Le projet Dômes est une soirée spectacle morcelée, une installation en porte-à-faux constituée de trois pièces de théâtre expérimentales. Des textes inédits partageant un point commun viscéral: l’implosion d’un monde clos, d’un univers scellé sous vide.
Dômes dans sa maison close, dans sa déchirure féminisée.
La première pièce de théâtre, L’Effeuilleuse, est un court texte écrit en 2006 par Frédérique Dubé. Trois comédiennes réuniront leur corps et leur voix pour incarner la femme qui s’effeuille toujours un peu, parfois malgré elle.
Chorégraphe, metteure en scène et comédienne : Émilie de la Durantaye
Avec Evelyne St-Pierre et Cynthia Wu-Maheux
Dômes sous le ciel voûté, le dos recourbé.
La seconde pièce de théâtre, Skinny Day, écrite en 2005 par Mathieu K. Blais, nous amène dans un environnement surréaliste. Que deux comédiens sur scène, le gars sans peau et la fille à bras. Comme seul décor, une création vidéo.
Mise en scène : Frédérique Dubé et Jean-François Vachon
Avec Mélissa Giguère, Guillaume St-Pierre
Dômes compartimentés, individualisés.
La Mort Orale, écrite par Frédérique Dubé et Jean-François Vachon, est très picturale. L’idée sous-jacente: le non-dialogue, la non-communication, le non-humain. Un vide plein ou un plein de vide. Quatre duos, entre chacun d’eux, un diseur de vérité. Puis un pianiste qui parle avec ses doigts.
Mise en scène : Frédérique Dubé
Avec Julie Boulanger, Stephen Coderre, Félix de la Durantaye, Amélie Paquet, Victor Perrault,
Assistance mise en scène Nancy Rheault
Créateur - concepteur de la musique pour Skinny Day Nicolas Cousin
VJ pour L’Effeuilleuse et créateur-concepteur de la vidéo pour Skinny Day Grégory Fabre
Graphiste et artiste visuelle Jennifer Galewski
Pianiste dans La Mort Orale Guillaume Martineau
Billets : National au coût de 20 $ (régulier) et de 15 $ (étudiants et aînés)
Une création Projet Dômes
www.vimeo.com/10598587
Studio Hydro-Québec du Monument-National
1182, boul. Saint-Laurent
Billetterie : (514) 871-2224
Adulte-20$/ Âge d’or et étudiants – 15$
par Sara Fauteux
Projet Dômes est un objet théâtral bien curieux. Composé de trois oeuvres de théâtre expérimental de jeunes auteurs et créateurs, ce spectacle laisse perplexe. En effet, la qualité des textes et de l’interprétation laisse à désirer et le regroupement des trois textes dans un même spectacle n’est pas nécessairement au service du propos.
Cette soirée théâtrale s’ouvre sur l’Effeuilleuse, un texte de Frédérique Dubé, qui est certainement le meilleur moment du spectacle. Cette courte pièce écrite en 2006 présente une poésie intéressante et recherchée sur le thème de la femme et du corps. Trois actrices habiles nous livrent le texte en se tortillant dans une « pole-dance » torturée. La chorégraphie évocatrice d’Émilie de La Durantaye, qui fait d’ailleurs partie de la distribution, sert la forme du texte et amorce le spectacle de façon dynamique. Les deux pièces qui suivent cette première partie prometteuse (somme toute assez réussie) le sont malheureusement beaucoup moins.
Skinny Day, écrite par Mathieu K. Blais en 2005, nous amène dans un univers surréaliste un peu inquiétant. Deux êtres perdus et abandonnés à eux-mêmes se retrouvent sous un viaduc pour se réfugier de la pluie. Ils voient leurs solitudes respectives menacées par la présence de l’autre. Le texte arrive à créer une ambiance intéressante où on retrouve un côté sombre qui rappelle un peu les univers futuristes d’Enki Bilal. Il y a bien quelque chose de touchant dans leur détresse, mais l’interprétation des comédiens n’est pas maîtrisée et le texte présente une langue incertaine, entre poésie, français soutenu et québécois stéréotypé : un mélange qu’on ne peut qualifier de réussi et qui agace rapidement. Pourtant, le texte de Mathieu K. Blais contient quelques bons flashs qui réussissent à piquer la curiosité du spectateur.
La Mort Orale, également de Frédérique Dubé, complète le trio. Si le texte tente manifestement de faire réfléchir le spectateur, l’écriture, tout comme les procédés utilisés, est maladroite et ne réussit pas à atteindre la cible. Au lieu d’illustrer les dômes sociaux qui nous enferment dans des comportements absurdes à l’aide d’images évocatrices et complexes, l’auteur a recours à un personnage-narrateur qui prend le public à partie pour commenter le comportement de ses pairs. Les scènes qu’il commente sont pour la plupart composées de stéréotypes qui enlèvent toute crédibilité au propos de l’auteur. Le discours critique de la société moderne est ultra-présent dans l’art actuel, et, afin de réellement interpeller le public, il faut le surprendre, non pas lui faire la morale.
Bref, Projet Dômes est un spectacle décevant qui laisse le public sur sa faim en lui offrant un regard plus ou moins pertinent sur les enjeux sociaux de notre société.