Dans Untied Tales, Clara Furey et Peter Jasko s’investissent dans un univers d’hallucinations. Cet imaginaire peu rassurant balance le duo dans la pénombre et la lumière, sous une musique envoûtante de Tomas Furey. Dès l’entrée en salle, les danseurs sont lovés l’un contre l’autre. On s’imagine deux enfants perdus dans une clairière qui découvrent, troublés, ce monde invisible entre un songe et un conte défait. L’urgence de sortir de cet environnement qui les manipule se fait sentir. Un danger invisible les pousse à l’entraide pour (sur) vivre ensemble.
Clara Furey est une artiste montréalaise multidisciplinaire. Elle est diplômée des Ateliers de danse moderne de Montréal en plus d’avoir étudié le piano classique au Conservatoire municipal du XIV à Paris. Elle a plusieurs compositions à son actif et fait salle comble au Festival de Jazz de Montréal en 2011. Elle a récemment joué dans le dernier film de Guy Maddin, Forbidden Room, et reste très impliquée dans le milieu de la danse, collaborant notamment avec Benoît Lachambre et Catherine Gaudet.
Peter Jasko est né en Slovaquie. Enfant, il commence sa formation comme danseur folklorique, puis étudie à l’école P.A.R.T.S. de Bruxelles (2002) sous la direction d’Anna Teresa de Keersmaeker Depuis, il a travaillé avec plusieurs artistes de renom tels que Sidi Larbi Cherkaoui et Roberto Olivan, puis a enseigné à des danseurs et artistes de cirque dans plus de 30 pays. Il est cofondateur de Les SlovaKs Dance Collective, une compagnie basée en Belgique qui tisse plusieurs liens avec la danse traditionnelle de son pays natal.
Musique Tomas Furey
Lumières Alexandre Pilon-Guay
Assistance aux lumières Olivier Chopinet
Régie Karine Gauthier
Aide à la répétition Samuel Lefebvre et Jamie Wright
Durée 1h
Discussion avec le public après la représentation du 2 février
Tarifs : Rég. 33$ | Ainé 27$ | Réduit 25$
Production Clara Furey et Peter Jasko
Dates antérieures (entre autres)
Du 27 au 31 octobre 2015 - La Chapelle
Avec Untied Tales (The Vanished Power of the Usual Reign), Clara Furey et Peter Jasko proposent une collaboration dans laquelle ils confrontent leur recherche artistique et humaine respective, lui ayant fait carrière principalement à Bruxelles et elle à Montréal.
Inspiré d’une adaptation de Louise Murphy du conte d’Hansel et Gretel, le spectacle met de côté une partie de la dimension narrative pour mettre de l’avant un travail physique sur le corps. Ceux des interprètes apparaissent sans genre et sans âge et sont transportés dans un monde de rêves et de fantasmes où le réel apparaît par bribes. Certains gestes codés donnent des points de repère aux spectateurs, notamment en ce qui a trait à la maternité où à l’enfance, mais ces passages ponctuent de longs passages beaucoup plus abstraits. L’influence du chorégraphe Benoît Lachambre se fait sentir à plusieurs moments dans le positionnement des corps qui apparaissent comme des enveloppes de chair lourdes et malléables.
Furey et Jasko exploitent dans leur chorégraphie la lenteur des mouvements décortiqués à l’extrême. Que ce soit dans les portés ou dans les chutes, les deux danseurs font preuve d’un contrôle exemplaire de leur corps, jusqu’aux tremblements presque imperceptibles qui traversent l’ensemble du spectacle. Dans toute la première moitié de la chorégraphie, ils exploitent la gravité en multipliant les chutes au sol et jouent avec l’équilibre de leurs deux corps. Puis, après avoir structuré l’espace en esquissant des lignes à la craie sur le plancher et le mur arrière de la scène, les danseurs évoquent leur rapport ambivalent au foyer, constamment pris entre la volonté de rester dans cet endroit réconfortant et celle d’en sortir pour explorer l’ailleurs. C’est sans doute là que les allusions au conte d’Hansel et Gretel sont les plus apparentes. Les jeux de pénombre et de lumière, créés par l’éclairagiste Alexandre Pilon-Guay, contribuent aussi à l’évocation d’un monde extérieur aride et épeurant. Un grand sentiment de solitude et d’enfermement se dégage également du spectacle, par exemple lorsque Jasko se fracasse violemment sur le mur, comme dans une tentative de repousser les frontières d’un monde qu’il trouve encore trop étroit.
La musique de Tomas Furey participe grandement à la théâtralité du spectacle et accompagne les deux danseurs tout au long de leur performance. Cette présence marquée contrebalance avec le dépouillement de la scène de La Chapelle et vient habiter l’espace grâce à une ambiance sonore en parfaite symbiose avec la chorégraphie.
Untied Tales (…) permet de découvrir de manière plus personnelle les danseurs Clara Furey et Peter Jasko, qui constituent tous les deux des figures majeures de la danse contemporaine. La fusion de leurs deux univers leur permet de montrer davantage tout leur potentiel créatif.