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Du 21 octobre au 1er novembre 2014
Actoral - Festival international des arts et des écritures contemporaines

L’Usine C et le Festival Actoral (France) s’associent pour présenter cette année un évènement inédit. L’occasion unique de découvrir des auteurs à l’écriture singulière, des formes issues de la scène émergente et des artistes emblématiques de la scène contemporaine francophone.

Fondé en 2001 à Marseille, le Festival Actoral interroge les écritures contemporaines dans tous les domaines artistiques. Cette année, actOral propose à Marseille, avec la complicité de l’ Usine C, un temps fort dédié à la richesse et la diversité des écritures de la scène contemporaine québécoise. Et L’Usine C accueillera une édition spéciale du festival coproduite avec actoral, fruit d’une collaboration de deux années.

APERÇU DE LA PROGRAMMATION
(pour les détails de la programmation, visitez www.usine-c.com)

LECTURE
21 octobre

De Nathalie Quintane

Auteure, poète, publiée notamment par P.O.L, performeuse de ses propres textes, Nathalie Quintane incarne l’esprit pluriel et critique d’actoral. Marraine de la 14ème édition du Festival actoral à Marseille.

Prix unique 10$



LA SOCIÉTÉ DES CHOSES
21-22 octobre

De Gérald Kurdian

Inventeur d’univers et laborantin lo-fi , Gérald Kurdian utilise notamment son passé de radiophoniste pour développer un travail de performances musicales à mi-chemin entre la chanson pop, le documentaire et le sémiologique « (à propos de La solidité des choses) Ce serait un peu comme un concert de chansons d’amour au piano dans un décor de série Z, avec une chorale d’hologrammes » Gérald Kurdian



L'OBJET DES MOTS - VAUBAN
24-25 octobre

De Marie Brassard et Alain Farah

 



SPECTACLE DE ANNE JAMES CHATON
22 octobre

Poète sonore et plasticien, fondateur de revues et initiateur du festival Sonorités – du texte au son_à Montpellier, Anne-James Chaton développe son écriture poétique en collaboration avec d’autres artistes de la scène. Ses travaux plastiques sont eux-mêmes puisés dans ses travaux d’écriture. Il a été le parrain de la 12ème édition d’actoral.



KINDERTOTENLIEDER
24-25 octobre

Conception Gisèle Vienne
Texte et dramaturgie Dennis Cooper
Créé en collaboration avec + interprétation Jonathan Capdevielle, Margret Sara Gudjonsdottir, Guillaume Marie, Anja Röttgerkamp et Jonathan Schatz

Avec Kindertotenlieder, Gisèle Vienne poursuit sa quête obsessionnelle autour des fantasmes qui lient le sexe et la mort. Elle réunit sur scène l’auteur américain Dennis Cooper et le duo KTL (Stephen O’Malley et Peter Rehberg) représentant du drone, courant musical minimaliste. Ensemble, ils convoquent les Perchten — créatures ambivalentes de la tradition autrichienne surgies au milieu de l’hiver afin de chasser les démons et de punir les âmes damnées — pour une pièce d’une beauté, d’une langueur et d’une violence troublantes.



L'OBJET DES MOTS - UNCANNY VALLEY STUFF
24-25 octobre

De Dana Michel et Yoan Sorin

 



L'OBJET DES MOTS - NOUS HABITERONS DÉTROIT
24-25 octobre

De Sarah Berthiaume et Julien Gosselin

 



POURQUOI EVE VIENT-ELLE CHEZ ADAM CE SOIR ?
24-25 octobre

De Anja Tillberg

Portée par une troupe de jeunes comédiens formés à Liège, cette création collective conçue par Anja Tillberg, est volontairement inspirée du fi lm culte Stalker d’Andreï Tarkovski. C’est une invitation au voyage dans l’esprit troublé d’un antihéros, au coeur des rêves et des souvenirs.



MOUVEMENT SUR MOUVEMENT
28-29 octobre

De Noé Soulier

Noé soulier nous fait voyager dans les arcanes de la création de William Forsythe. Il interprète une danse par fragments, ludiques et pédagogiques, imaginée à partir des séquences des Improvisation Technologies du chorégraphe avec qui il est entré en dialogue.



