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slavSLĀV
Du 26 juin au 3 juillet 2018, supplémentaires du 4 au 14 juillet 2018 à 20 h
Annulation de toutes les représentations *

Incubateur d’un théâtre nouveau duquel surgit nouvelles formes artistiques et croisements de genres, la compagnie Ex Machina, connue pour déployer des univers visuels inventifs et surprenants, réservera au Festival International de Jazz de Montréal la primeur de son nouveau spectacle : SLĀV. Présenté quelques soirs seulement au Théâtre du Nouveau Monde, le spectacle offrira une odyssée théâtrale à travers les chants d’esclaves afro-américains, immortalisés dans les années 30 par l’ethnomusicologue Alan Lomax.

À la mise en scène, l’artiste multidisciplinaire Robert Lepage est réputé à l’échelle internationale pour l’originalité de sa démarche, bouleversant les standards en matière d’écriture scénique, notamment par l’utilisation de nouvelles technologies.  

Parmi les interprètes figurent six choristes, ainsi que la chanteuse à la voix incomparable Betty Bonifassi, dont les albums Chants d’esclaves, chants d’espoir et Lomax, vibrants hommages à la force de résilience, à la dignité et à la beauté des esclaves africains déportés en Amérique, sont au cœur des influences du projet.

SLĀV s’attarde à quelques familles de chants : les call songs qui accompagnaient l’éveil des esclaves, les work songs qui rythmaient les gestes mille fois répétés sur des chantiers de chemins de fer, les gandy dancers’ railroad songs, qui ponctuaient justement les efforts physiques collectifs requis pour mettre en place des voies ferrées, les field songs moins cadencées qui atténuaient la routine de la cueillette du tabac et du coton, les prisoners’ songs, qui parlaient de liberté perdue, et les complaintes et berceuses qui marquaient la fin d’un autre jour de labeur, ou exprimaient l’espoir d’être un jour libéré.

SLĀV est une odyssée du Sud au Nord, qui va de l’esclavage à la ségrégation, puis à l’incarcération massive qui trouve encore des exemples aujourd’hui, et en arrive enfin au mouvement d’affirmation amorcé dans les années 50. Et comme il s’agit d’une mise en scène de Robert Lepage, le propos est abondamment illustré : projections de films d’archives, scénographie composée de rails qui se déploient au sol comme dans les airs, rappels des codes brodés sur des courtepointes qui guidaient les esclaves fuyant vers la liberté par le chemin secret de l’underground railroad… En somme, une proposition hautement visuelle et théâtrale.

Chose certaine, cette collaboration laisse présager des propositions scéniques remarquables au cœur d’une grandiose célébration musicothéâtrale de la liberté de l’humanité. Un projet d’envergure qui donne déjà des frissons d’exaltation !


Conception et interprétation : Betty Bonifassi et six choristes
Conception et mise en scène : Robert Lepage


Crédits supplémentaires et autres informations

Conception et direction de création : Steve Blanchet

Communiqués de presse

28 juin 2018
* En raison d’une fracture de la cheville de l’interprète Betty Bonifassi, les organisateurs du Festival International de Jazz de Montréal ont le regret d’annoncer que les représentations du 29 et 30 juin + 2 et 3 juillet du spectacle SLĀV au TNM - Théâtre du Nouveau Monde sont annulées.
Les échanges pour une autre représentation ou les remboursements se feront au point d’achat. Plus d’informations à venir.



3 juillet 2018
Depuis le début des représentations de SLĀV, l’équipe du Festival est ébranlée et fortement touchée par tous les témoignages reçus. Nous tenons à nous excuser auprès des personnes qui ont été blessées et évidemment cela n'était pas du tout notre intention.


Pour le Festival International de Jazz de Montréal, l’inclusion et le rapprochement entre les communautés sont essentiels.

Nous avons pris la décision avec l’artiste Betty Bonifassi, d’annuler les représentations du spectacle dans le cadre du Festival.

D’ici la fin de la présente édition et pour les années à venir, le Festival poursuit sa mission :

- Soutenir le développement artistique de la musique jazz et de ses musiques apparentées et l’émergence de ses artistes, de même que favoriser la découverte, la promotion et le rayonnement des artistes.
- Rendre accessible à l’ensemble de la population une diversité de styles musicaux.
- Créer un rapprochement entre les diverses communautés par le biais d’une programmation musicale multiculturelle.
Les détenteurs de billets pourront obtenir un remboursement au point d’achat.
Billetterie du Théâtre du Nouveau Monde : 514 866-8668 poste 1.

La 39e édition du Festival International de Jazz de Montréal se déroulera du 28 juin au 7 juillet 2018.

