Du 25 juin au 5 juillet 2008, 20h
Supplémentaires du 8 au 19 juillet 2008
Supplémentaires du 22 au 26 juillet 2008, 20h
Supplémentaires du 7 au 30 août, Chapiteau Saint-Sauveur
L'emmerdeur
Texte : Francis Veber
Mise en scène : Carl Béchard
Avec James Hyndman et Laurent Paquin
L'Emmerdeur est la rencontre surréaliste entre un tueur à gages et un balourd chaleureux en pleine déprime. Après Le Dîner de cons, Le Placard et La Doublure, cette pièce de Francis Veber nous replonge dans la saga hilarante de Pignon que l'on connaît bien.
Tarifs : Régulier: 46,21$, 41,21$
Une production de Juste pour rire
Monument-National
1182, boul. Saint-Laurent
Tél. (514) 871-9883
par Mélanie Viau
Cette année, le Festival Juste pour rire déroule le tapis rouge sous les pieds du plus con des cons de la comédie française : François Pignon. Sans aucun doute, ce personnage du scénariste Francis Veber se pose comme un grand mythe du rire, voire un pilier de la bêtise humaine, portant naïvement en lui une imbécillité désarmante, mais ô combien charmante (rappelons-nous avec plaisir les performances de Jacques Villeret dans Le Dîner de cons et de Daniel Auteuil dans Le Placard, pour ne citer que ceux-là). Avec L’Emmerdeur, l’équipe du Festival fait appel à la plume de Jean-Philippe Pearson (Québec-Montréal, Horloge biologique)pour signer une adaptation archi québécoise du scénario original, nous présentant sur scène un Pignon de Drummondville débarquant à Montréal pour le travail… et les maux d’amour. L’idée semblait à coup sûr prometteuse, mais il faut dire que le rendu du spectacle en est tout autrement, au grand malheur des fans de ce grand classique signé, en 1973, par le réalisateur de La Cage aux folles, Édouard Molinaro.
Crédit photos : Aurélie Sarrasin
C’est l’histoire touchante d’un cocu dépressif cherchant plus qu’une épaule pour s’appuyer, mais sa nature propre d’idiot congénital et son destin régi par le quiproquo font de cette journée passée à l’hôtel un véritable remue-ménage qui finira par rendre le monde autour de lui totalement dingue. Alors que le film de Molinaro présentait un Pignon las, ennuyeux, emmerdant comme mille, brailleur, pathétique (campé majestueusement par un Jacques Brel lyrique), la pièce mise en scène par Carl Béchard nous balance un personnage vif, niais, au discours allumé, mais au contenu douteux bref, un épais, un fatiguant, un casse-pied dont il est difficile de s’éprendre. L’humoriste incarnant Pignon, Laurent Paquin, offre une performance qui s’approche davantage du stand up comique que du jeu théâtral. Ses gags roulent dans un timing bien dosé, bien calculé, ce qui fait qu’on demeure assez froid devant les déboires de son personnage. On sent la tentation qu’il a de s’accrocher au public, de « faire avancer la machine », mais dans un spectacle comme celui-ci, cela ne peut que l’isoler davantage au centre de ses partenaires de jeu. James Hyndman, dans le rôle du pauvre sniper se retrouvant voisin de chambre de l’importun Pignon, arrive à nous surprendre par moment avec une gestuelle élastique et grimaçante, mais est-ce le caractère étrange de toutes ces simagrées (inhabituelles chez ce comédien à l’allure grave et sexy) qui arrivent à nous faire marrer ? Pour le reste, disons que Violette Chauveau, Pierre Chagnon, André Lacoste et Mathieu Quesnel offrent ce qu’on attend d’eux avec justesse, sans plus. On garde même l’impression dérangeante que le choix du casting de chacun emprisonne l’acteur, lui laissant peu de place pour la subtilité, l’originalité et la liberté de création. Le texte est débité à un rythme fou, sans moments de silence, laissant le rire exploser ici et là, comme de petites mines dans un spectacle d’humour, oubliant toutes les nuances d’un regard, un geste ou une parole bien placée dans le superbe tourbillon de la comédie humaine. Au lieu de cela, on obtient un beau et grand moulin à blagues, avec de la musique «pouet-pouet» et des bastons maladroites. Au drame du lamentable Pignon, il valait mieux en rire qu’en pleurer, mais d’où part le rire s’il n’a pas de base profonde ?
12-07-2008