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Du 4 au 6 octobre 2012, 20h, dimanche 7 octobre 17h
Invisible TomInvisible Atom
Première québécoise
En français : jeudi 3 et vendredi 4 octobre
In English: Saturday and Sunday, Oct. 5-6th
De et avec Anthony Black
Mise en scène Ann-Marie Kerr

2b theatre company débarque avec une création aussi minimaliste qu’engagée, qui va nous mettre face à notre soif d’ascension sociale toujours plus inextinguible.

Authentique épopée à taille humaine, Invisible Atom commence par une « success story », celle d’Atom qui possède tout ce qu’il désire : une petite amie magnifique, une carrière brillante dans la finance, un nouvel enfant. Mais quand il subit un violent revers de fortune, il se retrouve suspendu à un moment précis dans le temps et l’espace, là où sa progression fulgurante s’essouffle et où la chute irréversible lui ouvre les bras. Dans cette fraction de seconde critique, la durée se liquéfie et les lois matérielles s’étiolent. Mais au moins, Atom aura la chance de s’expliquer…

Tout ce qui monte un jour finit-il par redescendre ? À la manière de la physique moderne qui étudie le plus petit comme le plus grand, Invisible Atom pose un regard acerbe sur ces avancées qui nous échappent, à l’intérieur d’un espace scénique intime.

Installée à Halifax, 2b theatre company s’évertue à stimuler la pensée et bousculer les esprits. Sa puissance de frappe se caractérise par sa justesse à sonder l’âme humaine à travers des thématiques variées : les conséquences psychologiques de l’Holocauste (East of Berlin), la lutte contre le cancer (The Story of Mr. Wright), la recherche du confort (When it Rains) ou la reconversion professionnelle (Homage). Lors de sa présentation au Festival Fringe d’Édimbourg, Invisible Atom a remporté un Scotland Herald Angel Award.


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Direction de production Louisa Adamson
Son Christian Barry
Lumières Leigh-Ann Vardy
Dramaturgie Ann-Marie Kerr et Christian Barry
Crédit photo Nick Rudnicki

Production 2B Theatre Company


Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: (514) 521-4493

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 Critique
Critique

par Gabrielle Brassard


Crédit photo : Nick Rudnicki

Provenant tout droit de la Nouvelle-Écosse, 2B Theatre Company présente, pour quelques soirs seulement, Invisible Atom, un one-man-show qui raconte avec humour et désespoir la chute d’un homme.

Rares sont les spectacles qui se permettent un discours dense et profond sur la société. C’est pourtant ce que fait Atom, le personnage interprété par Anthony Black, également auteur de ce monologue d’une heure, qui s’attarde notamment à la physique de l’univers et au système économique.

Atom a tout : un travail qui lui fait gagner 400 000$ par année, une voiture rutilante, une énorme maison, une copine ravissante et un nouveau-né. Mais suite à un revers de fortune, Atom remet toute sa vie, et la vie en général, en perspective, jusqu’à l’irréparable. Se basant sur des éléments physiques pour comprendre l’univers qui l’entoure, et en questionnement le système capitaliste qui en mène plusieurs à leur perte, Atom entreprend un genre de «quête de la vérité». Plus il devient conscient de la dure réalité, plus il devient lucide, et presque fou.

Malgré un discours touffu, qui demande une certaine concentration intellectuelle (mais qui fait du bien), Anthony Black interprète son personnage d’homme en chute libre avec justesse, cynisme et humour, ce qui nous permet d’apprécier encore plus ce monologue de qualité. Les réflexions que se passe Atom, alors qu’il réalise le monde dans lequel il évolue, sont livrées avec rigueur, énergie et lucidité. Le spectateur se retrouve facilement dans les propos de cet homme qui réfléchit et dit à voix haute ce que beaucoup pensent à voix basse.

Si Invisible Atom a été jouée plus de 130 fois en anglais à travers le Canada et en Écosse, y remportant un «Scotland Herald Angel Award», la pièce est présentée pour la première fois en français à l’Usine C. Black s’exprime dans un français impeccable, qu’il maitrise tout à fait. Il est probablement plus à l’aise dans sa langue maternelle, mais la version traduite passe tout à fait. Chapeau à cet acteur, seul sur scène pendant une heure, et polyvalent dans les deux langues, en plus d’incarner une demi-douzaine de personnages.

La mise en scène (Ann-Marie Kerr) ne peut être plus simple ; Black se tient durant toute la pièce sur une petite plate-forme carrée, et seul le jeu de lumière constant nous permet de comprendre l’interprétation des différents personnages. Pas de musique, quelques sons ponctuels ; la table est mise pour vraiment servir le propos et pour qu’aucune distraction ne vienne nous en détourner.

On apprécie Invisible Atom pour ses réflexions de vies, qui remettent en cause la nôtre. Anthony Black est à voir ; il tient à lui seul cette pièce, qui ne se gêne pas pour plonger dans une critique acerbe de notre société. Nous devrions en tirer exemple. À voir.

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