Du 1er au 16 décembre 2009, 20h

Bang Bang Love

Texte Guillaume Cyr, Annie Darisse, Benoît Drouin-Germain, Michel-Maxime Legault, Mathieu Lepage, Bruno Paradis, Marie-Claude St-Laurent, Elkahna Talbi, Ines Talbi, Leila Thibeault-Louchem
Mise en scène : Guillaume Cyr, Annie Darisse, Benoît Drouin-Germain, Catherine Lavoie, Michel-Maxime Legault, Mathieu Lepage, Bruno Paradis, Elkahna Talbi, Ines Talbi, Guillaume Tellier, Leila Thibeault-Louchem
Avec Guillaume Cyr, Annie Darisse, Catherine Lavoie, Mathieu Lepage, David Michael, Bruno Paradis, Elkahna Talbi, Ines Talbi, Guillaume Tellier, Leila Thibeault-Louchem

Un jeu. De l’amour. Des hasards. Onze interprètes. Cinq couples. Une entremetteuse. Cinq scènes. Qui joue quoi ? Faut voir. Ça dépendra, chaque soir, de cupidon... ou de toi.

Elles s’appellent Les Berbères Mémères. Juste pour que ça rime avec Carte Premières. Comme elles n’ont pas joué dans Incendies, elles font de l’insomnie. La nuit elles crient : « Wajdi ! Wajdi ! » « La guerre, la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal. » Alors cette année leur cochon sera hallal. Elles ont rangé leurs kalachnikovs pour vous offrir Bang Bang Love.

par Mélanie Viau

Toujours aussi inspirante qu’inspirée, la génération Y joue à Carte Première ses propres paradoxes et questionnements au sujet de la liberté et de l’intimité à deux. Les Berbères Mémères, trio créatif ultra féminin, ont refusé de plaquer leur nouvelle création dans un beau cadre laqué et rigide en lui donnant le loisir de suivre elle-même son propre destin en empruntant, chaque soir, des allées imprévisibles. L’amour dans le chapeau du hasard, le principe du tirage au sort fait de Bang Bang Love un défi théâtral aux limites du reality show et de l’exercice public, offrant aux spectateurs un divertissement aussi intense que peut offrir la télé les dimanches soirs.

Le concept de la création rappelle le travail de Merces Cunningham, grand avant-gardiste de la danse contemporaine, qui, pour faire suer un cran de plus ses interprètes, jouait du dé avant chaque représentation pour attribuer un nouvel ordre aux combinaisons chorégraphiques ainsi qu’une nouvelle distribution des danseurs. Un spectacle unique chaque soir, tel est le défi partagé par les Berbères Mémères, laissant le public décider du couple d’acteurs qui incarnera chacune des cinq courtes pièces inspirées des grandes étapes de la vie à deux, soit la rencontre, l’engagement, les projets communs, le rapport aux autres et la rupture. Et pour augmenter le plaisir, nous sommes invités à voter pour le match parfait de la soirée. Le couple gagnant qui, en plus de se retrouver submergé d’amour (!), repartira de la représentation avec un délicieux cachet de 85 $ pour faire son épicerie. Encourager l’art est un geste humanitaire.

Malheureusement, le rendu de la représentation n’atteint pas les sommets espérés par l’originalité de la démarche. Les personnages présentés souffrent d’un  manque de profondeur qui ne peut être attribué au talent des acteurs, mais bien à la superficialité des textes. Dans ce trop grand téléréalisme, agrémenté d’une touche d’absurdité qui fait bien rire, l’acteur n’a pas toute la liberté d’exploiter les forces qui le caractérise et le rend unique sur scène. On reste prudent, on évite de plonger tête première. Dommage, car on a affaire à des comédiens talentueux et prometteurs.

L’animatrice Ines Talbi, reine de la soirée experte en relations publiques, mène le bal de l’amour avec une candeur espiègle qui séduit à coup sûr. Porte-parole de la compagnie, elle établit avec le public un rapport intime qui joue grandement en faveur du spectacle, nous invitant à revenir, à prix modique, pour revoir et revoir encore les prouesses de ses mâles et femelles soumis au destin amoureux. Un destin auquel vous ne pourrez échapper cher public, car vous aussi, vous pourriez rencontrer votre âme sœur (ou votre meilleur ami, si jamais vous jouez dans la même équipe) au cours de cette amusante soirée proposée par vos complices qui se portent volontaires à vous suivre jusque chez vous… si vous êtes chanceux.

07-12-2009