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Les robots font-ils l'amour ?
Du 27 février au 9 mars 2018, 20h, 3 et 10 mars 16h - théâtre-colloque

L’essai scientifico-philosophique Les robots font-ils l’amour ? (Dunod, 2016) relate une discussion sur fond de désaccord entre un médecin-entrepreneur et un philosophe spécialiste des nouvelles technologies. Tous deux confrontent leurs idées à propos de l’explosion des NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et Cognitique) qui révolutionnent la vie humaine. Faut-il améliorer l’espère humaine ? L’intelligence artificielle va-t-elle tuer l’humain ? Peut-on faire l’amour avec un robot ? Doit-on craindre un « meilleur des mondes » tel celui d’Orwell ? Sous forme d’un colloque international fictif, des experts de diverses disciplines dressent le portrait de l’homme, du singe au robot. Dans un monde où la fiction a dépassé la réalité, le théâtre se doit d’en démontrer les mécanismes tout en instruisant et en divertissant son public. Brecht n’aura pas à se retourner dans sa tombe !

Angela Konrad a immigré au Canada après avoir étudié et travaillé pendant une vingtaine d’années en Allemagne et en France autour de Shakespeare, Brecht et Heiner Müller. Elle crée à Montréal sa compagnie LA FABRIK qui se concentre sur la relecture de textes du répertoire et contemporains et d’écritures non dramatiques à la lumière d’interrogations critiques du monde actuel. Elle présentait, en 2013 à l’Usine C, Variations pour une déchéance annoncée, adaptation saisissante de La Cerisaie de Tchekhov, reprise ensuite au FTA, puis Macbeth présenté à guichet fermé en 2014 et de nouveau en 2016. Depuis 2012, elle est professeure à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM.


Adaptation et mise en scène Angela Konrad d’après l’essai de Laurent Alexandre, Jean-Michel Besnier
Interprétation Stéphanie Cardi, Philippe Cousineau, Dominique Quesnel, Marie-Laurence Moreau et Lise Roy


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistant à la mise en scène William Durbau
Conception lumières Cédric Delorme-Bouchard
Assistant de recherche Julien Blais
Administration Mathieu Mallet – Bureau de prod
Image Julien Blais

Du mardi au vendredi, 20h, samedis 16h et 20h

Durée 1h30

Discussion avec le public après la représentation du 1er mars

Tarifs
Régulier 38$
Aîné 34$
Réduit 32$

Coproduction Compagnie La Fabrik et Angela Konrad
Présentation Usine C


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Critique disponible
            
Critique

Dans une société où les avancées technologiques permettent de plus en plus le remplacement de travailleurs par des robots, il devient intéressant de se demander si ceux-ci pourraient assurer la survie de l’espèce humaine et son peuplement. Les robots font-ils l’amour ? Du moins, pourront-ils le faire dans un avenir proche ? Si oui, seront-ils en mesure de produire une nouvelle race plus évoluée qui ne connaîtra ni la maladie ni la mort ? Est-il vraiment souhaitable de vivre éternellement ? Voilà quelques-unes des questions qui ont probablement permis à Angela Konrad d’écrire et d’orchestrer un colloque international fictif sur la scène de l’Usine C.




Crédit photo : Maxime Robert-Lachaine

Inspirée, entre autres, par l’essai scientifico-philosophique Les robots font-ils l’amour ? de Dunod paru en 2016, la dramaturge et metteure en scène allemande propose à chacun des cinq comédiens de se glisser dans la peau de spécialistes aux connaissances diverses pour débattre ensemble pendant près de deux heures. Portant le même titre que l’écrit sur lequel elle est principalement basée, cette création s’inscrit dans un contexte assez réaliste, malgré une fin plus poétique et la machine théâtrale qui demeure visible à tous.

Considéré spectateur autant dans la fiction que dans la réalité, le public se retrouve, donc, face à cinq personnages clairement définis par leur interprète respectif. Formant un véritable amalgame de personnalités bien distinctes, les protagonistes se révèlent une fidèle représentation des différents mouvements de pensée popularisés au cours des dernières années. En fervente défenseure de l’espèce humaine, Dominique Quesnel livre son texte avec tellement d’aplomb qu’il est impossible de ne pas laisser échapper un petit rire devant une telle conviction. Jouant pour le parti inverse, la spécialiste qu’incarne la jeune Stéphanie Cardi cache en elle plein de mystères qu’il sera divertissant de découvrir au fur et à mesure. Loin d’être la seule à dissimuler des secrets, la confession sera au rendez-vous pour le plus grand plaisir des amateurs de théâtre… car, il faut se le dire, bien que les projecteurs fassent partie de l’espace scénique, la dynamique de la pièce donne l’impression, à première vue, d’assister davantage à un vrai colloque qu’à un exercice théâtral. Néanmoins, le réalisme est d’une simplicité remarquablement convaincante. Chapeau à Konrad qui réussit encore une fois à faire beaucoup avec peu.

Évoluant, donc, dans un espace où le principal mobilier constitue cinq bureaux d’un blanc immaculé alignés à l’horizontale accompagnés de leur chaise, les comédiens ont toute la place nécessaire pour donner une performance à la fois authentique et humoristique. Si certains peuvent reprocher à l’auteure certains passages un peu trop intellectuels pour le commun des mortels, il est évident que la metteure en scène a fait preuve d’une grande précision pour ce qui est de la direction d’acteurs. Seul représentant masculin, Philippe Cousineau propose un docteur allemand attachant qui assume son accent étranger avec rigueur au point de donner une tournure sympathique à certains termes bien spécifiques. Également de la distribution, Marie-Laurence Moreau et Lise Roy s’avèrent, sans doute, les figures les plus caricaturées de la pièce. Sans dépasser les limites du possible, Moreau y va à fond dans la maladresse et la sensibilité un peu naïve, alors que Roy retient l’attention en mettant de l’avant l’intensité de son personnage. Provoquant la plupart des fous rires dans l’assistance, sa présence assez active entraîne les autres personnages à sa suite évitant, alors, une mise en scène trop statique. Agencés à cela, l’éclairage de Cédric Delorme-Bouchard et les effets sonores de Simon Gauthier demeurent relativement sobres au profit des comédiens. Quant au travail de Julien Blais, concepteur vidéo, il constitue un support très utile et grandement apprécié pour la compréhension de tous… même pour les personnages !

Au final, Les robots font-ils l’amour ? ne propose pas vraiment de réponses à la question qui lui donne son titre. Sans exposer ouvertement sa crainte sur la révolution technologique qui s’annonce, Angela Konrad sonne, toutefois, subtilement l’alarme. S’il est certain que la technologie peut améliorer la vie des êtres humains, peut-elle vraiment en faire une perfection ? Devant cinq comédiens qui rayonnent sur une scène où la technologie se montre assez modeste, il est facile d’y voir une belle tentative de prouver le contraire.

28-02-2018


 
Usine C - Grande salle
1345, avenue Lalonde
Billetterie: 514-521-4493

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