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Du 7 au 31 mai 2008, mercredis, jeudis, vendredis, samedis

Toutou rien

Conception, interprétation et manipulation: Félix Beaulieu-Duchesneau, Justin Laramée et Philippe Racine


TOUTOU RIEN a été d'abord été produit en mai 2003 à la Petite Licorne pendant neuf semaines, et deux séries de supplémentaires se sont ajoutées, puis l'équipe a joué pendant six jours dans la grande salle pour ensuite parcourir les Maisons de la culture. Connaissant un véritable succès tant auprès de la critique que du public, cette création a été reprise à l'Usine C dans le cadre du Festival Les Coups de Théâtre et lors de l'événement Vue sur la Relève en 2004. Jean-Denis Leduc, directeur artistique de la Licorne, laisse cette fois la scène de la grande salle à cette production fascinante.

TOUTOU RIEN, c'est l'histoire d'un gros ourson déchu qui prend son ukulélé pour chanter sa misère à qui veut bien l'entendre. Ce toutou usiné est parti de rien pour atterrir dans un magasin grande surface. Un père dépressif et surmené l'achète et en fait cadeau à sa petite fille. Or cette dernière succombe à une terrible maladie qui la clouait à son lit depuis sa tendre enfance. TOUTOU n'a pas le temps de lui apporter réconfort et il est jeté aux poubelles. Poursuivi par les chiens, c'est là qu'on le retrouve et qu'il lance son ultime appel à la compassion, du moment où son ventre s'ouvre et que tout son bagage de souvenirs, personnages, mousse et objets prennent vie pour nous raconter sa tragédie.

Le Théâtre QUI VA LÀ a vu le jour dès la sortie de ses créateurs du conservatoire de théâtre en 2003. Basé sur des principes de simplicité, le travail de cette compagnie est conçu presque exclusivement à partir de matériaux et d'objets recyclés afin de se concentrer sur l'essentiel de cette discipline, la marionnette et l'objet. QUI VA LÀ se veut une fête commune, un délire, spectacle après spectacle, où le public est invité à se lever, participer et s'affirmer. Il est aussi une compagnie qui tente de surprendre le spectateur par des approches éclectiques et le convaincre de ce dont il est certain : la magie existe encore.

Confection des marionnettes: Sandrine Cloutier
Conception graphique et régie: Ève Marchand
Conception sonore: Benoît Côté
Direction technique et éclairages : Guillaume Bloch
Conseillers artistiques: Antoine Laprise, Louise Lapointe et Jean-Marc Dalpé

Une création du Théâtre Qui va là

Billets : 20 $

L'Illusion, Théâtre de Marionnettes
783, rue de Bienville (coin St-Hubert, Métro Mont-Royal ou Laurier)
Téléphone: 514-523-1303

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Autres dates

à la Petite Licorne
les 2, 3, 9, 16, 17, 30, 31 mai et les 6, 7, 13, 14 juin 2004 à 20 h

En reprise les 22 et 23 août 2004 à 20h, le 24 août 2004 à 22h30 et le 25 août 2004 à 22h
Suppl. 22 et 23 août à 20h, 24 août 22h30 et 25 août 22h

En reprise du 29 octobre au 22 novembre 2004, les 29 et 30 octobre à 22h, et les dimanches et lundis à 20h

Les 25, 26 et 27 août et les 1, 2, 3, septembre 2005 à 20h
La Licorne

Autres dates ailleurs à Montréal


J'ai eu la chance de voir pour la première fois cette création en mai 2003, à la Petite Licorne. La pièce eut un immense succès, fort bien mérité. Je vous invite donc à lire la critique (voir plus bas) que j'avais écrite, qui est encore à propos.

Je vais tout de même ajouter quelques lignes.

Présenté pendant seulement six jours (qu'ils sont cruels!), ce touchant spectacle a subi quelques modifications depuis ses débuts. Les éclairages m'ont semblé davantage travaillé et on a coupé quelques répliques dans le texte de Toutou. Sans perdre la beauté poétique des mots insufflés au Teddy bear, le langage est plus accessible et sa voix est (du moins selon mes souvenirs) moins rauque qu'au tout début. Victime de sa popularité, on a dû présenter cette pièce dans une plus grande salle; même si la transposition (surtout au niveau de l'espace scénique) est tout à fait réussie, on a l'impression que l'intensité qui nous envahissait et qui nous tenait fortement dans la minuscule salle de la Petite Licorne s'évapore légèrement ici. Malgré tout, Toutou rien demeure une pièce touchante, drôle, qu'il faut revoir. Pour ceux et celles qui la découvrent en ce début de saison 2005, vous ne serez certainement pas déçus.