Durée 100 minutes, approximativement

Billets de 60,50$ à 90,50$ taxes incluses

QUÉBEC : présentation de l'oeuvre finale le 14 avril 2018

Une production Ex Machina
Présentation Festival International de Jazz de Montréal


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Critique disponible
            
Critique

Depuis plus de dix ans, Betty Bonifassi s’intéresse aux chants d’esclaves composés par les Afro-américains du Sud au XIXe siècle, archivés et reconstitués par le musicoarchéologue Alan Lomax dans les années 1930. En témoignent d’ailleurs les deux albums qu’elle a enregistrés (Betty Bonifassi [2014] et Lomax [2016]) qui ont contribué à montrer le pouvoir rassembleur et émancipateur de la musique à cette époque. Avec SLĀV, présenté dans le cadre du Festival international de Jazz de Montréal, la compagnie Ex Machina, Robert Lepage et Betty Bonifassi se réunissent pour commémorer la résilience, la fierté et la force des peuples asservis par l’esclavage au cours de l’Histoire.

Trouvant sa source première dans l’histoire des États-Unis, SLĀV aborde également l’esclavagisme qu’ont connu les pays slaves [« L’Esclavonie »], l’Irlande ou Haïti. Le spectacle accorde aussi une place à des emblèmes de la lutte contre l’esclavage comme Harriet Tubman ou le Underground Railroad, l’objectif étant de mettre au jour les cicatrices que portent encore les descendants d’esclaves et d’admettre la part de responsabilité que l’on peut avoir comme peuple dans l’exploitation humaine qui perdure encore aujourd’hui dans plusieurs pays du monde. Or, cette dimension didactique s’intègre mal au spectacle, surtout dans les scènes qui cherchent à faire le pont entre la grande Histoire et celle beaucoup plus intime et banale des interprètes du spectacle. Il est malhabile qu’une conversation de café ou une rupture amoureuse devienne le prétexte de révélations-chocs sur le poids de l’héritage. De même, si l’intérêt et la compétence de Betty Bonifassi sur les chants d’esclave sont indéniables, certaines des choristes expriment ouvertement leur méconnaissance de l’histoire de l’esclavage et leur sentiment d’imposteur de participer à un projet auquel elles se sentent plutôt étrangères. En effet, les six femmes qui accompagnent Bonifassi sur scène démontrent de bonnes qualités de danseuses et de comédiennes, mais ce sont franchement leurs aptitudes de chanteuses qui épatent, autant dans les chants de groupes que dans les berceuses et les complaintes qu’elles exécutent en groupes réduits.

La scénographie du spectacle inspirée des chemins de fer et les éclairages donnent également lieu à des images très fortes qui évoquent tour à tour des champs de coton, les barreaux d’une prison ou l’industrialisation du début du vingtième siècle. Des images d’archives s’intègrent aussi au décor pour documenter certaines réalités méconnues ou occultées comme l’esclavage d’enfants irlandais, qui ont parfois été kidnappés pour amuser les enfants des familles bourgeoises. En contrepoint à ces révélations troublantes, certaines scènes sont jouées en direct grâce à une caméra suspendue au plafond. Cela permet entre autres de filmer un papier déposé sur la table d’un café sur laquelle une comédienne dessine son arbre généalogique pour prouver à son amie qu’elle est arrière-arrière-petite-fille d’esclaves africains et irlandais, malgré sa peau pâle et ses cheveux blonds. Si l’insertion de telles références avait sans doute pour objectif d’universaliser le propos et d’impliquer le spectateur dans l’Histoire, l’effet qui en ressort est plutôt celui de gommer le fait que bien qu’elle concerne tout le monde, l’histoire de l’esclavage est intimement liée à celle des Noirs.

Enfin, outre les problèmes éthiques largement abordés dans la presse des dernières semaines (appropriation culturelle, illustration du manque de diversité sur les scènes québécoises), SLĀV présente des maladresses d’un point de vue esthétique qui font écran à la force des chants interprétés et à la qualité vocale des interprètes. Bien que l’on puisse saluer le fait que l’équipe du spectacle ait adopté un point de vue féministe clair sur l’histoire de l’esclavage et ait voulu témoigner de sa révolte devant l’injustice, SLĀV aurait nécessité un fil narratif plus nuancé et une dimension pédagogique plus subtile pour prolonger dignement le travail si consciencieux poursuivi par Bonifassi depuis bientôt vingt ans.

03-07-2018


 
TNM
84, rue Sainte-Catherine Ouest
Billetterie : 514-866-8668 ou en ligne

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