Texte et mise en scène de Marc Marans
Avec Stéphane Franche, Vincent Leclerc
Deux hommes se retrouvent sur une plate-forme, accrochés à un édifice, à plusieurs dizaines de mètres du sol. De cette rencontre accidentelle entre un comptable qui veut mettre un terme à sa vie et un laveur de vitre, découle des dialogues à la fois drôles et cruels sur la peur, l’inertie, la liberté et… la masturbation, les fourmis et l’art de laver les vitres!
Plate-forme a été présentée en 2006 dans le cadre de La semaine de dramaturgie du CEAD. Une traduction italienne fut mise en lecture à Rome en mai 2007 durant le festival de dramaturgie contemporaine « Parole di scena ». L’auteur et comédien Marc Marans a participé à plusieurs productions théâtrales qui l’ont mené un peu partout au Canada et en France. Il signe sa troisième mise en scène, après Urbanités, version française de SubUrbia et Je ris…moi non plus.
Octo Productions est une compagnie bilingue qui propose un théâtre contemporain et qui encourage l'interdisciplinarité. Son spectacle True West, de Sam Shepard, a récolté deux nominations aux MECCA Awards 2006.
Scénographie : Julie Deslauriers
Costumes : Marilyne Garceau
Éclairages et projections : Eddie Rodgers
Conception sonore : Daniel Boivin
Assistance à la mise en scène et régie : Ariane Vigneault
Carte Prem1ère
Régulier : 22$
Abonnés : 11$
Dates Prem1ères : du 17 au 29 octobre 2008
Une création Octo Productions
par Sara Fauteux
Dans Plate-Forme, Marc Marans nous parle de l’inertie des hommes, de leur peur du changement. Cette peur que nous rencontrons tous à un moment ou à un autre de nos vies et qui nous empêche d’avancer. Son texte s’appuie sur les idées du scientifique Isaac Newton à propos de la gravité et du mouvement. Avec, en toile de fond, ces théories qui sont passées à l’histoire, il met en scène la rencontre inopinée entre deux hommes que tout sépare en apparence et qui vont se voir justement contraints de briser leur inertie.
Un comptable suicidaire et un laveur de vitres se retrouvent sur le toit d’un édifice, puis juché sur une plate-forme à des mètres du sol, confronté l’un à l’autre. Alors que le premier est étouffé par une vie morne et ennuyeuse, l’autre a su s’affranchir des contraintes sociales. Cette prémisse soulève tous les enjeux qu’on peut imaginer: le laveur de vitres confronte le comptable à sa peur d’agir et le provoque, le pousse à bout afin de lui faire reprendre contact avec ses instincts.
Le texte, auquel Marans a consacré presque trois ans, est efficace et parvient à maintenir un rythme qui soulève et conserve l’attention des spectateurs. De leur côté, les acteurs soutiennent également ce rythme et dosent efficacement humour et sérieux dans le jeu. Il faut d’ailleurs souligner la performance particulièrement savoureuse de Stéphane Franche dans le rôle du laveur de vitres. Cette production de la Compagne Octo implique plusieurs artisans qui ont effectué dans l’ensemble un travail très réussi à tous les niveaux.
Malgré toutes ces qualités, on ne peut s’empêcher de déplorer le manque d’originalité de cette création. En effet, Marans n’a pas su renouveler ces thèmes universels que sont la résistance aux changements et l’angoisse du vide de nos existences. Tchekhov, il y a plus de 100 ans, nous parlait déjà des mêmes enjeux avec toute la subtilité d’un maître. Ici, chacun incarne trop bien le modèle qui lui est attribué. Les personnages sont somme toute sans grande profondeur et dénués de contradictions. Plate-Forme offre donc un excellent moment de divertissement, mais sans toutefois réussir à nous transporter vraiment.