Égérie de l'inclassable Jan Fabre, électron libre de la scène flamande, Lisbeth Gruwez va mettre tous les spectateurs K.-O. avec sa nouvelle création : Birth of Prey. Pour cette « naissance de la proie », elle s'offre entière dans un solo qui convoque l'humain et l'animal, se retrouvant tantôt dans la peau du prédateur, tantôt proie d'elle-même. Instinct, corps et amour se déploient, en travers d'une cage sonore érigée par le batteur Dave Schroyen et le guitariste Maarten Van Cauwenberghe. Avec cette observation aiguisée des rituels et du langage corporel, Lisbeth Gruwez vient nous hanter et nous sert une performance scénique complètement hypnotique.
Lisbeth Gruwez a marqué les esprits avec Je suis sang et le solo Quando l'uomo principale è una donna de Jan Fabre ainsi que l'inoubliable Foi de Sidi Larbi Cherkaoui (compagnie les ballets C de la B). En 2006, elle crée la compagnie Voetvolk avec son complice Maarten Van Cauwenberghe. De cette collaboration naîtra en 2007 une première pièce, Forever Overhead, sur le thème de la chute.
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Production : Voetvolk en coproduction avec Buda kunstencentrum, TROUBLEYN/Jan Fabre.
Birth of Prey a bénéficié du soutien de De Vlaamse overheid.
Présentation : Usine C
par Gabrielle Brassard
Tout de noir habillée, à l’exception de son dos découvert qu’elle exhibe en premier, la danseuse Lisbeth Gruwez surgit de l’ombre, éclairée par un faible halo de lumière, pour son solo Birth of Prey. Et quel dos! Recroquevillée au milieu de la scène, entre deux musiciens (l’un à la batterie, l’autre à la guitare électrique), Gruwez joue avec chacun des muscles de son dos, dans une danse sensuelle avec son propre corps. On y voit des ondulations, des os, de la chair qui bouge, ressemblant étrangement aux mouvements de la mer, faisant apparaitre l’illusion d’une autonomie, comme si le dos s’appartenait, se détachait du reste du corps de la danseuse. Cette introduction, d’une quinzaine de minutes, est difficile à décrire, mais l’effet est saisissant, et on ne peut qu’admirer la façon presque inhumaine avec laquelle Gruwez utilise cette partie précise de son corps.
Entraînée peu à peu par les rythmes toujours plus rapides et forts des instruments de Dave Schroyen et Maarten Van Cauwenberghe, la danseuse se lève peu à peu, toujours en bougeant chacun de ses muscles pour bien les faire ressortir, jusqu’à s’avancer à un micro, à l’avant-scène, dans lequel elle crie sa rage de vivre quelques instants. Se laissant guider par la musique, la chorégraphe belge s’anime, occupe toute la scène de mouvements brusques, parfois presque animaux, pour finalement mourir sur la scène, telle une bête qui vient au monde, que l’on traque et que l’on tue.
La scénographie est épurée pour laisser toute la place à la danseuse et à ses musiciens. Gruwez utilise également sa voix, surtout pour la finale, donnant une autre dimension que seulement la danse à Birth of Prey. Viscérale, physique, la chorégraphie de Gruwez est instinctive et force l’admiration face à l’utilisation du corps de façon si précise, si brute.
Lisbeth Gruwez est l’une des égéries du célèbre artiste Jan Fabre, avec qui elle apprend à surpasser ses limites. Elle se démarque dans plusieurs productions (Je suis sang, Quando l’uomo principale è una donna) et plusieurs films (Les Guerriers de la beauté, Lost Persons Area) tout au long de sa carrière. Avec son complice Maarten Van Cauwenberghe, elle fonde en 2006 la compagnie Voetvolk, dont la devise est « Lance ton corps sur la ligne de front ». Birth of Prey, produit par Voetvolk, est un spectacle qui respecte tout à fait ce credo.