La Compagnie des Artistes en Résidence de Calgary prend l'affiche pour la première fois à Montréal avec Lucy Lost Her Heart, une pièce-installation qui entrelace la danse et le théâtre comme autant de fenêtres ouvertes sur la question de la mémoire.
Il était une fois la ville de Lucy. Dans un monde post-apocalyptique, des personnages fantasques, piégés dans les souterrains d'une ancienne ville minière et désormais fantôme s'interrogent sur l'aliénation des sociétés modernes. Les mots et les morts viennent les hanter depuis les fins fonds de l'histoire. Comme un reste d'humanité oubliée, Pocahontas, Soldat perdu, Flip, Red, Pierre et un grizzly préhistorique déambulent dans ce labyrinthe, au fil des histoires qui se racontent, se tissent et se détissent en essayant de donner un sens à leur survie. Tous cherchent le moyen de sortir de là, mais l'échelle reste introuvable… Ils dansent, chantent, et convoquent l'imaginaire tels les rescapés actifs d'un naufrage idéologique qui s'empareraient de bribes de sens pour en reconstruire un autre. Ensemble, morts et vivants feront fondre la peur du futur comme un simple petit tas de neige. Lucy Lost Her Heart nous interroge sur la violence du passé ancrée dans les inconscients et tente de formuler des horizons futurs encore à inventer.
Fondé en 1991 à Calgary par le metteur en scène Mark Lawes, le Theatre Junction GRAND programme des productions locales, nationales et internationales. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des principaux lieux dédiés à l'art vivant contemporain au Canada. Mark Lawes et la Compagnie des Artistes en Résidence ont fait, de cette structure unique, leur espace de création de formes hybrides et multidisciplinaires, ainsi qu'un lieu d'accueil et de diffusion.
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Décor : Deeter Schurig
Lumières : Geoff Bouckley
Son : Philip Cimolai
Costumes : Lauren Tamaki
Musique : Chris Dadge
Production : La Compagnie des Artistes en Résidence
Présentation : Usine C
par l'équipe de MonTheatre.qc.ca
La pièce de la compagnie des Artistes, en résidence à Théâtre Junction GRAND et tout droit venue de Calgary, dirigée par Mark Lawes depuis sa création, est difficilement qualifiable, tant elle part dans tous les sens. Explications.
L’histoire principale raconte sommairement la vie des habitants de la ville nommée Lucy. Recouverte de glace, elle se trouve désertée depuis que les habitants se sont enfouis dans la mine de charbon qui les faisait vivre. La pièce s’ouvre sur la vie de quelques membres de la population dans les confins de la mine. Ils ne peuvent plus en sortir, l’échelle qui les menait à la sortie s’étant volatilisée.
Viennent se greffer à cette histoire des personnages prenant des noms fictifs pour mieux se décrire. Ainsi apparaissent Pocahontas, Soldat perdu, Flip, Red et Pierre qui joue aussi un grizzly. Chacun raconte ses souvenirs avant son arrivée à la mine, puis les expériences passées dans son nouveau mode de vie.
Pour ajouter une autre couche au propos, certains de ces personnages sont morts, mais vivent tout de même parmi les vivants. Comme cela ne semble pas assez touffu, l’auteur et metteur en scène Lawes et la coauteur et comédienne Raphaele Thiriet ont ajouté des rapports entre les personnages plus ou moins clairs. Ainsi, Red et Pocahontas se seraient aimées en présence de Pierre, qu’elles soignaient toutes deux. Selon Soldat perdu, Pierre est le fils qu’il aurait eu avec Pocahontas avant d’aller à la guerre, chose que cette dernière nie en affirmant que Pierre est son frère. Rappelons au passage que le comédien qui incarne Pierre a un âge de casting de 50 ans minimum et que sa mère ou sœur semble avoir la trentaine. Un détail parmi d’autres incongruités.
La pièce se joue en anglais et en français, surtitres à l’appui pour détendre d’un possible mal de tête, tant les comédiens sont bavards. Pour dire quoi ? Parler de l’intime, du destin, de rencontre, bref, de tout ce qui ne concerne pas directement les raisons pour lesquelles la glace a recouvert la surface de la Terre, la vie dans la mine ou d’autres sujets liés à la trame principale, voire, les trames principales.
Ces envolées de verbiages sont surtout basées sur les improvisations des comédiens, sauf que les auteurs semblent avoir délaissé la construction de ces monologues enchevêtrés de dialogues, figeant plus en avant des interprètes qui sont laissés à eux-mêmes.
En ce qui a trait à l’aspect multidisciplinaire dont se targue la Cie, n’en ressortent du spectacle que des propositions inachevées, au même titre finalement que le contenu. Un musicien dans un coin de l’espace, des moments chorégraphiés à la va-comme-je-te-pousse, des chansons à la mélodie simpliste, un décor extra théâtral fait de cubes jaunes aux angles moderno-kistchs et d’un meuble en angle sous-utilisé, un écran suspendu sur lequel des projections faisant appel au souvenir ou grossissant ce qu’on voit sur scène, donnant dans le déjà vu.
Que reste-t-il de ce moment condensé en une heure et des poussières ? Un amas de bonnes idées qui n’ont pu être exploitées à leur plein potentiel.