Texte William Mastrosimone
Traduction David Laurin
Mise en scène Bernard Lavoie
Avec Marie-Claude Guérin, Gabrielle Néron, Martin Plouffe, Isabel Rancier
Dans une maison éloignée habitent 3 femmes. Un agresseur s’impose alors que Stéphanie est seule à la maison. Elle réussit à le soumettre et les rôles s’inversent. L’auteur nous prend en otage dès les premières répliques. Une fois Paul attaché dans le foyer; les 2 colocataires de Stéphanie arrivent et tentent de se sortir de l’impasse à laquelle elles sont confrontées.
La pièce Extremities a été écrite par William Mastrosimone et fut jouée pour la première fois Off Broadway en 1982. Le succès fut retentissant. La version cinématographique fut réalisée en 1986. Elle mettait en scène Farrah Fawcett, Alfre Woodard, Diana Scarwid and James Russo.
En 1987, le Théâtre de 4’Sous a présenté la traduction de Louison Danis Inextremis dans une mise en scène de Serge Denoncourt. Vingt-deux ans après sa création à Montréal, Extremités bouleverse encore.
Décor Camille Hébert-Boisclair
Éclairages et régie Joannie Campagna
Costumes Christelle Deforceville
Musique Steve Lalonde
Date Premières : du 12 au 16 janvier 2010
Régulier 24$
Étudiants 18$
Abonné 12$
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Production CShow
Espace 4001 (Geordie)
4001, rue Berri
Billetterie : 514 848-9696
par David Lefebvre
Le théâtre réaliste propose toujours un défi intéressant de mise en scène et de jeu. Le Théâtre du Foyer s'attaque ces jours-ci au texte de William Mastrosimone, In Extremis/Extremities, qui avait connu un grand succès off Broadway au début des années 80. La pièce a même bénéficié d'une adaptation cinématographique en 1986, de Robert M. Young, en plus d'être nommée aux Golden Globes. Le Quat'Sous avait aussi présenté, l'année suivante, une version de cette pièce, avec Isabelle Miquelon, Robert Léger, Marie Charlebois et Adèle Reinhardt.
Stéphanie, jolie jeune femme, occupe une grande maison avec deux de ses amies. Un matin, alors qu'elle est seule, Stéphanie reçoit la visite impromptue d'un homme qu'elle trouve, à priori, pas mal. Mais celui-ci s'incruste, cherchant un certain Mike. Elle lui demande de quitter les lieux à plusieurs reprises, mais il s'entête. Débute alors la pire journée de sa vie : elle est coincée par l'inconnu qui devient de plus en plus menaçant. Il s'amuse avec elle et tente de la violer. Pourtant, elle réussit à le maîtriser et à le confiner, attaché, les yeux aveuglés par un produit chimique, dans le foyer de la cheminée. S'ensuit une journée de discussion et de manipulations diverses, surtout lors de l'arrivée des colocataires qui voient de façon différente les circonstances du drame. Que feront-elles, le livrer à la police, blessé, sans preuve, sans confession, et courir la chance qu'il revienne se venger, ou le tuer et cacher le cadavre?
Extrémités, traduite pour l'occasion par David Laurin, est une pièce assurément coup de poing. Imprégnée d'une violence inouïe, nous assistons, impuissants, à cette double prise d'otage. La mise en scène de Bernard Lavoie plonge les comédiens et le public dans une ambiance troublante et des plus réalistes. Isabel Rancier et Martin Plouffe (absolument angoissant) forment un duo étonnant, les deux occupant l'une ou l'autre des extrémités du spectre victime-bourreau. Gabrielle Néron incarne une Sophie agitée, en proie à un dilemme moral; son personnage offre possiblement les éléments les plus comiques de cette affreuse situation. Marie-Claude Guérin, excellente dans le rôle de Catherine, l'amie la plus détachée de tout ce branle-bas, tente de relativiser les choses, tout en les envenimant. Par contre, certaines de ses répliques, à l'humour un peu facile, écrites pour faire respirer un peu le spectateur, fait malheureusement décrocher celui-ci pendant quelques secondes de ce suspens tout aussi frustrant que jouissif - ne boudons pas notre plaisir. De plus, il est utile de se questionner sur la pertinence d'un entracte après 45 minutes, qui rompt momentanément notre attention gagnée depuis le tout début de la représentation.
L'ambiance sonore, concoctée par Steve Lalonde, colle parfaitement, malgré qu’elle ait été composée, étonnamment, à distance des lieux de répétition. Le décor, simple, de Camille Hébert-Boisclair, joue très bien son rôle. Le foyer, suggéré, ressemble plutôt à une prison aux barres de fer croisées. Christelle Deforceville aux costumes et Joanie Campagna aux éclairages, à l'assistance à la mise en scène et à la régie, complètent l'équipe de création.
Huis clos glauque et prenant, Extrémités est une pièce comme une lame de couteau. La violence, malgré toute la retenue de la troupe, nous happe, physiquement et mentalement. Les mots frappent et marquent tout aussi durement et sournoisement qu'une caresse non désirée, qu'une menace planante. Pouvons-nous nous servir du système en toute occasion, ou est-ce que l'agneau doit se transformer en loup sanguinaire face au danger, pour s'assurer de sa survie? Jusqu'où notre instinct animal est-il socialement acceptable, jusqu'où sommes-nous prêts à aller? À voir.