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21-22-25-26-27 novembre 2014
VieillirQuand je pense qu'on va vieillir ensemble
Première nord-américaine
Collectif Les Chiens de Navarre
Mise en scène Jean-Christophe Meurisse
Avec Caroline Binder, Céline Fuhrer, Robert Hatisi, Manu Laskar, Thomas Scimeca, Anne-Élodie Sorlin, Maxence Tual, Jean-Luc Vincent

Plébiscité par la critique et le public européens, le collectif endiablé Les Chiens de Navarre présente pour la première fois en Amérique du Nord leur théâtre aussi engagé qu’enragé. Les interprètes jouent avec tout, avec la misère affective, avec le désarroi social, avec le sexe comme avec une peluche, c’est osé et parfois très déculotté. Parodie de film, lip-synch, compétition de pétanque, sketchs burlesques, tout est bon pour pulvériser les conventions de la représentation et toutes les injonctions au bonheur qui nous sont faites. Le rire fuse tout le temps. Mais en convoquant le grotesque et l’absurde, ce collectif de huit comédiens réussit le tour de force de révéler les plus pures vérités sur nos amours et nos solitudes modernes. Au contact de cette meute plus mordante que méchante, le spectateur est tour à tour décoiffé, attendri, interpellé, hilare, mais jamais indifférent.

En une dizaine d’années, le collectif Les Chiens de Navarre, guidé par le metteur en scène Jean-Christophe Meurisse, a su imposer ses créations atypiques dont les scénarios laissent place à l’improvisation d’où l’énergie brute se dégage.


Création lumière et régie Générale Vincent Millet
Création et régie son Isabelle Fuchs
Régie plateau Yvon Julou
Administration, production et diffusion Antoine Blesson et Claire Nollez
Photo Lebruman

Régulier 36$ / Ainés 32$ / Réduit 28$

Production Déléguée Le Grand Gardon Blanc / Chiens De Navarre
Résidence et coproduction Les Subsistances, Lyon, Parc de La Villette (résidence d’artistes 2012), Le Parapluie, Centre International De Création Artistique, Aurillac, C.I.C.T. / Théâtre Des Bouffes Du Nord Coproduction Maison Des Arts De Créteil, Tap Théâtre Auditorium De Poitiers, Arcadi (Action Régionale pour la création artistique et la diffusion en Île-De-France)
Présentation Usine C


Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: (514) 521-4493

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 Critique
Critique

par Marie-Luce Gervais


Crédit photo : Lebruman

Déjà, le titre intrigue et laisse une porte grande ouverte : Quand je pense qu’on va vieillir ensemble… Ajoutons le nom de la compagnie : Les chiens de Navarre. Et ce n’est qu’un début! Dès l’approche des portes de la salle, une fanfare tonitruante retentit, rappelant une curieuse ambiance circassienne. Puis les portes s’ouvrent sur une scène glauque couverte de terre, dans laquelle des objets hétéroclites tels qu’une bicyclette, des pneus et une baignoire sont à demi enterrés, et où de petits feux sont allumés. Les personnages sont déjà en scène. Ils jouent à la pétanque de manière clownesque avec de fausses dents croches et, pour une raison obscure, ils sont maculés de faux sang. Ils vont et viennent, sur scène et dans la salle, discutant au passage avec les spectateurs et les aidants à trouver leurs sièges. Le ton est donné, les attentes sont élevées ; déroute et catharsis sont à prévoir!

Puis vient la première scène ; chanson d’amour entre deux de ces personnages-clowns ensanglantés, à la fois obscène et ridiculement drôle. Le spectateur s’esclaffe et se questionne, il cherche à trouver un sens qui ne vient pas. Puis, cassure drastique, la scène devient le théâtre d’une formation d’éveil personnel, puis d’une formation de réinsertion en emplois, puis, encore, d’une formation de techniques de séduction. Si, au départ, l’autodérision des « formés » et le caractère hautain des « formateurs » provoquent à coup sûr de grands éclats de rire, le procédé devient rapidement redondant et demeure assez sage pour une compagnie qui se proclame atypique. Heureusement, ces scènes sont entrecoupées de moments tantôt touchants, tantôt absurdes, comme une scène de ménage dans une voiture avec deux chiens, un couple nu sur un matelas et une princesse qui découvre les attributs mâles de sa peluche « Lapinou ». La scène finale, à la fois poétique, profonde et magnifique, vient clôturer de façon magistrale ce spectacle très inégal.

Les chiens de Navarre est une compagnie française roulant depuis une dizaine d’années sous l’œil attentif du metteur en scène Jean-Christophe Meurisse. Celui-ci affirme que « Les chiens de Navarre tentent l’expérience spectaculaire de la réconciliation avec soi-même pour mieux interroger l’enfant triste qui claque des dents en nous ». Collectif jusque dans son écriture, la compagnie construit ses spectacles à partir d’une thématique sur laquelle, à force d’improviser autour de celle-ci, surgît un canevas. Une grande liberté est accordée aux acteurs, même en cours de représentation. Peut-être est-ce pour cela que certains moments sont étirés à outrance? Mais peut-être est-ce aussi grâce à cela que l’écoute entre les comédiens est palpable, cette liberté les obligeant à toujours demeurer attentifs à tout ce qui se passe sur scène et dans la salle.

Si Quand je pense qu’on va vieillir ensemble ne remplit sa promesse de jouer entre le trash et la poésie que partiellement et que certaines scènes sont longues et répétitives, il n’en demeure pas moins que la représentation est, par moment, absolument déjantée, que les acteurs ont une présence remarquable et que les tableaux fragmentés poussent au questionnement. Une chose est sûre, qu’on adhère ou non au propos, personne ne peut sortir indifférent de la salle !

25-11-2014