Entre installation, récits et performance, à la fois documentaire du moment présent et visite guidée de mondes inventés, Dreamland est un dialogue ouvert librement inspiré par l’histoire de Coney Island, ce parc d’attractions new-yorkais de la fin du XXe siècle.
De tout temps, les cités contemporaines et les parcs d’attractions ont cohabité, parfois même ils se sont soudés jusqu’à faire naître un « entremonde ». C’est dans cette brèche formée par la fusion de ces entités particulières que s’aventure Dreamland pour nous ramener des fables musicales, sonores et visuelles. Au centre du public, une table imposante, à la fois banquet d’objets animés, maquette de cité et instrument de musique géant, forme le terrain de jeu où dialoguent le miniature et l’amplifié, l’organique et la mécanique, l’architecture concrète et le rêve. Une épopée fantastique pour machines, patentes et performeurs-bricoleurs.
Bruno Bouchard est davantage connu pour ses multiples collaborations, notamment avec L’orchestre d’hommes-orchestres qui a présenté à l’Usine C Kurt Weill : Cabaret brise-jour et autres manivelles. C’est avec Pascal Robitaille et Philippe Lessard-Drolet qu’il fonde la compagnie de création multidisciplinaire, le théâtre Rude Ingénierie, à la fois laboratoire de recherche et organisme de production fortement marqué par le pouvoir de l’objet transformé, le théâtre d’actions et l’art installatif.
Section vidéo
Régulier 32$ / Ainés 28$ / Réduit 24$
Production du Théâtre Rude Ingéniérie
Présentation Usine C
par Pascale St-onge
(NDLR – Pascale a pu assister à la représentation de Impatience et à l’installation/performance Dreamland alors qu’ils étaient présentés le même jour. Voici ses critiques.)
IMPATIENCE
Depuis un an et demi, Anne-Marie Ouellet travaille avec trois adolescents et deux adultes pour créer le sympathique spectacle Impatience. Traitant de l’adolescence et de ses aspects multiples, la démarche de la metteure en scène est rafraîchissante et authentique.
Il y a un réel plaisir à observer ces jeunes non-acteurs interagir entre eux et s’adresser à nous avec autant de franchise et de vulnérabilité. Rapidement, nous sommes attendris. Ils nous confient, en gardant floue la limite entre réel et mensonge, ce qu’ils aiment, leurs craintes, mais surtout ce qu’ils attendent de l’avenir et de la vie adulte qui est à leur porte. La conception sonore indispensable de Thomas Sinou ajoute à l’ensemble un caractère festif et nous donne à la fois l’impression d’être intimes avec les performeurs pour l’espace d’un moment. Tout au long du spectacle, le public est très réactif, preuve du talent d’Anne-Marie Ouellet à créer un véritable lien entre la scène et les spectateurs.
On rit de bon cœur sur le coup, le plaisir est bien réel, mais après la représentation, il demeure ce sentiment que peu de choses, au fond, ont été dites sur l’adolescence. Drôle à dire pourtant, surtout lorsqu’on s’attarde à la démarche artistique de Ouellet dans toute sa complexité, incluant son aspect à la fois très sensible et documentaire. Il manquait bien peu pour faire de ce spectacle une réussite sur tous les plans, mais il est souhaitable que le chaînon manquant soit réintégré dans la prochaine production de la compagnie, portant cette fois sur les personnes âgées en CHSLD, et ce, dans une démarche similaire. À suivre.
DREAMLAND
Entre installation et performance, Dreamland s’inspire d’anciens parcs d’attractions américains du siècle dernier. Une grande table à buffet est occupée par des tonnes d’objets de tous genres et de petits systèmes mécanisés qui permettent à l’ensemble de prendre vie.
À l’aide d’une poignée de performeurs-acteurs, l’installation s’anime. C’est avec beaucoup de mystère et un appel à l’émerveillement que l’équipe invite le public à déambuler autour de ce grand banquet pour les yeux. Visuellement, l’expérience serait grandiose s’il n’y avait pas ce problème de rapport au public ; la grande tablée étant surélevée, le public n’a pas accès à tout ce qui s’y déroule et ne peut profiter pleinement de l’épopée miniature qu’on lui propose. Entre musique, vidéo, mécanisation et jeu théâtral, Dreamland est un spectacle généreux, mais qui se limite lui-même par sa dramaturgie plutôt pauvre. L’imaginaire entourant le lieu mythique est déployé devant nous, mais raconte trop peu pour réellement emporter son public. On est fasciné par le talent des bricoleurs qui ont contribué à la conception de la géante maquette animée, mais lorsqu’elle prend vie, il manque ce petit je-ne-sais-quoi qui nous permettrait de rêver autant que le projet l’aurait désiré.