Un bistrot de gare ouvert la nuit. Une femme attend un train pour Dieppe et un homme en smoking n'a surtout pas le goût de rentrer chez lui. Au départ, tout semble les opposer, mais ils ont un point en commun...
Costumes Marie-Pascale Picard
Cartes Prem1ères
Date Premières : 15 au 23 octobre 2010
Régulier : 22$
Carte premières : 11$
Une création Artemage Productions
par David Lefebvre
Le whisky tu le dégueules, et ça va mieux après, mais les souvenirs…
On connait Josiane Balasko grâce à ses rôles dans Grosse fatigue de Michel Blanc, Gazon maudit (qu’elle a réalisé), Un crime au paradis de Jean Becker, Cette femme-là de Guillaume Nicloux ou, encore, plus récemment, Le Hérisson de Mona Achache. Comédienne prolifique, associée au Splendid (troupe/café/théâtre associés à de grands noms, dont Christian Clavier, Michel Blanc, Gérard Jugnot et Thierry Lhermitte), elle est aussi une excellente auteure. En 1985, elle écrit et met en scène Nuit d’ivresse, qu’elle joue en compagnie de Michel Blanc, au Théâtre du Splendid St-Martin. Elle reprendra son rôle un an plus tard, au cinéma, sous la gouverne de Bernard Nauer, donnant la réplique à un jeune Thierry Lhermitte.
Si Nuit d’ivresse relate l’histoire de Jacques Belin, un animateur d’un jeu télévisé bourré, errant dans un bistro de gare, qui rencontre Simone, une femme qui attend son train pour Dieppe, et qui passent ensemble une nuit plutôt mouvementée, jusqu’au réveil un peu brutal, la pièce est surtout le récit de la rencontre de deux êtres seuls, que tout sépare. Malgré les insultes, les moqueries, les vols, les engueulades, Jacques et Simone se trouveront, d’une manière dont seule la vie a le secret.
Le metteur en scène Stéfan Perreault n’a eu, semble-t-il, aucune envie d’adapter le texte et de le ramener vers une réalité plus nord-américaine. Au contraire : les lieux, les noms, même l’accent très français sont respectés. Alors que l’on pourrait facilement tomber dans la parodie, la caricature ou la mauvaise imitation, la troupe arrive ici à assumer pleinement la cinglante comédie de Josiane Balasko. La chimie entre les trois comédiens est palpable ; leur plaisir terriblement contagieux et leur jeu, digne de mention. L’hilarant Gabriel Dagenais joue le rôle du barman qui s’incruste un peu trop, l’excellent Martin Desgagné interprète Jacques Belin et la délicieuse et (un peu) naïve Simone est jouée par Anne-Maude Fleury. Les comédiens tirent parti du côté plus ridicule de leur personnage pour l'amplifier, le grossir, sans tomber dans l'exagération démesurée. La mise en scène utilise bien l’espace restreint de la Balustrade, ainsi que la superbe fenêtre qui offre une jolie vue sur Montréal.
Typique comédie française, cette version sans prétention d’Artemage Productions nous transporte, l’espace d’un moment d’ivresse, dans un univers totalement délirant, où le rythme des répliques et des échanges est d’une importance capitale, qui se doit être d’une précision de montre suisse. La mise en scène et l’interprétation sont tout aussi solides que le texte, et les rires fusent allègrement.