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25-26-27 mars 2015
Klumzy
De Nicolas Cantin et Ashlea Watkin
Avec Nicolas Cantin et Anne Thériault

Sur scène, une femme se livre dans un portrait en clair-obscur. traversée des âges et changement de peau. temps suspendu et mémoire flottante. Dépouillement et recueillement. Dans Klumzy, le spectacle est aussi intérieur qu’extérieur et le silence en dit parfois plus long que la parole. tout est affaire de délicatesse et de chuchotement dans cette création qui va à l’essentiel en arrachant les oripeaux de la représentation pour mieux révéler l’essence des êtres.

Des espaces pratiquement nus, un humour tragicomique, un travail d’orfèvre sur la présence des interprètes : voilà comment se présente l’univers de Nicolas Cantin. toute sa réflexion s’abreuve à la source même de notre humanité : l’intime. qu’arrive-t-il lorsque le masque social tombe ? Nicolas Cantin mène cette exploration périlleuse avec une économie de moyens volontaire. on lui doit notamment les « pièces dansantes » Grand singe, Belle manière et Mygale ainsi que Cheese, un spectacle créé avec la danseuse et chorégraphe Michèle Febvre.


Section vidéo


Lumières Karine Gauthier
Photo Emily Cooper

Régulier 32$ / Ainés 28$ / Réduit 24$

Coproduction Usine C et Festival TransAmériques
Présentation Usine C

Résidences de création à l'Usine C et Lieu de recherche et d'accompagnement pour la jeune création (Bruxelles) ainsi que Montévidéo Création contemporaine (Marseille)


Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: (514) 521-4493

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Dates antérieures

3, 4, 5 et 6 juin 2014, FTA

 
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 Critique
Critique

par Sara Fauteux (FTA 2014)


Crédit photo : Maxime Côté

Nicolas Cantin construit ses pièces à partir de phrases qui lui plaisent, d’intuitions, de chansons, d’images, de leitmotivs. Des « matières orphelines » qu’il met en scène dans un long processus d’écoutes et de silences. Le corps est le révélateur d’une dramaturgie finement tissée entre le souvenir, l’être et le présent de la représentation. D’orphelines, ces matières deviennent tributaires d’un filon de sens qui émerge de l’univers scénique.

Après avoir exploré dans ses Trois romances des zones plus brutales et une intimité plus crue, parfois peut-être dans une recherche de malaise un peu plaquée, Cantin se situe aujourd’hui dans un rapport de proximité et de simplicité avec un sujet unique. En effet, dans CHEESE et Klumzy, en travaillant à partir de la rencontre avec une personne qu’il interroge sur sa vie, son travail semble s’être encore affiné pour ne capter que les plus ténus et vibrants sursauts de l’être et de sa représentation. Ici, Ashlea Watkin se prête au jeu avec un désarmement fascinant.

Jouant des effets de présence avec différents filtres (masques, enregistrements, fumée, musique), il crée des tableaux dépouillés dans lesquels flotte un condensé d’humanité. L’intensité de l’attention déployée à la présence sur scène, Cantin s’en sert en créant une tension entre la cérémonie et le jeu. À la fois semblable à un rituel solennel et à un match d’impro (ralenti et silencieux) avec ses masques, ses déguisements et ses objets légèrement décalés, Klumzy semble se jouer doucement du spectateur pris au piège entre le sacré et le dérisoire.

Souhaitant « faire sentir la présence de celui qui tire les ficelles », le metteur en scène occupe cette fois-ci le plateau aux côtés de son interprète, Ashlea Watkin. Grand maitre de l’effacement, Nicolas Cantin a beau ponctuer le spectacle de heavy métal, sa présence est empreinte de la délicatesse du témoin. Cette conscience d’une fine et empathique orchestration, le spectateur la percevait néanmoins déjà dans CHEESE sans que Cantin soit présent sur scène.

C’est qu’en s’adoucissant et en s’éloignant encore plus du spectaculaire, son travail a gagné en écoute et en authenticité. En ce sens, il y a dans Klumzy la promesse d’une finesse dans l’exploration d’univers complexes.

04-06-2014