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Du 12 au 14 février 2020, 18h30
Théâtre
En coréen avec surtitres français et anglais

La Corée du Sud est une nation sous pression. Plongée dans une crise économique sans précédent depuis 1997, elle compte aujourd’hui le plus haut taux de suicide des pays développés. Pour nous raconter l’histoire récente de son pays, Jaha Koo partage la scène avec trois cuiseurs à riz de la populaire marque Cuckoo dont deux possèdent la faculté de parler et de chanter. Juxtaposant des extraits vidéos percutants, de la K-pop politisée, et des fragments de son histoire personnelle, Jaha Koo dépeint avec éloquence, et une colère à fleur de peau, le sort d’un peuple à bout de souffle.

L’artiste multidisciplinaire Jaha Koo a quitté la Corée du Sud pour poursuivre une maîtrise en théâtre à Amsterdam. Depuis 2014, il travaille sur une trilogie qui examine les liens entre le passé et nos conditions de vie actuelle. Cuckoo en est le deuxième volet. Également musicien, il prend le pseudonyme de GuJAHA et fait paraître en 2015 un EP intitulé Copper and Oyster.

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Conception, mise en scène, texte, musique et vidéo Jaha Koo
Interprétation Hana, Duri, Seri, Jaha Koo

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critique publiée lors du passage du spectacle au FTA 2019

Le Cuckoo est une marque de cuiseur à riz fort populaire en Corée du Sud. En anglais, cela peut également pouvoir dire « être fou ». Dans la pièce Cuckoo, l’objet devient la métaphore d’un peuple maintenu sous une pression telle, qu’il risque d’exploser à tout moment.

Sur une scène très épurée trônent fièrement trois cuiseurs à riz, déposés sur une table. Au fond, un écran diffuse tantôt la traduction du texte, récité en coréen et en anglais, tantôt des images de manifestations, d’abus de pouvoir, de foule dépassée par la situation. Un homme, le concepteur, metteur en scène, auteur et interprète de ce spectacle, Jaha Koo, raconte son histoire en toute simplicité, et à travers elle, l’histoire de son peuple. En Corée du Sud, pays qu’il n’habite plus depuis plusieurs années, le taux de suicide est le deuxième plus élevé au monde. Cela s’explique en partie par la pression de performance qui est présente autant au travail que dans les familles ou à l’école. Mais cela s’explique également par des politiques imposées par le FMI, le Fonds Monétaire International, qui, en 1997, a instauré le plan de sauvetage d’urgence de l’Indonésie. La Corée du Sud demande alors de l’aide au FMI pour régler sa dette, aide qui lui est accordée à la condition d’ouvrir les marchés et d’augmenter les taux d’intérêt de 25% à 50%. Les répercussions de cette entente ont été terribles dans le pays, entraînant des faillites massives au sein des industries et, par le fait même, de nombreuses pertes d’emplois. Koo appelle ce plan de sauvetage « la grande humiliation ». Depuis, la pression ne fait qu’augmenter dans la population.

Malgré un rythme lent et parfois très monocorde, Koo devient un personnage très attachant qui donne envie de plonger dans son histoire et sa douce folie.

Le sujet est habilement présenté, de façon très ludique. Les Cuckoo deviennent de sympathiques personnages complètement déjantés, pouvant dialoguer, chanter ou même s’envoyer balader. À travers l’esprit de compétition qui règne entre les cuiseurs à riz, de par les rythmes électroniques de la musique de karaoké ou à travers les vidéos exposant les faux problèmes de riches familles nord-américaines ou de celles montrant les manifestations agressives de son pays, Koo met en perspective l’absurdité de l’Homme, de son avidité et de ses paradoxes. Il dénonce les agissements de l’ancien secrétaire d’État américain Robert Rubin, le responsable des conditions imposées par le FMI, celui qui fut considéré comme le sauveur du monde. Mais comme l’artiste le demande, de quel monde ?

Le sujet a beau être grave, Koo réussit à nous surprendre et à faire rire le public tout au long de la pièce. Les tableaux sont finement assemblés afin de montrer différentes facettes de ce drame. Malgré un rythme lent et parfois très monocorde, Koo devient un personnage très attachant qui donne envie de plonger dans son histoire et sa douce folie.

30-05-2019

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