25/08/2005

par David Lefebvre

« Prenez-moi dans vos bras… »

Ces quelques mots, inoffensifs à première vue, résonnent encore dans ma tête, longtemps après avoir assisté à la création surprenante, déchirante et inventive de Félix Beaulieu-Duchesneau, Justin Laramée et Philippe Racine intitulée Toutou rien.

Tout se passe dans la magique petite salle la Petite Licorne. Entassés, les gens attendent. La minuscule scène est jonchée de sacs de vidange et de deux classeurs de métal. Puis tout commence : un teddy bear. Oui, cet ourson qu'à peu près tous les enfants ont eu dans leur vie, votre présent serviteur inclus. Le premier ami, le confident, celui qui nous consolait. Il est là, gros, déchiré, à la mousse qui sort par quelques trous. Des bruits; des chiens enragés qui aboient férocement. Puis, de sa voix rauque, basse, il nous raconte sa "vie" : «ça fait un siècle que je vous écoute, vous auriez pas une heure à me donner?».

La compagnie Qui va là nous propose une pièce de théâtre de manipulation d'objets et de marionnettes (pour adultes) de grande qualité. Le spectacle provient d'un numéro de 12 minutes créé par les trois fondateurs, codirecteurs artistiques et acteurs de la compagnie durant leurs études communes au Conservatoire d'art dramatique de Montréal en 2001. Jouant à plusieurs endroits avec succès, le directeur artistique de la Licorne, Jean-Denis Leduc, offre à ces jeunes de tenir l'affiche à la Petite Licorne avec une version longue de 60 à 75 minutes, durant neuf semaines.

Techniquement, malgré quelques légers accros (quelques objets qui tombent), tout est en place et bien contrôlé : les mouvements de l'ours sont bien coordonnés (ils sont deux à le faire bouger), les déplacements des accessoires sont aisés. Les comédiens prennent leurs places par plusieurs rôles comme celui d'un vendeur de chez War Marks (inspiré d'un magasin à grande surface fort connu), un papa travaillant aux archives, anonyme, au visage caché par un fond de boîte de carton, qui a une fille malade. C'est d'ailleurs cet homme qui achètera l'ours au magasin, après une scène des plus comiques. Les différentes peluches se chamaillent et le panda du groupe conte des blagues à l'humour noir (comme les parties de son pelage). Le père donnera le teddy bear à sa fille (une poupée de ouate), qui après quelques temps, meurt péniblement. L'ours pourtant essaye de toucher la jeune fille mais abandonne voyant qu'elle est encore plus fragile que lui. C'est le début de la fin pour cet ourson, qui se fait déchiqueter et mettre aux poubelles.

Le texte, à plusieurs moments d’une surprenante poésie, étonne. L'ours nous parle presqu'en faisant rimer chaque phrase, par exemple : «Je ne suis à présent plus un présent du tout... tu m'as donné la nuit en quittant ma vie...», clamant même deux fois plutôt qu'une, une partie d'un poème de Victor Hugo. On y parle de Theodore Roosevelt, origine du nom de l'ours mondialement connu (Teddy Bear). Mais ce qui se dégage du spectacle est en fait cette tristesse infinie, cette peur enfantine d'être seul au monde, abandonné. Et ceci nous frappe en plein coeur. Quitter notre ourson lorsqu'on est enfant, ou du moins s'apercevoir qu'il n'est pas vivant, est l'un des premiers deuils qu'on a à faire dans notre vie. D'une simplicité alarmante, la pièce est d'une efficacité déconcertante. Certains riront des situations mais croyez-moi, vous serez tous et toutes touchés sans exception par cette histoire. Elle vous arrache les larmes de gré ou de force. La jeune femme tout près de moi avait des spasmes et se cachait le visage dans ses mains pour pleurer. Moi-même j'en suis sorti bouleversé. Pourtant, on se dit : c'est ridicule, c'est un ourson! Une marionnette! Voilà donc toute la force de cette création. Celle de nous émouvoir par l'objet le plus singulier qui soit. Par le fait de toucher cette partie enfouie en nous, cet enfant sans défense. Celle de faire jaillir les souvenirs pour nous noyer doucement. Celle de regretter amèrement, à jamais, d'avoir (re)jeter au loin nos oursons en peluche. Heureusement, quelques touches d'humour bien placées nous font rire adroitement. Mais à la fin, quand l'ours demande à n'en plus finir de le sauver et le prendre dans nos bras, enfonce le dernier clou et fait tout éclater.

Touchant, désarmant, cette petite création est tout à fait surprenante. «Ça fait un siècle que je vous écoute, vous auriez pas une heure à me donner?». Donnez-lui cette heure. Donnez-lui son câlin et sauvez-le.

mai 2004