Quatre récitants font entendre en chœur la musique des mots et les accents de la colère. Une colère froide qui décline toutes les horreurs d'un monde où se déchaîne la fureur des hommes. Mais, au-delà des êtres humains, Michel Onfray dénonce aussi, avec lucidité, les religions perverties, les révolutions trahies, les idéologies subverties, les utopies dévoyées. Dans la deuxième partie du spectacle, les récitants nous disent les petits bonheurs de ce sage rebelle retiré du monde et vivant en harmonie avec la nature.
Jean Lambert-wild, homme de théâtre, Michel Onfray, écrivain et philosophe, Carolyn Carlson, chorégraphe, Jean-Luc Therminarias, compositeur, et François Royet, réalisateur s’unissent pour un spectacle sans concession à l’univers original et vibrant. Une odyssée onirique qui nécessite de se doter de lunettes 3D pour apprécier pleinement les images de cosmos et de chaos décuplées par l'énergie tellurique de la chorégraphe Carolyn Carlson. Au milieu d'une immense étendue d'eau colorée, un danseur irradie la scène de sa puissance physique. Il témoigne de l'immanente prééminence de la nature. Une utopie libératrice à l’ombre des forêts.
Jean Lambert-wild propose un théâtre qui unit plusieurs écritures, un art multi « médium », où toutes les disciplines peuvent s’exprimer et faire sens. Il envisage chacun de ses projets comme un long voyage d’expériences et de recherches auquel il invite ses fidèles collaborateurs. Ensemble, ils bouleversent les codes de la narration et de la représentation et explorent de nouvelles perspectives pour le théâtre et l’écriture scénique.
Section vidéo
une vidéo disponible
Direction Jean Lambert-wild
Musique Jean-Luc Therminarias
Images François Royet
Pictoglyphe Mark Alsterlind
Lumières Renaud Lagier
Tissures Françoise Luro
Costumière Annick Serret
Direction technique Claire Seguin
Régie générale Gonzag
Son Christophe Farion
Programmation son Léopold Frey
Conception du système de projection 3D Quentin Descourtis
Programmation vidéo Julien Delmotte
Régie vidéo Frédéric Maire
Régie lumière Martin Teruel
Régie plateau Serge Tarral
Décor et costumes réalisés par les ateliers de la Comédie de Caen sous la direction de Benoît Gondouin
Constructeurs Bruno Banchereau, Patrick Demière, Pierre-Amaury Hervieu, Hubert Rufin, Serge Tarral
Réalisation des costumes Antoinette Magny
Photographies Tristan Jeanne-Valès
Tarifs (taxes incluses, frais de service en sus)
35$ Régulier
32$ Réduit (aînés)
27$ Réduit (jeunes, étudiants et pros / justificatif requis)
Points de vente
- Usine C – 1345 av. Lalonde, Montréal
- Escales Improbables de Montréal – 2025 rue Parthenais, Local #246, Montréal
Achat en ligne
- www.usine-c.com : ouverture le 20 août (le 13 août pour les abonnés de l’Usine C)
- www.admission.com
Une coprésentation Usine C / Les Escales Improbables de Montréal avec le soutien du Conseil des arts du Canada et du Service de Coopération et d’Action Culturelle du Consulat Général de France à Québec
par Pascale St-Onge
Après la présentation de La Sagesse des Abeilles à pareille date l'an dernier, Jean Lambert-Wild revient avec un spectacle du même cycle, toujours basé sur un texte du philosophe français Michel Onfray. Usant de multiples technologies en scène, Le recours aux forêts se veut une expérience sensorielle riche.
Avec un danseur, Juha Marsalo, ainsi que quatre voix pour donner vie à ce texte, il y a sur scène une tentative complexe et dense de mettre en image et en voix la réflexion d'Onfray sur le lien qui nous unit à la nature lorsque l'homme n'en peut plus de l'homme. La première partie du spectacle se concentre sur la prise de conscience des horreurs du monde, la seconde est la concrétisation de ce « recours aux forêts ». Se basant à nouveau sur le philosophe présocratique Démocrite, le retour à la nature est ici considéré comme seul salut pour l'humain, dit ici « le rebelle », qui souhaite créer une rupture entre lui et sa civilisation.
Sur le plan technique, le spectacle déborde de médiums différents et il faut bien avouer que certains nous convainquent davantage que d'autres. L'idée de l'utilisation de la 3D amuse aux premiers abords, surtout lors de la remise de lunettes à cet effet à l'entrée de la salle, mais nous en sommes rapidement désillusionnés. Son apport est malheureusement trop pauvre pour en valoir la peine et devient, par le fait même, plutôt non pertinent. Il en devient même dérangeant lorsqu'on tente de s'attarder à d'autres éléments du spectacle, comme la performance du danseur, parfois engloutie sous tant d'artifices. À un point tel qu’un questionnement survient : que peut réellement apporter la 3D dans un contexte de spectacle vivant? Peut-il y avoir une pertinence et un intérêt et peut-on rendre encore plus interactif visuellement le vivant? Cependant, tout le reste, soit la musique live, la vidéo ou encore tout l'appareillage scénique aquatique dans lequel évolue l'énigmatique et talentueux danseur, s'emboîte de façon fluide et vient contenter nos sens. Malgré un certain ratage avec l'utilisation tant attendue de la 3D, l'utilisation des différents médiums est certainement le grand intérêt de cette production.
Pour ce qui est du sens, le spectacle demeure essentiellement dans la philosophie. Il semble n'y avoir eu aucun désir de théâtraliser cette pensée, de lui donner un pouvoir d'action si nécessaire au théâtre. La pensée, traduite par les quatre voix en choeur, demeure indirecte et figée ; elle est construite sous deux grandes idées répétées à profusion, soit « J'ai vu » en première partie et « Je veux » en deuxième. Il est davantage question de contemplation de l'horreur du monde et d'idéalisation d'un retrait dans la nature. Alors que le danseur, incarnant le rebelle, désire se couper de toute logique civile, le geste chorégraphié demeure pourtant issu de cette logique sociétale, usant, par exemple de pavés pour se mouvoir dans l'eau à la toute fin du spectacle, telle la construction de routes dans le monde. L'homme peut-il véritablement se couper de l'unique façon de vivre qu'il connaît? Le texte nous pousse à cette question, évoquant le désir de ce rebelle de revenir en société lors du moment de sa mort, même s'il a « aimé la terre ».
Si Le recours aux forêts est visuellement saisissant, son propos demeure vaporeux et ne prend aucune attache dans les divers médiums qui composent l'écriture scénique de ce spectacle. Si la philosophie de Michel Onfray n'a pas l'habitude de laisser indifférent, elle nous glisse, ici, entre les doigts.