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Tom na Fazenda
Du 3 au 5 mars 2020 + 11 et 12 mars, 19h
6 mars 20h
7 et 8 mars 15h
Théâtre
En portugais avec surtitres français et anglais
REPRÉSENTATION DU 12 MARS ANNULÉE - COVID19

À la mort de son amant, Tom se rend jusqu’au fin fond de la campagne pour les funérailles. Il y découvre une mère qui ne sait rien des amours de son fils et un frère qui a choisi d’étouffer la vérité à tout prix. Recouverte de boue, la scène se fait alors champ de batailles pour les corps mâles aux prises avec des deuils, des peurs et des pulsions qu’ils ne savent dompter. Mise en scène et texte s’épousent avec une redoutable efficacité. Sensuel et tragique.

Le metteur en scène Rodrigo Portella adapte ici le puissant texte de Michel Marc Bouchard, l’une des voix les plus importantes de la dramaturgie québécoise. Dans le contexte brésilien, où le nombre de meurtres homophobes atteint des sommets, la pièce acquiert une résonance terrible.


Texte Michel Marc Bouchard
Traduction Armando Babaioff
Mise en scène Rodrigo Portella
Interprétation Armando Babaioff, Soraya Ravenle, Gustavo Vaz, Camila Nhary

Crédits supplémentaires et autres informations

Scénographie Aurora dos Campos
Éclairages Tomás Ribas
Costumes Bruno Perlatto
Musique Marcello H.
Guitares et guitares acoustiques Jr Tostoi, Marcello H
Entraînement physique Lu Brites
Chorégraphie Toni Rodrigues
Programmation vidéo Bruno Dante
Coiffure Ezequiel Blanc
Photo Ana Claudia

Durée 2h

Tarifs régulier 40$ / aîné.e.s 36$ / réduit 34$

Discussion avec le public
après la représentation du jeudi 5 mars

RDV_Art, Sciences et Politique
Identité : entre liberté et oppression sociale, p. 8
Samedi 7 mars 2020 de 10 h 30 à 12 h 30

Production Sérgio Saboya et Silvio Batistela
Production exécutive Milena Monteiro


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Critique disponible
            
Critique

Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de constater le caractère universel de la dramaturgie québécoise. Quelques pièces, bien sûr, forment l'exception, comme Les Belles-Soeurs de Michel Tremblay et plusieurs pièces de Carole Fréchette, mais ajoutons maintenant Tom à la ferme de Michel Marc Bouchard. Ou Tom na Fazenda, tel que la pièce créée à Montréal il y a près de 10 ans, s'appelle désormais en portugais dans cette version du metteur en scène brésilien Rodrigo Portella.




Crédit photo : Roberto Peixoto

En fait, ce ne serait pas juste de réduire cette magnifique production de la compagnie Galharufa Produções au statut de version, car Tom na Fazenda va bien au-delà de la «simple» traduction. Ce que ce Tom à la ferme brésilien nous propose est une oeuvre intense, engageante et qui enrichit le texte de Bouchard de niveaux de lecture supplémentaires. Quand on pense à la situation politique et sociale actuelle au Brésil, les mots de l'auteur québécois prennent un sens encore plus tragique et même vital.

Sur le grand plateau de l'Usine C, recouvert de terre rouge qui se soulève en volutes et s'infiltre partout, la tension est à couper au couteau.

Portée par le souffle puissant et lourd des vérités que l'on tait ou doit taire pour survivre, la distribution se lance dans un ballet physique destructeur pour chacun des protagonistes, que ce soit Tom, l'amant du défunt (Armando Babaioff, aussi traducteur de la pièce), Francis, le fils violent (Gustavo Vaz), ou Agata, la mère fragile, religieuse et pourtant lucide (Soraya Ravenle). Le fossé culturel que creuse Bouchard entre le citadin Tom et la famille agricultrice du défunt est ici vertigineux et se sent jusque dans la posture et la respiration des interprètes. Leur transformation au fil des collisions entre leurs perceptions, souvenirs et mensonges n'en est que plus prenante.

Sur le grand plateau de l'Usine C, recouvert de terre rouge qui se soulève en volutes et s'infiltre partout, la tension est à couper au couteau. Disparus, les murs de la maison, de la grange, de la chambre, disparus les meubles où les personnages pourraient prendre appui ou trouver refuge. Il n'y a plus qu'un grand espace stérile, une fosse où on abandonne les carcasses des bêtes. Dans cette véritable arène (une scénographie d'Aurora dos Campos) s'affrontent le chagrin et le désir, la colère, l'incompréhension et les croyances. Les corps sont presque réduits à l'état de bêtes, incapables de penser, seulement de réagir à l'autre. La scène de combat entre Tom et Francis, à moitié dénudés, prend aux tripes par son animalité. La terre se transforme en crasse puis en sang, englue les corps comme ceux-ci s'enfoncent dans les mensonges. Puis elle sèche et craque comme la vérité remonte à la surface, s'insinue...

Ce dépouillement cède toute la place aux mots et aux corps, rendant l'histoire encore plus fascinante, magnétique et repoussante à la fois. On y plonge directement dans le côté cru et charnel de l'émotion.

Spectaculaire, Tom na Fazenda fait redécouvrir ce grand texte québécois en nous maintenant du début à la fin dans un état de tension, ne laissant aucun moment confortable pour reprendre notre souffle. On assiste à l'inéluctable dévoilement avec la conviction profonde que quelque chose d'irréparable va se produire.

07-03-2020

Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: 514-521-4493

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Dates antérieures (entre autres)

Du 1er au 3 juin 2018, Maison Théâtre, dans le cadre du FTA