Quand la danse rencontre les arts plastiques. Un « blind date » artistique. Voilà ce dont rêvait la chorégraphe Hélène Langevin en ouvrant l'horizon de la danse aux arts plastiques avec son tout nouveau spectacle, L'atelier. Comment nouer le dialogue entre ces deux formes d'expression ? Comment les faire se rencontrer dans leurs différences comme dans leurs affinités Sensible aux lignes, au rythme et à l'espace qui habitent peintures et sculptures, la chorégraphe s'est abondamment nourrie de l'art du XXe siècle, de ses grands courants et des artistes phares qui les ont animés. Les oeuvres de Jean Dubuffet, Sonia Delaunay, Jackson Pollock, René Magritte, ainsi que les courants expressionniste et Pop Art, ont retenu son attention et servi de point d'impulsion aux compositions chorégraphiques et scéniques du spectacle.
Sur scène : un atelier d'artiste. Dans ce haut lieu de création et d'invention, renfermant mille surprises, les idées fusent de toute part et voyagent. Les quatre interprètes Audrey Bergeron, Nicolas Labelle, Jean-François Légaré et Jessica Serli - s'amusent avec tout ce qui leur tombe sous la main : tissus, cadres, toiles, accessoires divers. Inventifs et curieux, ils manipulent, modèlent et transforment ce qui les entoure, dans un jeu qui a pour seule règle le plaisir. Des tableaux dansés s'inventent alors sous nos yeux. Ils se font et se défont au gré de la fantaisie des interprètes qui se lancent allègrement dans la création.
Bouge de là est l'une des rares compagnies de danse professionnelle au Québec se destinant exclusivement au jeune public. Fondée en 2000 sous la direction artistique d'Hélène Langevin, elle propose des spectacles de danse contemporaine qui intègrent différentes disciplines artistiques : vidéo, théâtre, ombres chinoises. Variées et ludiques, les créations font appel à la curiosité des enfants et leur ouvrent un monde d'émotions et de perceptions qui stimule leur imaginaire. Désireuse de transmettre aux jeunes le plaisir du mouvement, la compagnie a également développé un volet éducatif en lien direct avec les spectacles qu'elle offre à son jeune auditoire.
Assistance à la chorégraphie Sophie Michaud
Dramaturgie Mélanie Dumont
Conception vidéo Pierre-Marc Beaudoin
Musique Bernard Falaise
Décors et costumes Véronique Bertrand
Lumières Lucie Bazzo
Agora de la danse [site Web]
840, rue Cherrier
Billetterie 514 525.1500
Théâtre Outremont
1248, avenue Bernard Ouest
Billetterie 514-495-9944
par Sara Fauteux
L’atelier, le plus récent spectacle de la compagnie Bouge de là, est présenté ces jours-ci à Montréal. Il s’agit d’un spectacle s’inspirant des arts plastiques : dans un ensemble de tableaux de danse contemporaine, on nous présente certaines des grandes lignes de l’histoire de l’art visuel du vingtième siècle. Dadaïsme, pop art, expressionnisme… La chorégraphe Hélène Langevin a ainsi sélectionné quelques-uns des mouvements les plus importants des arts visuels modernes pour son spectacle destiné au jeune public.
Bouge de là est une des seules compagnies de danse professionnelle du Québec qui se consacre uniquement au jeune public. Le spectacle L’atelier initie les enfants à la danse contemporaine ainsi qu’à l’univers des arts visuels. Dans un atelier d’artiste, quatre danseurs s’activent à l’aide de différents accessoires à dépeindre l’esprit de mouvements artistiques, à les déconstruire, à évoquer les atmosphères et les procédés utilisés par Jackson Pollock, René Magritte, Sonia Delaunay, Jean Dubuffet et autres.
Le spectacle s’appuie habilement sur le travail vidéo de Pierre-Marc Beaudoin. Une caméra permet de capter le mouvement des danseurs et de les reproduire en formes et en couleur sur des écrans. À entendre les réactions des enfants, on devine que la magie opère et que les tout-petits sont séduits par le tableau fascinant qui se crée sous leurs yeux. En utilisant la vidéo, Langevin souhaite créer un spectacle dynamique qui captive l’attention des enfants et leur montrer qu’il s’agit d’un médium largement utilisé par les artistes visuels contemporains.
Si l’ensemble fonctionne de prime abord pour les enfants, leurs parents et enseignants risquent de fort s’ennuyer durant la représentation. On reconnaît aisément les références artistiques et l’efficacité de la vidéo sur scène, mais l’intérêt ne va pas plus loin, puisque le procédé n’est pas utilisé de manière très poussée. L’atelier apparaît donc très simpliste et fort peu intéressant pour un public plus âgé. Cette incapacité à capter l’intérêt des adultes est certainement le signe d’un manque de profondeur et de contenu et après l’excitation de la représentation, il est fort à parier que les enfants oublieront leur expérience dès le retour dans la salle de classe.
En effet, les chorégraphies et la gestuelle sont très peu évocatrices au-delà des références aux arts visuels. L’interprétation des danseurs est honnête, mais leur terrain de jeu est si étroit qu’ils ne peuvent atteindre leur public autrement qu’intellectuellement. En suscitant la curiosité et l’intérêt des enfants face aux arts visuels, L’atelier remplit essentiellement un rôle pédagogique. Mais, le mandat premier de la compagnie n’est-il pas d’éveiller la sensibilité artistique de son public? En ce sens, Bouge de là rate sa cible avec ce spectacle qui présente un intérêt artistique très limité pour les enfants comme pour les adultes.