NÉCESSAIRE ET URGENT
28-29 octobre

Texte Annie Zadek
Mise en scène et chorégraphie Hubert Colas
Avec Bénédicte Le Lamer, Thierry Raynaud

Accueilli avec enthousiasme à l’Usine C en 2012 avec Kolik de Rainald Goetz, puis en 2014 avec Face au mur de Martin Crimp, Hubert Colas revient en force avec Nécessaire et urgent, un texte d’Annie Zadek, construit sous la forme de centaines de questions sans réponse. Exactement 524 questions que l’écrivaine n’a pas posées à ses parents aujourd’hui décédés. Sur scène résonnent ces interrogations sans destinataire, réveillant le destin tragique de la famille juive polonaise d’Annie Zadek. Avec justesse, la pièce interroge cette « impossible transmission du vide » laissée par les disparus et la contamination du présent par l’horreur du passé.

Auteur, metteur en scène et scénographe marquant de la scène contemporaine française, Hubert Colas ne se lasse pas de célébrer l’écriture théâtrale dans toute sa diversité. Réputé pour ses mises en scène brillantes, il explore les écritures fortes de Gombrowicz, Christine Angot, Sarah Kane ou encore Rainald Goetz. Cofondateur et codirecteur du centre de création Montévidéo, il initie le Festival actoral à Marseille en 2001. En 2012, il reprend la direction de la revue littéraire marseillaise IF.



ADIEU ET MERCI
31 octobre et 1er novembre

Conception et interprétation Latifa Laâbisse

Chaque fin de représentation est habituellement marquée par la cérémonie des adieux et des mercis, le salut des interprètes. La chorégraphe et danseuse Latifa Laâbissi se livre à ce rituel pour en décortiquer toutes les formes : sociale, politique, cérémoniale ou comique. Construit à la charnière entre les genres, Adieu et merci se présente tel un conte, aussi sensuel que cruel, dans un magnifique duo entre l’interprète et son rideau de scène.

Latifa Laâbissi parcourt la scène contemporaine depuis 1990 aux côtés notamment de Loïc Touzé, Dominique Brun, Boris Charmatz et Robyn Orlin. Ses pièces, installations ou conférences performées redéfinissentles formats et introduisent des paysages anthropologiques où se découpent des histoires, des figures et des voix dans lesquelles dialoguent corps personnel et corps social.



UNE EXCELLENTE PIÈCE DE DANSE
31 octobre et 1er novembre

Texte Annie Zadek
Mise en scène et chorégraphie Hubert Colas
Avec Bénédicte Le Lamer, Thierry Raynaud

Sur un plateau flottant qui sculpte l’espace et modifie les perspectives, un musicien et un danseur inventent une performance absurde où les codes de la représentation sont détournés. On passe du délire psychotique à la loufoquerie puis de la rêverie à l’inquiétude à travers les figures qui se relaient sur scène : un motard qui prend feu, un roi de pacotille mangeur d’huitres, un musicien désappointé… Enchaînant les chocs et les accalmies, Une excellente pièce de danse est une expérience picturale et sonore qui se joue des clichés du spectacle vivant.

En 2002, Thomas Ferrand fonde la compagnie Projet Libéral avec laquelle il monte plusieurs laboratoires et spectacles, dont une inoubliable carte blanche à La Ménagerie de verre à Paris. Véritables « poèmes scéniques », ses créations sont marquées par la prise de risque et le rejet de tout carcan trop étroit. Il est également rédacteur en chef de la revue Volailles.


 

Tarif
régulier 25$
aîné 23$
réduit 20$

 


Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: (514) 521-4493

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 Critiques
Critique

par Sara Thibault

Du 21 octobre au 1er novembre, l’Usine C accueille une partie de la quatorzième édition du festival français ActOral, consacré aux écritures contemporaines interdisciplinaires. Constatant depuis quelques années une réelle filiation entre les artistes européens et montréalais, le directeur du festival, Hubert Colas, a choisi cette année de transporter  à Montréal une partie de la programmation habituellement concentrée à Marseille. Le festival ActOral cherche à faire découvrir des écritures singulières qui posent un regard différent sur le monde. Parmi la dizaine de propositions du festival, nous avons choisi de nous concentrer sur la soirée du 24 octobre, comprenant deux spectacles d’un peu plus d’une heure, séparés par une courte performance.



