By Martin Sherman
Directed by Carolyn Fe
With Vance De Waele, Yves Jacquier, Adam LeBlanc, Christopher Moore, Serge Turcotte and Mark Waters
Bent is a story of acceptance, tolerance and love in the wrong place and time.
Matinees: Saturday and Sunday, 2:00 pm
Two-for-one: November 7 and 8 matinees
Espace 4001 (Geordie)
4001, rue Berri
Billetterie : 514-823-8823
par Mélanie Thibault
La passion que développent les deux hommes dans Bent s’inscrit en eux-mêmes avec tendresse, sensualité, respect et complicité. Leur union est plus forte que l’oppression qu’ils supportent dans le camp de concentration de Dachau. Max (Christopher Moore), malgré lui, doit faire face à son désir pour les hommes, que ce soit avec Horst (Vance De Waele) ou pour son premier amour dont il oublie le nom (Adam Leblanc). Un oubli, pour se convaincre qu’il ne peut être réellement amoureux d’un autre homme. Bent démontre que l’homosexualité n’est pas un choix, qu’il s’agit d’une orientation sexuelle et d’une histoire d’amour tout simplement différente.
L’implication des acteurs Vance De Waele et Adam Leblanc dénote une réceptivité et une justesse remarquables. Par contre, le rôle principal incarné par Christopher Moore est en complet décalage avec la situation. Il surjoue parfois, poussant l’expression jusqu’à la disparition de toute crédibilité, ou au contraire dans un détachement frisant l’imposture. Moore se cantonne à trois nuances d’interprétation et les ressert à outrance. Il arrive pourtant à nous toucher lors des dialogues avec l’acteur De Waele, alors qu’ils sont debout à quelques mètres l’un de l’autre, s’imaginant qu’ils se touchent et font l’amour. Le cœur y est.
Le grand dommage réside cependant dans le choix scénographique : la croix gammée, présente dans toute la seconde partie de la pièce, n’a pas sa place. Des gens ont vécu la réalité des camps et ce n’est pas servir la profondeur du sujet que de brandir ce drapeau. L’espace d’interprétation d’une pièce, quand il s’agit de représenter un fait réel, doit avoir une portée plus grande que le désir de choquer ou d’émouvoir. Il est question de faire comprendre cette réalité et ce qu’elle implique pour le spectateur pour qui ce souvenir n’est pas toujours une fabrication théâtralisée.
La pièce, connue à travers le monde depuis son inauguration en 1979 est, en ce sens, utile. Elle met en évidence l’absurdité de la loi allemande réactivée par Hitler stipulant, dans le paragraphe 175, que l’homosexualité est une offense criminelle. Une des raisons d’être essentielle de cette pièce à Montréal repose sur la démarche de départ de la production. La pièce de théâtre Bent est dédiée à GRIS-Montréal, une organisation qui cherche à démystifier l’homosexualité et qui fête cette année son 15e anniversaire.