Du 3 au 14 mars 2010

Zédia

Coscénaristes et metteures en scène : Annie-Claude Beaudry et Julie Vigneault
Avec L’artiste, le galeriste, le frère de Zédia, l’admiratrice, l’ex-copine de Zédia et le Joker

Voilà maintenant 3 ans que Zédia, photographe, est disparu dans des circonstances mystérieuses. Qu’est-il advenu de lui? Le mystère plane toujours. Derrière lui, il laisse une oeuvre magistrale qui a, depuis, pris de la valeur. Pour souligner le 3e anniversaire de sa disparition, le Théâtre Fractal lui a organisé un rallye commémoratif où vous êtes conviés et au cours duquel vous en apprendrez plus sur la vie de Zédia, sur son oeuvre et peut-être bien sur sa mort.

Depuis 2005, le Théâtre Fractal a amené le public dans un univers où tous les repères dramatiques du spectateur tombent et où il se voit confronté à une nouvelle réalité. Avec Chronos et Opération Cigogne, la troupe a surpris, impressionné et dérouté le public.

Depuis 2009, le Théâtre Fractal c’est Annie-Claude Beaudry, Éric Paul Parent et Julie Vigneault. Cette équipe dynamique souhaite aujourd’hui poursuivre l’expérience du théâtre immersif et participatif avec Zédia.

Leur démarche se situe dans l’imprévu, la contribution des participants, l’interaction des passants et le jeu des comédiens-improvisateurs. Et, à partir du scénario, tout reste à découvrir, l’histoire à se ficeler.

par David Lefebvre

Emmanuel Beaudry, jeune prodige de la photographie, a disparu subitement, il y a quelques années. Mieux connu sous le nom de Zédia, il n’a laissé aucune trace derrière lui. Est-il mort, s’est-il échappé au sud du sud? Il laisse pourtant de magnifiques clichés derrière lui, léchés mais rudes, travaillés mais naturels, au savant mélange de clair-obscur. Mais que s’est-il passé?

Après Chronos et Opération Cigogne, le Théâtre Fractal vous amène sur les pas de cet artiste mystérieux, grâce à un parcours théâtral immersif et participatif. Séparé en quatre groupes distincts, le public marche durant plus de deux heures dans le labyrinthe du Montréal souterrain, toujours à l’affût d’indices. En fait, avec ce rallye, le Théâtre Fractal se donne deux missions : changer nos perceptions et nous faire découvrir le parcours d’Art souterrain. De ce côté, c’est totalement réussi. Il suffit d’être attentif aux bruits qui nous entourent, aux différences de température, aux odeurs qui nous chatouillent le nez. Nos yeux s’écarquillent souvent lors de l’expérience ; on découvre un passage inconnu, on s’épate devant une architecture nouvelle,  on s’émerveille des nombreuses œuvres d’art tout au long de notre marche.

Les instructions des coscénaristes Annie-Claude Beaudry et Julie Vigneault sont claires et précises ; de plus, si l’on se perd, l’équipe nous suit grâce aux caméras de surveillance et nous laisse un numéro de téléphone pour les joindre. La sécurité est de mise. L’expérience permet beaucoup d’interactions entre les membres de l’équipe, puisque chacun a un rôle à jouer : la prise de note, le transport d’indices, la lecture des instructions.

Par contre, les personnages liés au parcours tardent à se manifester (notez bien, il se peut que ce point précis ne touche qu’un groupe ou deux, puisque personne n’emprunte exactement le même chemin). L’audioguide, remis au tout début du trajet, est sous-utilisé : les marcheurs n’en font usage que quelques minutes, et il propose simplement un chemin et quelques effets sonores, alors qu’on aurait pu user de ce système pour approfondir l’intrigue, donner d’autres indices sur le personnage de Zédia. La toute fin de l’aventure devra éviter de s’étirer inutilement, pour être vraiment amusante et surprenante.

Les enquêteurs chevronnés et aguerris pourraient rapidement décrocher, car les réponses aux questions trop pointues sont écartées ou évitées. Le mot d’ordre : amusez-vous, et embarquez complètement dans le jeu, car Zédia est une expérience emballante, originale, minutieuse, très stimulante et enrichissante, à tenter plusieurs fois pour bien voir, ressentir et goûter au plaisir des découvertes qu’elle procure.

04-03-2010