Crédit photo : Sylvain Daï

Pourquoi Ève vient-elle chez Adam ce soir? d’Anja Tillberg
Inspiré des films Stalker de Tarkovski et Adam et Ève de Boulgakov, Anja Tillberg propose une incursion dans l’appartement/bureau/laboratoire d’Adam Krassovski, un antihéros sociopathe dont la tranquillité est dérangée par l’arrivée réelle ou rêvée d’une femme. Bien que les comédiens soient excellents et l’histoire assez drôle, ce sont la minutie et l’ingéniosité de la scénographie qui épatent. Le public est tout de suite physiquement mis à distance, n’ayant accès à ce qui se passe sur scène qu’à travers une boîte vitrée dans laquelle est aménagé avec le plus grand soin un bureau. Le désordre des objets qui jonchent les meubles et les centaines de notes, d’articles de presse, de photos et de papiers accrochés au mur illustrent parfaitement la démesure du personnage dont l’occupation principale est de boire compulsivement du café. La création collective qui est à l’origine du spectacle a sans doute contribué à un tel souci du détail, allant même jusqu’à reproduire de la pluie sur les vitres de la maison, brouillant volontairement la vue du public dans les derniers moments de la pièce. Ce voyeurisme auquel est soumis le spectateur qui épie ce qui se passe de l’autre côté de la vitre/miroir est accentué par la retransmission en voix-off de toutes les pensées du personnage. Ainsi, les questionnements et les doutes d’Adam sont partagés avec le spectateur à son insu. Anja Tillberg arrive à reproduire au théâtre le rapport omniscient qu’aurait un lecteur avec le héros de son roman. L’expérience est ludique et charmante.

Uncanny Valley Stuff, de Dana Michel et Yoan Sorin
En mélangeant le théâtre, les arts visuels et la musique, Dana Michel offre une performance d’un peu plus de vingt minutes sur le thème de l’identité. Objet étrange que ce rite initiatique où l’artiste semble complètement habitée par ses pulsions créatrices. Assurant à la fois les rôles de chorégraphe, de scénographe et d’interprète, Dana Michel crée un monde hermétique dans lequel le spectateur entre difficilement.



Crédit photo : Mathilde Darel

Kindertoitenlieder, de Gisèle Vienne
Avec son spectacle Kindertoitenlieder, la chorégraphe, metteure en scène et plasticienne Gisèle Vienne nous convie à une cérémonie funèbre où un fantôme revient dans l’univers de l’adolescent qui l’a assassiné. Sur scène, acteurs et mannequins plus vrais que nature se côtoient sans que l’on ne puisse distinguer les uns des autres. La musique heavy metal minimaliste du duo KTL (Stephen O’Mallet et Peter Rehberg) rythme tout le rituel pendant que des flocons de neige tombent sur la scène, allant même jusqu’à ensevelir les corps étendus au sol. L’artiste franco-autrichienne convoque également les Perchten, des créatures issues de la culture germanique qui surgissent en hiver pour chasser les démons et punir les âmes damnées. Notamment à cause de ces personnages effrayants, Philippe Couture a qualifié l’univers créatif de Vienne de « romantico-cruel ». Certaines actions, souvent à caractère sexuel, sont d’une violence inouïe et les quelques rares répliques des personnages sont très vulgaires malgré la nonchalance avec laquelle elles sont prononcées : « When I grow up I want to chuh-a-lug a zillion beers then behead your wife and kids. What do you want to be? I mean besides my sex slave slut? » Le spectacle saisit et bouleverse. Rapidement, les allures de paysage alpin enneigé et d’hommage à un ami décédé cèdent la place au rituel pulsionnel à la fois sensuel et mortifère duquel personne ne ressort indemne. L’art de Gisèle Vienne ne ressemble définitivement à rien d’autre et c’est peut-être pour cette raison qu’il dérange autant.

Comme le mentionne le directeur du festival Hubert Colas, on constate qu’une nouvelle génération d’artistes s’inscrit au-delà du genre, mêlant le théâtre à la danse, la musique aux arts plastiques et à la performance. C’est là que résident l’intérêt et la pertinence d’accueillir un festival comme ActOral à Montréal. Bravo à l’équipe de l’Usine C pour son audace!

28-10-2014