Toujours d’une créativité joyeuse et délirante,
le formidable collectif de L’ODHO revient à
l’Usine C et embrasse cette fois-ci le yodel
américain, une musique qui leur ressemble
puisqu’elle croise humour, virtuosité et esprit
populaire. Kitchen Chicken nous entraîne
dans une cuisine où la préparation d’un poulet
prendra des tournants imprévus. Magnifiques
et vertigineuses, les pièces du répertoire des
Cackle Sisters, reines du yodel américain des
années trente, se succèdent à un rythme stupéfiant,
comme autant de numéros d’adresse. Les
musiciens, équipés d’instruments acoustiques,
électroniques ou bricolés, apprêtent la volaille,
épluchent des patates et préparent des hors d’oeuvre
qui seront servis ou non en finale.
Un véritable tour de force musical, sportif
et culinaire.
Depuis plus de quinze ans, le collectif L’orchestre d’hommes-orchestres s’amuse à sortir la musique de son cadre, brisant du même élan les normes de la scène théâtrale. Ses productions ont été présentées dans plus de 80 villes en Europe, en Amérique et en Océanie. L’ODHO a reçu le Prix Protégé de la Ville de Toronto (2013) et le Prix Ville de Québec (2015).
Crédits supplémentaires et autres informations
Son Frédéric Auger
Lumières Philippe Lessard-Drolet
Musique DeZurik Sisters, Jimmy Rodgers, Coon Creek Girls, L’orchestre d’hommes-orchestres
Scénographie L’orchestre d’hommes-orchestres
Photo Charles-Frédérick Ouellet
Discussion avec le public
après la représentation du mercredi 17 octobre
Durée 1h15
Tarifs régulier 35$ / aîné.e.s 32$ / réduit 30$
Production LODHO
critique publiée lors du passage du spectacle au Mois Multi 2019
Une nouvelle création de l’Orchestre d’homme-orchestre est maintenant un événement incontournable qui fait littéralement courir les foules. De passage au Mois Multi, le collectif nous offrait Kitchen Chicken devant un public de fidèles conquis d’avance. Le tout était à guichet fermé depuis longtemps et on s’arrachait les billets, car le spectacle n’était à l’affiche qu’une seule soirée.
Dès l’entrée du public dans la salle, les danseurs se tiennent debout sur la scène, affublés d’espadrilles et de costumes d’aérobie aux couleurs criardes. Ils sont déjà en train de réciter un mantra tiré de la poésie de Rumi – « I need a mouth / as wide as the sky » –, qui sera répété plus d’une centaine de fois presque à l’identique, jusqu’à devenir insupportable. Cette introduction est à l’image du spectacle : minimal, éprouvant et cathartique. Mais c’est justement ce qui fait la force de la pièce de Clara Furey, puisqu’au terme de l’expérience qu’elle propose au spectateur, ce dernier en sort transformé par l’état méditatif dans lequel il a été plongé et par l’endurance dont il a dû faire preuve. En effet, il faut être un peu masochiste pour aller voir ce spectacle très près de l’esthétique de la performance.
Cette fois-ci, l’ODHO et les Cackle Sisters enchaînent les pièces de yodel américain à un rythme vertigineux, sans jamais perdre le rythme, tout en cuisinant un poulet et quelques bouchées. Aux dimensions visuelle et musicale qui caractérisent le travail du groupe, on ajoute cette fois-ci une dimension olfactive des plus réjouissantes. Il faut vraiment avoir le ventre plein pour ne pas avoir l’eau à la bouche.
Avec Kitchen Chicken, l’ODHO signe un spectacle accessible: la thématique culinaire rejoint invariablement les gens, les pièces musicales sont harmonieuses et toute la mécanique du spectacle coule rondement. Et c’est justement là qu’«accessible» ne veut pas dire «facile»: on qualifie souvent le groupe de déjanté, mais sous ses airs ludiques et brouillons se cache une chorégraphie fouillée, précise et réfléchie. On ne peut que s’émerveiller à nouveau devant l’intelligence et le talent de ces artistes.
Encore une fois, l’ODHO maintient sa signature et tire d’un chaos apparent une oeuvre éclatante – Kitchen Chicken est une excellente introduction à l’oeuvre du groupe.
Dates antérieures (entre autres)
9 février 2019 - Mois Multi