Trois pièces de théâtre présentées en rafale à chaque représentation les 19, 20 et 21 mai 2011.
Un seul lieu, plusieurs rencontres, trois différentes histoires. Cet endroit sera l'unique témoin de mensonges, de secrets, de moments de bonheur et de rêves inachevés. Nous serons, nous aussi, témoin de la rencontre d'un amant et d'un mari détruit, d'un clochard et de quelques passants ainsi que de 4 protagonistes à la quête de leur propre liberté.
Joies, cynisme, rires, batailles, tristesse, vérité, diversion...Textes originaux accompagné d'une mise en scène touchante et drôlement divertissante.
"Vous avez l'heure?" par Maxime Cormier
Un homme aperçoit son semblable porteur d’une montre et lui pose une question simple pour le commun des mortels modernes : vous avez l’heure? Une question qui paraît si anodine pour certains, mais qui renferme un potentiel viscéral pour d’autres. L’état d’esprit a beaucoup à dire sur la perception. Des échanges qui mèneront à des débats teintés d’émotion et de cynisme, l’homme usera de tous ses outils pour soudoyer le maître du temps.
"Le clochard" de Sylvain Girard (une douzaine de représentions à son actif et adapté en court-métrage)
Marcel n’a qu’un seul ami dans la vie; Son banc.
Il n’a qu’un rêve; quitter son petit patelin.
Marcel n’a qu’une seule possibilité; La fuite.
Marcel revient chaque jour discuter avec son ami le banc de parc à qui il raconte ses journées, ses rêves et ses déceptions. Il lui parle aussi de son seul amour pour un ange rencontré par hasard. Mais aujourd’hui Marcel fera plus que rêver…
"Le blues des chaises folles" par Sylvain Girard (six productions et au delà d'une vingtaine de représentations dans les quinze dernières années)
Annie, Mary, Johnny et Max sont assis depuis toujours sur le banc. Se lever? Absurde! Impossible! Le pape l’a dit. C’est interdit. Mais Annie a des rêves. Des rêves de grandeur. Des rêves de voyages et de découvertes…
Billets : 20$ (admission générale)
Durée 1h30
Produit en collaboration avec Productions Eskal
Centre culturel Calixa-Lavallée
Parc Lafontaine
Réservation (514) 602-9005
par David Lefebvre
Production Eskal invite les spectateurs à rencontrer deux auteurs québécois, Maxime Cormier et Sylvain Girard. Trois histoires fort différentes, un objet rassembleur : un banc de parc. Un mari, trompé par sa femme, se fait demander l'heure par un amant qui ne voudrait pas arriver à son rendez-vous ni trop tôt, ni trop tard. Mais le mari refuse de la lui donner. Un sans-abri raconte sa journée et ses pensées à son banc de bois pour ce qui semble être sa dernière nuit. Quatre individus, nés sur ce banc, obéissant à un pape invisible, n'osent se lever de leur place, jusqu'à ce que l'une d'entre eux ne puisse plus résister à l'appel de l'inconnu : une chaise placée un peu plus loin. Mais son bonheur sera de courte durée, rendant jaloux les trois autres comparses.
Le premier texte, de Maxime Cormier, rappelle le théâtre de Feydeau. Échanges rapides, quiproquo, subterfuges pour avoir l'heure ; le dialogue est léger et amusant. Pour ce type de théâtre, le jeu des deux comédiens, Frédéric Cloutier et Martin Vachon, est impeccable. La sauce se gâche à l'entrée de la femme/amante, qui vient miner le niveau de langage soutenu des deux hommes. Le tango qui suit, entre les deux amants, permettant ainsi un changement de costume, est sans émotion et manque de fougue.
Cloutier revient en scène et interprète ce clochard qui se remémore son Ange, une jeune femme qui lui avait rendu visite, et ses rêves perdus. Même si l'exil est sa seule porte de sortie, il ne peut s'empêcher de revenir sur son banc soir après soir. Pour ce texte, malheureusement, l'émotion ne passe pas. Les mots de Sylvain Girard ne font résonner aucune corde sensible, et la direction de Richard Ducharme se veut stagnante. Frédéric Cloutier tente de porter son personnage sans le faire basculer dans la facilité, et c'est possiblement ce qui rachète ce segment.
Le blues des chaises folles, dernier texte de ce spectacle en trois parties, aborde plusieurs thèmes universels : les relations hommes-femmes, la jalousie, la foi aveugle, la peur de l'inconnu ou son contraire, le désir de la découverte. L'idée de réunir quatre entités sur un même banc, obligés par eux-mêmes d'y vivre sans espoir de compréhension, sans ouverture, métaphore sans grande subtilité de la société moderne, qui clame que nous sommes les seuls qui peuvent créer notre propre liberté et notre bonheur, est tout de même d'un certain intérêt. À regret, on tombe souvent dans le cliché, dans les médisances et les dialogues presque triviaux. La finale, bataille rangée et chorégraphiée pour une chaise sur un air de guitare joué en direct, s'allonge sans vouloir cesser. Le jeu des quatre comédiens, Simon Tanguay, Marie-Joëlle Guindon, Marc-André Boire et Mary-Kim Kelly, est inégal et en dent de scie. La mise en scène propose quelques idées, dont un banc rotatif qui permet à celui-ci de se transformer en banc d'église - offrant une image encore plus forte de la religion et du pape - et un code de couleur pour chaque personnage qui s'affiche en fond de scène. Bien peu pour soutenir, finalement, l'intérêt général envers ce spectacle.