Mais qu’en est-il d’Eurydice? Et si elle ne voulait pas revenir des Enfers? Qu’arriverait-t-il si elle avait une volonté propre? Si on lui donnait une voix afin qu’elle puisse tout dire, afin qu’elle puisse crier sa rage à la face du monde, pourrait-on soutenir son discours?
Réécriture du mythe d’Orphée, ORPHÉE REVOLVER est une véritable plongée dans le genre, soutenue par une matière textuelle composite. Grand art, culture pop, écrits théoriques, calculs mathématiques, mais aussi artistes, prostituées, meurtrières…. sont tous conviés à la remontée d’Eurydice vers la terre ferme
hybris.théâtre vise à créer un théâtre de recherche qui s’attarde au développement de la pratique artistique. Par le biais de ses productions, hybris.théâtre souhaite repousser les limites de la création contemporaine à travers une lecture actuelle des oeuvres choisies. Ce faisant, l’équipe privilégie une démarche intellectuelle, arrimant la réflexion théorique à la pratique.
Assistance à la mise en scène Mylène Bergeron
Conseil artistique : Lysanne Duguay-Patenaude
Dramaturgie : Julianne Racine,
Scénographie Andréane Bernard,
Billet: 15$
Une production hybris.théâtre
Maison de la Culture Maisonneuve
4200 Ontario Est
Réservation reservations. zone_homa@hotmail.com
par David Lefebvre
Qu'ont en commun le mythe grec Orphée et Eurydice et la roulette russe? Dans sa plus récente création, hybris.théâtre tente de faire le lien entre ses deux éléments, en donnant la parole à la nymphe morte, par la bouche de (canon de) toutes les femmes. L'équipe aborde les sujets de toutes les manières possibles, usant de multiples sources et inspirations, et c'est l'une des rares qualités du spectacle. Oubliez l'amour et la tendresse, ces deux notions humaines ne figurent pas au tableau des possibilités des créateurs d'Orphée Revolver. On attaque plutôt, on dénonce l'arrogance, le pouvoir et la possessivité masculine. On revendique l'indépendance d'un féminin qui n'a plus rien de sacré. On décortique la sexualité comme si elle ne procurait que souffrance, indignation, ou même indifférence. Même le rituel de la visite chez le gynécologue est analysé.
Le texte tangue entre une parole dénonciatrice et une parole féministe enragée, sombrant souvent dans l'abstraction hyper scientifique ou poétique, sans véritable profondeur, usant de l'hystérie comme d'un effet choquant. Ces moments de cris et d'intensité souvent inutiles ne font que prouver, pourtant, ce qu'on essaie de démontrer, soit une colère enfouie dans chaque femme bafouée. On passe de la chercheuse à la pute, de la libertine à la tueuse. Certains moments, pourtant, scintillent par leur esprit, leur lucidité et leur humour, mais le spectacle s'enlise tout aussitôt dans un blabla vertigineux.
La scénographie serait inexistante, si ce n'était des balles de fusil gigantesques, pendues à cour et à jardin, et des quatre chaises de métal que déplacent sans cesse les acteurs. La mise en scène de Philippe Dumaine sombre dans un exercice de style, usant de rythmes toujours changeants ou déconstruits, de cris et d'effets de paroles saccadées ou monotones. Les grésillements omniprésents dans la trame sonore viennent agacer les tympans et fait perdre aux spectateurs quelques mots.
Les comédiens Luc Chandonnet, Marie-Ève de Courcy, Véronique Gallant et Danièle Simon tirent à un moment ou à un autre leur épingle du jeu, mais n'arrivent pas à véritablement nous accrocher à ce flot de paroles amères et tout aussi arrogantes que ce qu'elles dénoncent.