Du 27 avril au 15 mai 2010, 20h
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Super pouletSuper poulet

Texte de Stéphanie Labbé
Mise en scène Jean-Simon Traversy
Avec Stéphanie Labbé, Robin-Joël Cool et Anne Trudel

Je passe ma vie à attendre. Attendre l’autobus. Attendre d’avoir de l’inspiration. Attendre d’avoir bâti ma carrière avant d’avoir des enfants. Attendre la chose qui me rendra heureuse. Super Poulet, une histoire d’attente, de jeunes filles et... de poulet !

La Parade, c’est une compagnie qui croit que tout est possible et qui veut le faire croire aussi. Une compagnie qui aime les livres, le hockey et les mots d’amour. Mais bon, ça, ce n’est pas de vos affaires.

Conception des décors : Maryse Messier
Conception des costumes : Dominique Gervais
Conception des éclairages et régie : Geneviève Perreault
Conception sonore : Joël-Aimé Beauchamp
Photo : PL2 Studio

Carte Premières
Date Premières : du 27 avril au 5 mai 2010
Régulier 20$
Abonné 10$

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Une création de La Parade

Espace 4001 (Geordie)
4001, rue Berri
Billetterie : 514 529-5806

par Marijo Meunier

Super poulet, c’est avant tout une histoire de premières : première création originale de La Parade sans Orignaux, première expérience d’écriture dramaturgique pour son auteure Stéphanie Labbé et deuxième apparition de la troupe sur la scène théâtrale – la première remonte à 2009, alors qu’elle avait fait une relecture de Pour faire une histoire courte de Frédéric Blanchette à Charlevoix. La Parade sans Orignaux s’intéresse à l’absurde et joue à en mélanger les frontières avec la réalité.  Super Poulet raconte l’histoire de deux adolescentes blagueuses complexées, Vic et Claire23, qui se rencontre pour la première fois dans un parc.  Ce qui les unit avant tout, c’est leur obsession de la minceur et de la beauté.  C’est justement dans le but de commander le remède à leurs problèmes, le Super Poulet amaigrissant, que le rendez-vous est donné.  Leur quête se transforme peu à peu en questionnement, en remise en question et finalement, elles trouvent à travers l’autre leur reflet et nait l’amitié. 

Tout ce qui entoure la pièce porte à curiosité, le nom de la troupe (cocasse), le titre de la création et, à la lecture du programme,  une phrase mise en: «Merde la folle, le mâle de la poule, c’est le coq, pas le poulet!».  En entrant dans la salle, l’aspect intriguant est renforcé par le décor d’une qualité remarquable si l’on considère le budget dont la troupe dispose.  Dans le parc, il y a un arbre, dont on ne voit que le tronc, une balustrade de béton et du paillis de cèdre sur le sol.  Le paillis crée d’ailleurs une agréable ambiance olfactive qui titille d’autant plus la curiosité, et c’est sans parler de la musique country qui nous fait patienter avant que les comédiens n’entrent en scène.  Tout annonce une soirée prometteuse.

Les premières minutes de la pièce, pièce qui ne dure qu’une heure soit dit en passant, sont savoureuses. La rencontre entre Vic et Claire23 est truffée de répliques cinglantes, loufoques et touchantes; ensemble, elles attendent un homme qui viendra les conseiller sur leur commande de poulet. Leur conversation réelle d’adolescente dans le contexte absurde, dont le ton et le registre sont parfaits au début, se gâte cependant plus la pièce avance.  Leur registre de langue passe tantôt du français littéraire au jargon d’adolescents et leur conversation saute constamment du mode fluide au mode théâtrale; ce qui donne une impression d’inégalité dans le ton de la pièce.

Le contact avec la réalité des deux jeunes filles, ordinairement cloitrées dans leur sous-sol à échanger cybernétiquement, donne lieu à de belles réflexions sur la période trouble de l’adolescence.  On passe à travers à peu près tout : premiers amours, sexualité trouble, difficulté à passer du monde de l’enfance au monde adulte, difficulté de communications avec la famille, l’amitié, rapport à la société…  Autant de sujets en si peu de temps, il va de soit que certains ne sont que trop peu effleurés, on aurait aimé qu’ils soient plus exploités, comme ce qui touche à leur «vie cybernétique». Il n’en ressort pas moins d’excellentes réflexions sur les angoisses et les tranches de vie de Vic et de Claire, notamment dans leurs apartés. 

Un personnage symbolique se joint également à elles quelques minutes «un vendeur d’assurances».  Devant deux jeunes filles qui doutent de tout et à la recherche de perfection, l’image est belle, bien que brève.  Son passage est aussi le son de cloche au revirement de situation entre les adolescentes. Brillamment ficelé, on y découvre finalement les faiblesses et le côté sombre de chacune. 

Cette première création originale de La Parade sans Orignaux, n’est certes pas parfaite, la soirée n’est peut-être pas aussi prometteuse que les indices du début nous laissaient envisager, mais elle n’en demeure pas moins intéressante, surtout à travers les réflexions qu’elle pose sur l’adolescence.  Qui dit première, dit cependant deuxième et le temps à la troupe de bien s’ancrer dans sa création.

02-05-2010

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