Martine voit flou. Lors d’une visite chez Farhat, elle se découvre une passion dévorante pour Gilbert, son optométriste albinos et nouveau voisin. Dès lors, elle s’acharne à ruiner sa vue, de sorte à voir Gilbert le plus régulièrement possible. Avec ses lunettes déformantes, Martine se met à voir des fantômes. Des fantômes qui l’encouragent dans son amour pour son voisin. Quand Gilbert lui annonce quil compte aller passer ses vacances à Old Orchard avec sa petite famille, Martine fera tout pour le rejoindre.
Martine à la plage c'est l'histoire d'une Lolita qui connaît échec par-dessus échec. Une Lolita en swim-aids dépourvue de séduction.
Après Simon a toujours aimé danser et Qu’est-ce qui reste de Marie-Stella ?, Abat-Jour Théâtre présente sa dernière création qui traite d’érotomanie chez une adolescente de 15 ans.
Pointez-vous avec un coussin pour vivre le Woodstock théâtral avec plus de confort!
Scénographie et costumes Julie Pelletier
Direction de production et régie Tania Perno-Viau
Direction technique et éclairage : Maxime Clermont-Michaud
Cartes Prem1ères
Date Premières : 14 au 18 septembre 2010
Régulier : 20$
Carte premières : 10$
Une création Abat-Jour Théâtre
par David Lefebvre
Après Qu’est-ce qui reste de Marie-Stella?, qui a connu un franc succès à La Petite Licorne, et Simon a toujours aimé danser, le talentueux jeune auteur et metteur en scène Simon Boulerice récidive en explorant toujours le monde de l'enfance et de l'adolescence par l'entremise, cette fois-ci, d'une jeune fille et de son obsession amoureuse.
Martine, à l’aube de ses 15 ans, s'entiche éperdument de son nouveau voisin Gilbert, marié et père de famille. Sans scrupule, elle use de tout ce qu’il est possible d'user pour l’approcher et le séduire. Elle se brise la vue pour le visiter à sa clinique d’optométrie, elle garde la petite Chloé, elle s'impose dans la piscine familiale, elle sème la pagaille entre sa femme et lui, elle s’immisce dans leur intimité.
Spectacle solo écrit et conçu pour la comédienne Sarah Berthiaume, Martine à la plage est une comédie de fin d'été, comme on l'évoque bien lors des crédits en tout début de pièce, projetés sur le mur intérieur de la piscine du Bain St-Michel. Le lieu est tout désigné pour cette production, même s'il n’est que sommairement utilisé. Séparée en chapitres aux titres évocateurs, un peu à la manière des livres Martine que l'on connaît, la pièce nous plonge dans l'histoire de cette adolescente à l'imagination fertile, voire déséquilibrée. Adepte du jeu Ouija, elle s'imagine voir les fantômes de Jayne Mansfield et de Karen Carpenter avec qui elle discute souvent. L'esprit gamin du personnage transparaît autant dans le jeu de l'actrice, à la démarche sautillante et au langage relâché, que dans la scénographie. L'utilisation d'un rétroprojecteur est intéressante : il permet au personnage de Martine d'expliquer certains éléments de ses histoires, de les modifier en dessinant ou en écrivant sur les acétates, ou de se servir des projections comme d'un décor. C'est lors de ces derniers et rares moments, plus créatifs, que l'utilisation de cet outil devient ingénieuse.
Sarah Berthiaume nage avec aisance, le sourire impeccablement espiègle, dans cet univers aussi ensoleillé qu'étrange. Elle interprète tout autant le rôle de Martine que celui d'une narratrice plus ou moins conventionnelle, au langage plus soigné, mais caricatural, qui apparaît vers la fin de la pièce. Cette dualité qui s'installe dénote bien la folie qui s'empare du personnage ainsi qu'un certain détachement de la réalité. Si les éclairages de Maxime Clermont-Michaud sont remarquables pour un lieu aussi difficile à bien mettre en lumière, et que la trame sonore est absolument délicieuse (comment ne pas être sous le charme quand on nous balance les succès des Bobby Vee, The Crystals, Petula Clark, Dusty Springfield et Connie Francis), la mise en scène de Simon Boulerice est juste, simple, lumineuse, mais on sent tout de même une retenue, qu’on aurait pu pousser davantage la machine théâtrale. Plusieurs moments, dont la finale, ainsi que le type d'humour employé, auraient certainement pu bénéficier d'un esprit encore plus décadent, plus tordu, pour accentuer les effets comiques ou de malaise. Les quelques transitions, durant lesquels on affiche le titre du chapitre en cours, nous permettent d’apprécier les différentes chansons mais s’allongent souvent pour peu de choses.
Grâce au jeu doucement éclaté de la charmante comédienne, à l'espace scénique des plus appropriées et au ton très sixties véhiculé par la trame sonore et les accessoires et costumes - dont les nombreux bonnets de bain, Martine à la plage propose de forts jolis moments tout en donnant l'impression que le spectacle pourrait aisément pousser plus loin les nombreuses possibilités dont il recèle.