Texte : Charles Ludlam
Traduction: Geneviève Lefebvre
Mise en scène : Martin Faucher
Avec Simon Côté, Ralph Bernatchez, Camille Brousseau, Jean-Louis LeBreux
Alors êtes-vous prêt pour une expérience vampirique aux frontières de l’absurde et du ridicule? Nous sommes en 1840, quelque part sur les landes d’Angleterre. Le célèbre égyptologue Lord Hillcrest rentre au bercail en compagnie de sa nouvelle et virginale épouse, Lady Enid. Au manoir de Mandacrest, le couple égrène les heures en compagnie de ses domestiques, Nicodemus et Jane, tandis que plane encore le souvenir de la première épouse du Lord, la regrettée Irma Vep… Avis aux amateurs d’anagrammes, la chasse est ouverte!
Au carrefour des romances gothiques et des histoires d’horreur de série B, entre bain de sang, créatures monstrueuses et mauvais augures, Le mystère d’Irma Vep fait appel au fantastique, au grotesque et à l’exagération délicieusement exubérante. Avec cette particularité que tous les personnages sont interprétés par deux comédiens seulement! Ainsi et tout au long de la pièce, Éric Bernier (Incendies, Tout sur moi, Les hauts et les bas de Sophie Paquin) et Serge Postigo (Ma vie en cinémascope, Neuf, Ça manque à ma culture) changent de costume, de perruque, de voix et de registre, transformant cette comédie extravagante en un ballet épique et vraiment spectaculaire.
Présentée la première fois au Festival Juste pour rire en 2004, la pièce revient depuis chaque année à Montréal, avec la régularité d’un Rocky Horror Picture Show, la noirceur sarcastique d’un Monthy Python et l’efficacité sanglante d’un bon Hitchcock. Et parce qu’on ne touche pas à un rituel devenu culte (plus de 150 représentations à ce jour et un Masque obtenu en 2005), c’est l’équipe de création originale, dirigée par le metteur en scène Martin Faucher, qui signera la production 2008..
Assistance à la mise en scène : Jean Gaudreau
Décors: Raymond Marius Boucher
Costumes : Denis Lavoie
Éclairages : Marc Parent
Conception sonore : Larsen Lupin
Accessoires : Jonas Veroff Bouchard
Maquillages : Jacques-Lee Pelletier
Perruques : Louis Bond
par Aurélie Olivier
Créé en 2004 au Festival Juste pour rire, Le mystère d’Irma Vep, mis en scène par Martin Faucher, a déjà été joué à plus de cent reprises. Dire qu’il s’agit d’un spectacle loufoque est un euphémisme. Durant toute la représentation se succèdent sur scène des loups-garous, une princesse momifiée, des revenants ainsi que les habitants extravagants du manoir de Mandacrest. La pièce de l’Américain Charles Ludlam est une satire des films d’horreur de série B. La première partie se passe dans le salon du manoir, meublé comme on s’y attend de bibliothèques et de chaises rembourrées, le portrait d’Irma Vep au-dessus de l’immense cheminée. Vivant dans le souvenir d’Irma Vep, lord Edgar accorde peu d’attention à sa seconde épouse, lady Enid. Une nuit, celle-ci est agressée par une mystérieuse créature. Vampire, loup-garou? Ce n’est pas la première fois qu’une attaque du genre survient au manoir… Une malédiction planerait-elle sur la famille? Dans la seconde partie, lord Edgar se transporte et nous amène avec lui dans un tombeau égyptien où il est séduit par une momie, avant de revenir au manoir, où le mystère d’Irma Vep est enfin élucidé.
Dire que Serge Postigo et Éric Bernier se démènent est aussi un pâle reflet de la réalité. Incarnant tous les personnages (hommes, femmes et… créatures diverses), ils font preuve d’une vitalité époustouflante et changent de costume (et de peau) à la vitesse de l’éclair. Il se dégage de leur relation une véritable complicité. Malheureusement, c’est bien là le seul point positif de ce spectacle. Si l’histoire est absurde, l’humour donne plutôt dans le déjà-vu/entendu et dans le vulgaire, et manque totalement de subtilité. Certes, quelques anachronismes et clins d’œil à la culture populaire sont bien amenés et font sourire, mais pour le reste, la quasi-absence de surprises et la répétition des mêmes gags à l’infini entraîne un ennui insurmontable.
Bref, à moins de trouver hilarants les simulations (à répétition) d’actes sexuels, les erreurs de liaison, les chutes, les « j’arrive par derrière et cela te surprend tellement que tu hurles de terreur pendant trois minutes », abstenez-vous.
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(critique de 2004)
par Julie Lacasse et David Lefebvre
Grande virée de délire
J’ai ri. Beaucoup. De circonstance dans le cadre du Festival juste pour rire, Le Mystère d'Irma Vep est une pièce hurluberlue, n’existant que pour se dilater la rate.
Deux comédiens (Éric Bernier et Serge Postigo) sont véritablement en «effervescence» pour plusieurs personnages tout droit sortis de films de série B. Deux comédiens qui assument pleinement le ridicule kitch et la folie burlesque de ces personnages. Très physique, très caricaturé, très réussi. L’énergie déployée est énorme et heureusement, pour ce spectacle de deux heures, la pièce est entrecoupée d’un entracte reposant.
Loufoque. La mise en scène, réalisée pas Martin Faucher, fidèle à lui-même, est remplie de trouvailles amusantes, de références à notre propre culture, musique, personnalités connues, gestuelles grotesques. On assiste, par exemple, à une danse frénétique d’une momie et du personnage de l’égyptologue, Lord Hillcrest, au son de la fameuse chanson Believe de Cher. Et pas seulement un extrait… la chanson au complet s’il-vous-plaît, avec un Serge Postigo plastronné de faux seins nus en plastique. La salle au complet se roulait par terre!
C’est dans cette histoire absurde de vampires, loups-garous, tombeaux égyptiens et meurtres mystérieux que sont amenées les inepties les plus savoureuses qu’il m’ait été donné de voir jusqu’à maintenant. Malgré une certaine longueur vers la fin, on ne s’ennuie pas une seconde. Les surprises arrivent les unes après les autres, les musiques (Je t’attendais de Daniel Hétu, chantée par le duo alors qu’ils incarnent tous deux des femmes), les jeux de mots « poches », les cris et les objets volants... Les petits détails anodins mais rigolos (observez bien les robes et le fond du tombeau à sa première ouverture) sont partout : observateurs attentifs soyez vigilants! L’espèce d’apothéose de sentimentalisme moral de la fin, entre les deux amants qui mangent des pogos, tout bonnement, dans ce manoir anglais de 1840 m’a particulièrement éblouie…
Près de la chorégraphie, cette mise en scène est coordonnée de façon magistrale, il faut le dire. Le détail est fignolé dans tout.
À ne pas manquer!