Pour une première fois, Frédérick Gravel vient secouer la scène de l’Usine C en solo. Pas si seul en fait, puisqu’il s’entoure de ses fidèles acolytes, une bande de musiciens aguerris sous la direction de Philipe Brault. Porté par une musique grisante, Gravel se prend lui-même à parti. Avec fougue et élégance, il déploie sa vision du monde, son désir de fracasser toutes certitudes et fait résonner son appel à la franchise la plus entière. La scène se charge, l’électricité s’empare de la salle et, encore une fois, Gravel fait tout exploser.
Chorégraphe, danseur, musicien, éclairagiste, Frédérick Gravel bouscule les structures de l’art chorégraphique et y intègre des éléments du rock et de la performance. Créateur associé à la compagnie Daniel Léveillé Danse dès 2010, il en est nommé directeur artistique en 2018. Habitué de l’Usine C, il y a présenté, entre autres, le Cabaret Gravel (2015) et Some Hope for the Bastards (2017).
Crédits supplémentaires et autres informations
Assistance artistique et direction des répétitions Jamie Wright
Direction musicale Philippe Brault
Création musicale Philippe Brault, Frédérick Gravel, José Major
Lumières Alexandre Pilon-Guay
Musiciens Philippe Brault, Jean-Luc Huet, José Major
Sonorisation Louis Carpentier
Stylisme Dave St-Pierre
OEil extérieur Katya Montaignac
Direction technique Alexandre Peloquin
Coordination technique Vanessa Beaupré
Photo Nans Bortuzzo
Durée 1h15
Tarifs régulier 35$ / aîné.e.s 32$ / réduit 30$
Production DLD – Daniel Léveillé Danse
Coproduction Festival TransAmériques (Montréal), Regina A. Quick Centre for the Arts (Fairfield), MuffatWerk (Munich), Theater im Pumpenhaus (Münster), Atelier de Paris (Paris) / CDCN, Montévidéo (Marseille), Centre culturel de Notre-Dame-de-Grâce, Ceprodac / Centro de Producción de Danza Contemporánea (Mexico City) Frédérick Gravel est membre de Circuit-Est centre chorégraphique
Présentation Usine C
autre critique disponible, publiée lors du passage du spectacle au FTA 2019
Première expérience en solo pour le chorégraphe et danseur Frédérick Gravel, Fear and Greed était présentée en création au FTA en 2019. La production a repris l'affiche pour deux jours à l'Usine C cet automne.
Fear and Greed (peur et avidité), c'est d'abord un corps qui bascule au sol et qui s'anime par élans comme si, dépourvu de toute énergie, il se mouvait dans l'espace sans volonté propre, écrasé au sol par une charge trop lourde.
Gravel, qui a travaillé en collaboration avec Étienne Lepage au texte et à la mise en scène, propose une oeuvre intime qui transmet une grande fragilité autant physique qu'émotive et fait du public le témoin d'une réflexion qu'il a avec lui-même. Centré sur le corps du performeur, mais aussi porté par un humour noir, Fear and Greed plonge dans les angoisses de l'artiste, dans le sentiment d'urgence qui le pousse dès la fin d'un projet à s'immerger dans un nouveau, sans laisser de place à la contemplation. Gravel partage avec nous ses moments de peur, d'inquiétude et de doute dans un spectacle qui alterne entre tableaux dansés et confidences.
Fear and Greed (peur et avidité), c'est d'abord un corps qui bascule au sol et qui s'anime par élans comme si, dépourvu de toute énergie, il se mouvait dans l'espace sans volonté propre, écrasé au sol par une charge trop lourde.
D'abord gauche et déconnecté, telle une marionnette, le corps finit par se mouvoir avec plus de précision avant de se mettre en scène, sous un projecteur, pour mieux interpréter une chanson folk à la guitare. Plus le spectacle progresse, plus le corps est en contrôle de ses mouvements, mais il finit par verser dans l'excès inverse, dans la décharge d'énergie brusque et sans destination.
La musique occupe aussi une large place dans la production, que Gravel présente comme un concert chorégraphique. Elle fait partie intégrante de la réflexion de l'artiste, qu'elle soit douce, à la guitare, dans un moment de confidence, ou bruyante à faire tinter les oreilles et à engourdir toute pointe d'anxiété. Un véritable band, formé de Philippe Brault, Jean-Luc Huet et José Major, se joint à la production en cours de spectacle, lui donnant des allures de concert rock progressiste en un étonnant contraste avec le long silence du début.
Fear and Greed joue beaucoup sur ces contrastes, entre silence et musique assourdissante, mais aussi entre gestes qui disent et gestes qui taisent ; même les éclairages renforcent cet effet. Tout autour du danseur, l'épaisse obscurité est découpée par des lumières plongeantes ou transversales tandis que le band est à peine éclairé dans un opaque nuage de fumée rouge.
Bien que le spectacle soit avant tout tourné vers Gravel lui-même, ou en tout cas vers son double artistique, Fear and Greed parvient à partager au public son intensité, tant dans l'élan créateur que dans l'angoisse du vide et de ce que l'art peut ou devrait apporter pour le soulager.Dates antérieures (entre autres)
Du 1er au 4 juin 2019 - Usine C - FTA 2019