18 ans et +, en anglais
Texte : Jeremy Hechtman and Patrick Goddard
Mise en scène Jeremy Hechtman
Interprétation Shawn Baichoo, George Bekiaris, Nichole Carlone, Vance De Waele, Patrick Goddard, Jade Hassouné,
Molly McGivern, Ulka Mohanty, Gabrielle Néron, Joanne Sarazen, Jake Smith, Paul Van Dyck, Eleanor Young, et un invité vedette spécial
Bienvenue dans la Grotte! Au théâtre de Dionysos, les nuits débordent de vin, de femmes et de chansons. Mais ce soir, Dionysos réalisera que vie éternelle ne rime pas forcèment avec jeunesse éternelle...
Comment Dionysos réagira-t-il face à la crise de la quarantaine? Se résignera-t-il à accepter son destin avec grâce et dignité? Ou décidera-t-il qu'il vaut mieux s'éteindre que s'effacer?
Une distribution de 14 acteurs Montréalais chantent, dancent, jouent et performent dans cette nouvelle création originale musicale du Théâtre MainLine depuis Johnny Canuck and the Last Burlesque en 2006. Hechtman, Goddard et Carpenter se réunissent pour un spectacle phénomenal et ébourrifant, une occasion qui ne s'est pas présentée depuis au moins 2000 ans.Musique de Nick Carpenter
Chorégraphies de Amy Elizabeth Blackmore
Tickets : 20$
MainLine Theatre
3997, boul. St-Laurent
Billetterie : (514) 849 – FEST (3378)
www.mainlinetheatre.ca
par David Lefebvre
In Vino Veritas
Il semble que la vie éternelle offre parfois son lot de surprises. Dionysos, divinité du vin et des plaisirs, l'apprend à ses dépens. Après des millénaires de fêtes, d'orgies et de beuveries, il est visité par une Centauresse plutôt mignonne qui lui signifie qu'il a atteint la quarantaine. Panique : un dieu peut-il dire adieu à sa jeunesse éternelle? Même son paternel, Zeus, n'y peut pas grand-chose, il devra aller voir les Moires, les trois femmes de la Destinée, pour tenter de retrouver le privilège qu'il a perdu.
Inspiré d'une histoire de l'auteur et humoriste américain Garrison Keillor, The Mid-Life Crisis of Dionysus est considérée, par les créateurs Jeremy Hechtman (mise en scène), Patrick Goddard (livret et paroles) et Nick Carpenter (musique), comme une «tragédie musicale épique aux proportions olympienne», rien de moins. Cette comédie musicale, donc, aborde avec un humour décapant le thème de la crise de la quarantaine de l'homme moderne, par l'entremise d'un dieu «à son image», soit celui qui aime «le vin, les femmes et les chansons». C'est en lion que le spectacle débute, sous la forme d'une messe de style américaine, avec chorale et preacher. Le prédicateur, interprété par Patrick Goddard, introduit avec entrain le divin personnage, joué par l’hilarant Paul Van Dyck, vêtu d'une couronne de feuilles et le sexe caché par des grappes de raisins. Puis tout se complique : difficultés érectiles, hôpital, examen de la prostate, problèmes conjugaux - food fight incluse-, Dionysos se doit de faire quelque chose. Il affronte donc son père (Tristan D. Lalla) lors d'une scène rappelant Vegas, Astaire et quelques crooners, ainsi que les trois femmes de la Fatalité, qui ont ici plus de liens avec quelques vieilles Italiennes et Anglaises que de monstrueuses créatures légendaires. Pourtant, grâce à son ami mortel qui lui sert d'agent, d'avocat, de confident et de pharmacien, Dionysos comprendra enfin qu'il n'est pas indispensable à la race humaine, déjà décadente par elle-même. Il s'apercevra aussi qu'il ne peut échapper à son sort, mais surtout, qu’il a le choix de vivre le temps qu'il lui reste comme bon lui semble. Et qu'il vaut peut-être mieux brûler vif que de disparaître sans laisser de trace, comme l'a déjà dit Neil Young. Si la pièce fait l'éloge du plaisir, de la bonne chair et de l'alcool, elle fait aussi réfléchir sur notre propre vieillissement.
Les 14 comédiens, Shawn Baichoo, George Bekiaris, Nichole Carlone, Vance De Waele, Patrick Goddard, Jade Hassouné, Molly McGivern, Ulka Mohanty, Gabrielle Néron, Joanne Sarazen, Jake Smith, Paul Van Dyck et Eleanor Young, s'en donne littéralement à coeur joie dans ce spectacle à saveur off-Broadway, au potentiel énorme. Nick Carpenter, à la direction musicale, a réussi à marier toutes les voix et composer une chorale aux subtilités vocales superbement agencées. La mise en scène et les chorégraphies (Amy Blackmore) sont dynamiques, tentatrices, mais jamais indécentes. Burlesque, déjanté, le spectacle nous amuse ferme grâce aux paroles des différentes chansons, dont certains refrains nous accrochent, et au jeu éclaté des comédiens. Les clins d'oeil à la religion catholique et à la mythologie grecque sont nombreux et fonctionnent à merveille. Quelques scènes, dont le séjour à l'hôpital, le repas du couple, la visite au Olympus Casino et la mort de l'ami humain, sur la musique de My Way, sont de petits bijoux à eux seuls.
C'est dans un décor simple, composé de rideaux, de colonnes et de marches, que les comédiens évoluent. Tout près du public, la troupe s'amuse énormément avec celui-ci, le mettant à contribution. Carpenter assure au piano droit, accompagné lors de la deuxième partie de Shawn Baichoo aux percussions et de Molly McGivern au violon mongol à tête de cheval. Mentionnons le travail de la designer Lindsay Westbrook, qui est parvenu à confectionner des costumes ajustés à chaque moment du spectacle, et à (dés)habiller les comédiennes tout en respectant une certaine pudeur.
Un seul pépin technique à noter : l'utilisation d'un microphone, qui assourdit les voix plutôt que de les amplifier, nuit davantage qu'elle aide réellement.
Se terminant en véritable fête dansante, The Mid-Life Crisis of Dionysus est du bonbon, à consommer sans modération.
20-02-2010