Texte de Marc Camoletti
Mise en scène de Serge Postigo
Avec Serge Postigo et Pierre-François Legendre, Catherine-Anne Toupin, Marie Turgeon, Karine Belly, Alexandrine Agostini
Après l’Airbus A380 à Dorval, c’est Boeing Boeing qui se pose sur la piste du Monument-National. Une comédie désopilante qui a fait escale plus de 20.000 fois dans le monde entier et semble ne plus vouloir décoller de Broadway où les spectateurs sont de plus en plus nombreux à se bousculer au portillon !
Boeing Boeing décolle à toute allure avec une intrigue irrésistible, des personnages
qui incarnent toute l’exubérance et la joyeuse insouciance des années 60 et des
rebondissements qui se succèdent sans qu’on ait le temps de reprendre son souffle.
Le héros de l’histoire, un charmant célibataire, a trouvé la solution pour vivre en
toute sérénité avec trois femmes qu’il a promis d’épouser. Son secret pour profiter
des avantages de la polygamie sans en subir les inconvénients? Choisir d’adorables
hôtesses de l’air de pays différents et harmoniser les horaires, avec la complicité
de sa bonne, drôlement bourrue. Mais voilà que sous le regard abasourdi de son
ami d'enfance, les horaires se dérèglent et l’heureux célibataire quitte les cieux
paisibles de ce bel arrangement pour entrer dans une zone de turbulence
rocambolesque. Les revirements de situation s’enchaînent alors à la vitesse de
croisière d’un 747 alors que l’appartement se transforme en tour de contrôle où
notre héros et son entourage tentent de maîtriser la situation.
Une production Juste pour rire
par David Lefebvre
Le Festival Juste pour rire propose, cette année, pour son volet théâtre, la tumultueuse comédie Boeing Boeing, de Marc Camoletti. Depuis sa création, il y a près de 50 ans, la pièce a connu beaucoup de succès, et ce, rapidement, comptant quelques adaptations à l'écran, dont le film Boeing (707) Boeing (707), mettant en vedette Tony Curtis et Jerry Lewis.
Bernard (Pierre-François Legendre) est stationné à Paris. Habitant un luxueux appartement fourni par la compagnie pour laquelle il travaille, bonne en sus (Alexandrine Agostini), il pense avoir trouvé le moyen infaillible pour fréquenter trois jeunes femmes en même temps (interprétées par Catherine-Anne Toupin, Marie Turgeon et Karine Belly). Facile : elles sont toutes trois hôtesses de l'air, sur trois compagnies d'aviation différentes. Alors que l'une d'elles est avec lui, les deux autres sont forcément en plein ciel ou à l'étranger. Débarque un jour un vieil ami de Bernard, Robert (Serge Postigo), un tantinet naïf, qui s'étonne du fonctionnement du système de son copain d'école. Ce système est alors mis à rude épreuve, une tempête clouant au sol tous les vols internationaux et retenant les trois beautés en ville. Panique, urgence, Bernard ne sait plus où donner de la tête et Robert fait tout pour maintenir les apparences.
Serge Postigo signe ici une première mise en scène et une adaptation toute québécoise. Les deux protagonistes viennent de Saint-Hyacinthe et usent de leur langue maternelle autant pour nous accrocher au récit que pour provoquer le rire. Les accents se succèdent à grand rythme : français, québécois, américain (Toupin), espagnol (Turgeon), allemand (Belly)... Agaçant au départ, l'oreille finit tout de même par s'y faire. Ancrée dans les années 60 (le spectateur est accueilli dans la salle par d'incontournables hits francophones de Françoise Hardy et de Dick Rivers, pour ne nommer que ceux-là), on s'amuse à (re)créer tous les clichés possibles que les situations et les personnages peuvent évoquer. L'image du duo Curtis/Lewis apparaît d'elle-même, de par le jeu, l'ambiance, le traitement de la pièce et la finale... mais Postigo réussit à donner une petite saveur personnelle à ce récit rocambolesque.
La première heure de vol nous semble un peu longue à décoller, mais on savoure la deuxième moitié avec beaucoup de plaisir. Quiproquos, situations embarrassantes, on rigole, on retient presque notre souffle alors qu’une porte se referme sur une dame quand l'autre s'ouvre sur une autre, c'est presque le jeu du chat et de la souris. La mise en scène est précise et demande aux comédiens d'être au meilleur de leur forme. Les nombreuses pitreries et cabrioles atteignent leur cible - il faut voir Karine Belly jouer une Gretchen folle furieuse, passionnée et dure, se lancer partout, rouler par terre et sur le sofa, ou alors Catherine-Anne Toupin jouer la poupée américaine, mais brillante, et qui ose jouer sur tous les fronts, ou encore les colères de Cristina - Marie Turgeon - toujours bien appuyée.
Sans être la pièce de l’été, on peut tout de même affirmer que le pari est réussi pour l’équipe de Boeing Boeing qui connaît déjà un certain succès à Montréal et bientôt à Bromont.