C'est à vous de démêler le vrai du faux dans ce spectacle où mises à nu et supercheries s'immiscent malicieusement dans le récit. Entre musique, théâtre et danse, entre le fabriqué et le spontané, Éponyme enchaîne les situations surréalistes où l'autofiction sert de fil conducteur décapant. Venez assister à des révélations décalées, et surtout à un spectacle qui chaque soir se réinvente.
Le jeune collectif Le P.I.Q.U.A.N.T, pour Le Projet Indisciplinaire Québécois Utilisant les Arts Nécessaires à son Travail, réunit sept artistes de tous les horizons. Créé autour des notions d'authenticité, de vie privée et de fiction, Éponyme (fake-fiction) bouscule les codes de la représentation et ouvre sur une forme hybride où tous les mensonges sont permis.
Une production Le P.I.Q.U.A.N.T.
par David Lefebvre
Jouer, c’est mentir un peu…
Après s'être fait remarquer lors des éditions 2009 du OFF.T.A et du Fringe, le spectacle hybride et éclaté Éponyme (fake fiction) du collectif Le P.I.Q.U.A.N.T. (Le Projet Indisciplinaire Québécois Utilisant les Arts Nécessaires À son Travail) reprend du service pour méduser et ébahir les spectateurs, pour trois jours seulement.
Au centre de cette création tout à fait originale se trouve la question de l’authenticité, dans le spectacle comme dans la vie réelle. À coup de mensonges, de supercheries et de véritables confessions, des artistes de différents horizons – danse, musique, jeu – nous entraînent au travers plusieurs tableaux, qui passent de l’imitation à l’exercice de style, proposant au passage des performances musicales, des comparaisons et des leçons d’humilité. Chacun se révèle, mais dit-il la vérité? Est-il vraiment docteur, s’est-elle réellement blessée lors d’un épisode de Passe-Partout à un an et demi, a-t-il presque perdu son frère après un AVC lors d’une promenade en montagne? Lors de cette rafraîchissante autofiction, les acolytes (Marie Béland, Sophie Cadieux, Guillaume Girard, Hugo Gravel, Frédéric Lambert, Anne Thériault et Martin Vaillancourt), en allant d’un extrême à l’autre, d’un chaos à un enchaînement synchronisé, pour en analyser tout l’artifice, choisissent de montrer ou de cacher des secrets, des failles, des blessures, et s’interrogent, entre autres, sur la véracité ou le côté factice des émotions dans le spectacle, sur l’impact de la mise en scène dans notre vie quotidienne. Ils n’ont pas peur des mises à nu, au sens propre comme au sens figuré, et proposent un spectacle décapant, amusant, dont on ne peut absolument pas prévoir la suite des choses.
Le point le plus intéressant, peut-être, de Éponyme (fake fiction), est le mélange des genres, l’égalité entre les différents corps artistiques : la danseuse chante, l’acteur joue du violon (du moins, tente de le faire) et le musicien danse. Les comparses s’amusent de notre crédulité, et on en redemande. Si certains moments semblent presque être de véritables punitions, après un jeu de tag, de cache-cache, de roche-papier-ciseau ou simplement par hasard, d’autres proposent un côté ludique particulier : un concert sans son, un sketch très Bollywood ou différentes manières de saluer la foule qui applaudit. Quelques tableaux révèlent des passions, des guérisons, ou tout simplement des instants de pur plaisir entre amis, comme les reprises acoustiques à quatre voix de hits de Kylie Minogue, Britney Spears, Madonna, Ace of Base ou Mika.
Éponyme (fake fiction), ou l’art de se faire raconter n’importe quoi de la façon la plus sincère possible, que ce soit véridique ou non, à l’oreille ou en public. Charmant.