Du 5 au 8 et du 12 au 15 décembre 2007
Supplémentaires : 15 et 16 déc. 15h, 18, 19, 20, 21 et 22 déc. 20h
Norman (Hommage à Norman McLaren)
De Michel Lemieux, Victor Pilon et Peter Trosztmer
Ce nouveau spectacle mixmedia fusionne en direct le théâtre et le cinéma. Le danseur-performeur Peter Trosztmer s’intègre physiquement à l’univers du cinéaste canadien Norman McLaren grâce à la technologie de projection développée par 4D art. Un hommage à McLaren dont la modernité, l’humanisme et le génie ont maintes fois été récompensés. En collaboration avec l’Office national du film du Canada.
Une production de 4D art, en collaboration avec l’Office national du film du Canada et en coproduction avec : La Société de la Place des Arts de Montréal, Scène Québec du Centre national des Arts, Ottawa, l’Espace Jean Legendre - Scène conventionnée de Compiègne (France) et LUMINATO, Toronto Festival of Arts & Creativity
Photo : Victor Pilon
www.4dart.com
Cinquième salle de la Place des Arts
175, rue Sainte-Catherine Ouest
20h
514-842-2112 ou 1-866-842-2112
par David Lefebvre
Comme l'a dit Michel Lemieux, l'un des concepteurs du présent spectacle et cofondateur de 4D art, nous avons tous vu, un jour ou l'autre, au moins l'une des oeuvres de Norman McLaren. D'origine anglaise, ce sympathique humaniste et cinéaste-expérimentateur est le fondateur du studio d'animation de l'Office Nationale du Film. Débordant d'imagination, audacieux dans ses recherches, il n'hésite pas à gratter ou peindre directement sur la pellicule et à «scratcher» la bande-son pour créer des effets sonores et rythmiques. Ses films sont connus à travers le monde, et certains d'entre eux ont remporté des prix prestigieux (un Oscar pour Neighbours (1952) et une Palme d'or, à Cannes, pour Blinkity Blank, en 1955). Véritable artiste visuel, attiré vers l'abstrait («faire apprécier les idées visuelles pour ce qu'elles sont»), il n'hésite pas à utiliser les techniques du dessin animé, du stop motion et de la prise de vue réelle avec, entre autres, des danseurs (Pas de deux (1968), Narcisse (son dernier film, 1983) ou en se mettant lui-même à l'avant-plan (Discours de Bienvenue de Norman McLaren, 1961).
Norman, la nouvelle création de Michel Lemieux et Victor Pilon, en collaboration avec le danseur-chorégraphe Peter Trosztmer et la chorégraphe Thea Partterson, est plus près du genre hommage que de l'initiation, proprement dite, à ce génie créateur . Le spectacle commence avec Trosztmer qui entre en scène, devant un écran de cinéma, et nous confie qu'il ne peut se sortir de la tête les images de McLaren. Il se retrouve à l'ONF (un décor de bureau, deux portes, deux photos au mur, un banc et une porte de voûte) à visionner les interviews qu'il a faits avec certains connaisseurs et quelques individus qui on pu côtoyer le réalisateur. Grâce à la magie de 4D art et à leurs projections tridimensionnelles, ces gens apparaissent sur scène, assis à côté du danseur, ou debout devant lui, grandeur nature ou totalement surdimensionnés. On plonge alors littéralement dans les oeuvres de McLaren, parfois revisitées par l'équipe de création. Peter Trosztmer utilise tout son corps et ses talents de danseur pour s'unir, se fondre aux images projetées des Begone Dull Care (1949), Merle (1958), Mosaics (1965), Lignes verticales et Lignes horizontales (1960), À la pointe de la plume (1951), Spheres (1969), Pas de deux, Synchromie (1971), etc.
À l'ouverture de la voûte, quelques surprises nous attendent : en plus d'un McLaren qui sort à la course de la pièce, d'un chat qui se répète sans arrêt et d'extraits de test de l'animateur (dont The Head Test, mélange des styles à la Dali et Frédéric Bach), le danseur sort, d'une boîte, la chaise blanche du fameux court-métrage tourné avec Claude Jutra, Il était une Chaise (1957 - que l'on peut retrouver sur le DVD de Mon oncle Antoine). S'ensuit un extrait du film, qui mixe le réel et le virtuel en véritable symbiose. Les mouvements du performeur, tout au long du spectacle, sont d'une grande précision, calculés, mais fluides, répondant souvent à ce que McLaren exposait dans l'un de ses films explicatifs, Le Mouvement Image par Image, soit l'accélération et la décélération des mouvements du corps. Le spectacle nous fait aussi comprendre et apprécier l'importance de la musique dans l'univers de McLaren. Alors qu'il utilise quelques chansons du terroir (C'est l'Aviron, Mon merle a perdu...), il fait aussi appel à de grands musiciens, comme Ravi Shankar, ou crée lui-même le rythme par les scratchs des trames sonores, parfois près de la techno des années 80 - 20 à 30 ans avant le succès qu'on connaît de ce type de musique!
L'un des grands moments du spectacle est la présentation de Neighbours, court-métrage en stop motion, où deux voisins s'entretuent pour la possession d'une fleur qui pousse sur la ligne séparant leur terrain respectif. Alors que le film démontre certaines qualités humoristiques, voire clownesques, sa signification profonde nous apparaît beaucoup plus noire et dure avec nos yeux d'adulte. De plus, sachant comment le réalisateur était angoissé par la guerre, ce film est d'une grande puissance visuelle.
Totale réussite, Norman nous plonge dans l'univers éclaté et coloré du créateur d'une manière aussi originale que passionnante. Il serait par contre à noter, pour le confort des spectateurs, de choisir des bancs vers l'arrière de la petite salle, au centre, question de ne pas être totalement noyé par les projections sur le premier grand écran et avoir une meilleure vue d'ensemble.
14-12-2007