizotte, Marc Senécal, Marcelle Hudon, Erwann Bernard, Bernard Bourgault, Normand Blais, Carol Bergeron, Jacques-Lee Pelletier
Assistance à la mise en scène Claude Lemelin
Mardis 19h30, mercredis au samedis 20h, certains samedis 15h
Discussion avec l'équipe du spectacle aprèes la représentation du 3e mardi
En tournée au Québec avec Les Sorties du TNM du 28 février au 24 mars 2018.
Mercredi 28 février @ Sherbrooke – Salle Maurice O’Bready
Samedi 3 mars @ Terrebonne – Théâtre du Vieux-Terrebonne
Mercredi 7 mars @ Drummondville – Maison des arts Desjardins
Vendredi 9 mars @ Laval – Salle André-Mathieu
Mardi 13 mars @ Trois-Rivières – Salle J. Antonio Thompson
Jeudi 15 mars @ Granby – Le Palace
Lundi 19 mars @ Québec – Salle Albert-Rousseau
Vendredi 23 et samedi 24 mars @ Gatineau – Maison de la culture
Production TNM
Même si plus de trois siècles sont passés depuis sa création, le classique de Molière Les fourberies de Scapin semble toujours attirer bien des regards. Marquant le retour d’André Robitaille et celui de Carl Béchard (à la mise en scène) au TNM, cette nouvelle adaptation de la célèbre pièce a de quoi susciter l’enthousiasme. Autant de plaisir et de complicité partagés sur scène ne peuvent que ravir le public, à en constater les nombreux instants de rires provoqués au cours de la représentation. Entouré de grands comiques comme Benoît Brière (Géronte) et Patrice Coquereau (Argante), Robitaille paraît livrer un Scapin beaucoup plus posé que ce à quoi ce célèbre personnage renvoie habituellement. Laissant le reste de la troupe jouer les écervelés et veiller au divertissement des spectateurs, Béchard semble avoir davantage cherché à mettre en lumière le côté rusé et manipulateur de ce maître des fourberies. Ainsi, attriqué de son large sourire aussi sympathique que machiavélique, Robitaille relève le défi avec brio. Malgré tout, le contraste entre son jeu et celui de ses comparses ne manquent pas de faire ressortir la farce présente dans l’intrigue pour le grand bonheur de tous !
Figurant le port de Naples, le décor assez simpliste de Geneviève Lizotte permet d’apprécier le travail de projection vidéo de Marcelle Hudon. Tout comme les quelques chorégraphies élaborées par Bernard Bourgault, cet ajout visuel pallie le manque de dynamisme de l’espace scénique. Cela confère une belle touche d’originalité au spectacle exploitée dès le début. Malgré les difficultés de certains comédiens à suivre le rythme, cette initiative mérite d’être soulignée pour les éclats de rire qu’elle engendre. Quant aux costumes de Marc Senécal, les couleurs vives portées principalement par la rayonnante Catherine Sénart se mélangent au bleu marin qui inonde les vêtements des autres personnages. En toute subtilité, l’usage de textile tel que le jean donne aux princes et aux serviteurs un aspect plus moderne à leurs costumes d’époque et semble illustrer clairement les conflits générationnels toujours d’actualité. Tout à fait à leur aise, les interprètes jouissent également de la présence de deux musiciens pour donner le ton comique à un moment souvent insignifiant. Sans voler la vedette aux artistes sur scène, les concepteurs peuvent se féliciter d’avoir personnalisé la lecture de Béchard pour offrir un nouveau souffle à ce succès incontournable.
Fidèle à son habitude, Brière n’a besoin que de quelques secondes pour gagner le cœur de la foule. De bien petite taille devant le jeune Simon Beaulé-Bulman (Léandre), le vétéran comique ne tarde pas de faire ressortir cet écart physique pour provoquer le rire. Même genre d’abandon pour Coquereau qui, lui, exagère tous ses faits et gestes pour donner à voir un Argante complètement fou. Moins sous les projecteurs, Marie-Ève Beaulieu (Hyacinthe) et Catherine Sénart (Zerbinette) jouent bien leur rôle de femmes folles d’amour, mais sans se démarquer pour autant. Respectant son rôle de second plan, David-Alexandre Després (Sylvestre) donne la réplique à Robitaille sans chercher la reconnaissance du public. Néanmoins, son talent pour jouer la comédie lui vaut de sincères applaudissements. S’il est évident que Béchard n’a pas réinventé Les fourberies de Scapin, il est clair que, deux heures durant, celui-ci fait oublier les « fourberies » du quotidien !
19-01-2018